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Fonds Faso Kuna Wili: 25 milliards FCFA pour financer les projets viables

Le Pr Hamidou Sawadogo est le Directeur général du Fonds Faso Kuna Wili (FKW) ou « Faso émergent ». Créé en octobre 2023, l’institution regroupe 3 Fonds nationaux, à savoir le Fonds d’appui à l’initiative des jeunes, le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi et le Fonds d’appui au secteur informel.

Quels sont ses objectifs pour 2024 et quelles sont les dispositions pour un meilleur recouvrement ? L’Economiste du Faso lui a tendu le micro. Pr Sawadogo revient aussi, dans cet entretien, sur les montants des crédits alloués, ainsi que les procédures de décaissement. Lisez plutôt.

L’Economiste du Faso : Le Fonds Faso Kuna Wili (FKW) a pour objectif de créer beaucoup plus de financements pour les acteurs de l’économie. De combien dispose le FKW pour ses activités ?

Pr Hamidou Sawadogo, Directeur général du Fonds Faso Kuna Wili : Il est prévu pour 2024 que nous puissions donner des crédits à hauteur de 25 milliards FCFA, dont 5 milliards à Ouagadougou, autant à Bobo et un milliard par région pour les autres régions. Nous ne disposons pas encore de la totalité de l’argent, mais nous avons 6 milliards FCFA dans nos caisses pour débuter nos activités. Nous poursuivons les recouvrements et nous avons des créances d’environ 22 milliards à recouvrer. Avec l’apport du Trésor, nous allons pouvoir rentrer dans notre budget.

Quels sont les secteurs couverts par les financements du Fonds ?

Nous finançons tous les secteurs. Le reste, c’est une question de nomenclature. Nous finançons tout ce qui est agro-industrie, industrialisation, transformation des produits agricoles, élevage, pêche, BTP, restauration, etc. Mais nous tenons compte de la rentabilité et de l’employabilité du projet dans les choix. Parmi deux projets, si un crée plus d’emplois que l’autre, nous prendrons ce dernier, parce qu’il faut contribuer à lutter contre le chômage.

Quel est le plafond des financements et les conditions d’obtention ?

Nos financements vont de 200.000 à 30 millions FCFA. Nous pouvons aussi donner un crédit inférieur à 200.000, mais il faudra l’accord d’un comité qui va nous l’autoriser.

Ce sont à peu près les mêmes critères que dans les autres institutions financières. Il faut être Burkinabè de naissance, de nationalité ou par les liens du mariage. Il faut aussi jouir de toutes ses facultés et de ses droits civiques, présenter un projet viable et donner une garantie suffisante pour le financement.

Le Fonds a été créé en octobre 2023, quel bilan faites-vous des activités déjà menées ?

Les textes disent que nous devons faire le bilan après un an d’exercice. Parmi nos attributions, nous devons faire le recouvrement à grande échelle de l’ensemble des créances que les trois Fonds avaient octroyé, et c’est ce que nous faisons actuellement. Pour la prochaine étape, le Conseil des ministres devra nous autoriser à utiliser le personnel des trois Fonds, à travers un redéploiement, pour placer les crédits du Fonds Faso Kuna Wili.

Quelles sont concrètement les missions du Fonds ?

La première mission du Fonds est de mobiliser les financements soit avec l’Etat burkinabè soit avec les partenaires étrangers. La deuxième mission est de financer des projets viables et qui créent de l’emploi.

Le Fonds doit aussi recouvrer les créances et assurer le financement d’autres projets. Les trois autres fonds n’avaient pas réussi cette mission de recouvrement pour financer d’autres projets. Notre tâche principale sera alors de recouvrer les créances et assurer la continuité de financement des projets. Beaucoup de dispositions sont prises pour bien accomplir cette mission. Nous finançons, par exemple, les projets agricoles à hauteur de 6%, alors qu’en banque, ça peut aller jusqu’à 18%. Pour les projets liés au commerce et à d’autres services, nous finançons à 8%. Nous offrons les crédits aux taux préférentiels du marché. Nous demandons des garanties pour certains crédits et nous faisons toujours en sorte que nos conditions demeurent plus souples que le cas des crédits bancaires.

Quelle procédure pour celui qui n’a pas de garantie ?

Nous avons des crédits pour lesquels il ne faut pas de garantie. Pour le crédit Warrante, par exemple, dont le montant modeste est de 200 à 500.000, nous n’exigeons pas de garantie. Mais pour les montants élevés, il faut forcément une garantie, sinon nous risquons de fermer dès la semaine qui suit. Nous exigeons que la garantie soit suffisante. Dans le passé, certains ont remis les cartes grises de leurs motos pour prendre des prêts, mais c’est fini. Comme vous le savez, les motos font partie des objets dont la valeur se déprécie avec le temps, même sans usage donc, nous ne les acceptons plus. Par contre, nous prenons aussi la caution solidaire. Ce sont les lois de la finance et nous devons les respecter.

Existe-t-il une période pour la réception des dossiers ?

C’est l’une des innovations du Fonds. Pour le cas du FASI, on voyait des gens passer la nuit dans les locaux du Fonds, afin de pouvoir déposer leurs dossiers, parce qu’il y avait un nombre limité. Pourtant, ce n’est pas parce que vous avez déposé votre dossier dans une institution financière que vous serez forcément financé. On examine le dossier et s’il est bon, il sera financé, sinon il est rejeté.

Nous avons donc mis fin à cela. Nous recevons les dossiers tous les jours et nous les examinons par la suite. Si le dossier est bon, il sera financé. Maintenant, si nous avons beaucoup de bons dossiers et nous n’avons pas assez d’argent, nous allons faire un rationnement du crédit. Nous allons retenir les meilleurs projets que nous allons financer.

En plus de la possibilité de déposer les dossiers tous les jours, quelles sont les autres innovations apportées par le Fonds Faso Kuna Wili ?

Nous finançons maintenant les études dans les grandes écoles comme CESAG, 2IE, l’EAMAU, l’Ecole polytechnique Houphouët Boigny, l’Ecole des Hautes études de Paris, l’Ecole des ingénieurs statisticiens et économistes d’Abidjan, etc.  Si un étudiant obtient une admission dans ces écoles, il peut avoir un prêt avec nous pour financier ses études. Nous savons que ceux qui fréquentent ces écoles sont solvables, parce que la formation débouche très souvent sur un emploi.

Le Fonds finance les études à hauteur de quel pourcentage ?

Ça va dépendre de la filière et de l’école. Nous pouvons demander, dans certains cas, un apport personnel du demandeur. Mais si la qualification est importante, nous pourrons financer toute la formation. Prenons l’exemple de quelqu’un qui a une inscription à l’école de Cambridge, même s’il n’a pas un franc, nous serons très heureux de l’accompagner pour l’ensemble de sa formation, parce qu’il pourra nous rembourser, même 6 mois après ses études. Cette mesure vise à permettre à ceux qui sont issus des milieux défavorisés de pouvoir faire des études dans les grandes écoles de renommée internationale, lorsqu’ils en ont l’occasion. Ils vont nous rembourser avec un intérêt de 5% du prêt que nous leur avons octroyé.

Existe-t-il d’autres innovations ?

Nous avons aussi décidé de digitaliser nos documents. Nous avons trop d’archives et nous sommes obligés de les digitaliser pour leur conservation. Ce qui fait que maintenant, nous allons exiger les versions numériques, en plus du papier, des dossiers que nous allons recevoir. Cela va aussi nous permettre d’éviter les pertes de dossiers que nos services reçoivent.

Ces informations seront-elles à la disposition du grand public ?

Cette base de données sera gardée sur un serveur dont moi-même DG du FKW ne saurai pas où il se trouve. Nous avons aussi décidé, contrairement à ce qui se faisait avant par les trois Fonds, de ne pas rendre publiques ces données. Nous estimons qu’il n’est pas indiqué de publier la liste de ceux qui ont contracté des crédits avec nous. Cela n’a pas de sens. Il faut garder le caractère confidentiel de ces derniers. Par contre, le public connaitra votre identité si vous n’arrivez pas à rembourser le crédit, parce que votre nom sera publié dans les journaux.

Quel est le volume de crédits que vous avez déjà alloué ?

Nous avons libéré les chèques que les trois Fonds de financement avaient déjà agréés et qui étaient en attente. Pour ces projets, nous avons libéré, la semaine dernière (Ndlr du 1er au 7 avril 2024) 70 chèques et 50 autres ont été signés cette semaine. Nous avons constaté que certains promoteurs n’étaient pas en règle parce qu’ils n’avaient pas fourni des papiers qu’on leur demandait. Ce qui explique peut-être la lenteur dans la remise de leurs chèques. Par contre, nous recevons et étudions actuellement les nouveaux projets du Fonds Faso Kuna Wili, mais nous attendons l’autorisation du Conseil des ministres pour le redéploiement du personnel, afin de pouvoir aller vite.

Quel sera le sort de ceux qui contractent les prêts sans garantie et qui n’arrivent pas à rembourser ?

Nous avons élaboré la lettre du paiement de crédit que nous faisons signer à tous les promoteurs. Dans la lettre, il est dit que la personne doit rembourser, et si elle n’y arrive pas, elle donne la possibilité à l’Etat et à l’appareil judiciaire de saisir non seulement ses biens, mais aussi ceux de ses ayants droit pour rentrer en possession du crédit. Croyez-moi, ils vont payer. Pour la plupart des crédits, le délai est de 5 ans. Mais pour les études, ils disposent de 7 ans avant de commencer à nous rembourser.

Propos recueillis par Issa SAWADOGO (Collaborateur)

 

Encadré

Le Fonds Faso Kuna Wili en bref

Le Fonds Faso Kuna Wili (FKW) relève du ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi. Il regroupe les trois Fonds (Fonds d’appui à l’initiative des jeunes, Fonds d’appui à la promotion de l’emploi et le Fonds d’appui au secteur informel). Ces Fonds qui étaient aussi logés au ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi rencontraient des difficultés à remplir avec efficacité les missions qui leur étaient attribuées. L’idée est donc venue au gouvernement de dissoudre ces trois Fonds et de les faire remplacer par un Fonds unique, plus grand et avec des attributions qui permettent une meilleure couverture du territoire national, avec plus de produits variés.

Le nom a été donné pour valoriser nos langues locales. Le nom est en dioula et signifie en mooré «Faso zug zinkré» et en français «Faso émergent». Le choix du nom indique que l’objectif du Fonds est de travailler pour une émergence au Burkina Faso.

Encadré 1

Sur la politique de recouvrement

Quelle est la politique de recouvrement mise en place, afin de permettre au Fonds de pouvoir continuer à octroyer d’autres prêts ? La question a été posée au Pr Hamidou Sawadogo. Voici sa réponse :

« Il faut savoir qu’il n’y a pas de bon crédit dans le recouvrement s’il ne l’était pas au placement.  Il faut donc s’assurer de tous les garde-fous et c’est ce que nous avons fait. Nous avons produit plus de 50 documents qui régissent la vie du Fonds. Certains sont des instruments juridiques qui vont nous permettre de faire le recouvrement. Cependant, je reste convaincu qu’il faut miser sur l’homme, c’est-à-dire, la personne qui va faire le travail. Il faut faire en sorte qu’il puisse bien travailler.

Il faut aussi suivre les promoteurs des projets. On appelle cela le monitoring en banque. Cela va nous permettre de connaitre leurs difficultés, de leur prodiguer des conseils à bonne date pour que le projet n’échoue pas et de constater s’ils honorent ou pas leurs engagements et pouvoir rectifier le tir.

En plus de cela, il faut aussi des mesures coercitives, c’est-à-dire, à la mise en œuvre de la garantie. C’est un mécanisme qui est donné à toutes les institutions financières de pouvoir faire le recouvrement. Si le contractant n’arrive pas à remplir ses obligations et qu’il est au-delà des échéances, la loi autorise à saisir le bien qu’il a donné comme garantie ou à le liquider pour rembourser le crédit ».

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RAF

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