Economie

Coface : Les risques qui pèsent sur le Burkina Faso

• Un contexte sécuritaire fragile

• Une situation sociale tendue

• Taux de croissance à 6%, notation D

La note de Coface alerte sur le risque social et la situation sécuritaire : «La sécurité restera le principal défi auquel devront faire face le Président Kaboré et son gouvernement en 2020.
Sur le Burkina Faso, Coface, qui évalue le risque de crédit moyen des entreprises d’un pays, se montre méfiant. A l’occasion de son colloque annuel consacré aux risques pays et sectoriels, le spécialiste mondial de l’assurance-crédit a livré, le 4 février 2020 à Paris, ses prévisions économiques actualisées et ses notations risque pays. Le Burkina Faso voit sa notation dégradée. Classé dans la zone C (la probabilité moyenne de défaut des entreprises est élevée) en 2019, elle a été reléguée à D, dernière zone de classification de Coface. Pour 2020, l’assureur estime donc que la probabilité moyenne de défaut des entreprises est élevée. «Les perspectives économiques et financières sont très incertaines. Le contexte politique est très instable. L’environnement institutionnel et celui des affaires sont très difficiles», poursuit l’assureur-crédit. Ce qui veut dire, entre autres, que les primes d’assurance export vers le Faso vont flamber, etc.
S’agissant de l’évaluation de l’environnement des affaires, Coface a maintenu sa note à C pour 2020, à savoir que l’environnement des affaires est difficile. Et de l’expliquer que «les bilans des entreprises sont couramment indisponibles et peu fiables. Le recouvrement des créances est aléatoire. Les institutions présentent de nombreuses insuffisances. L’accès au marché domestique est difficile».

Quelles appréciations fait Coface du risque du Burkina ?
Commençons par les plus. Notre pays est producteur majeur d’or (4e d’Afrique en 2017) et de coton (2e d’Afrique en 2018), membre de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (ce qui assure la stabilité du franc CFA, fixe par rapport à l’euro) et a le soutien de la communauté financière internationale (un des premiers pays à avoir bénéficié de l’initiative PPTE).
En somme, pour Coface, le Burkina Faso possède une économie peu diversifiée, à la croissance dopée par l’investissement. Cette croissance qui devrait rester dynamique en 2020. Le secteur aurifère est un moteur économique du pays (12 % du PIB et plus de 65 % des exportations en 2018), grâce à des investissements massifs réalisés par des entreprises étrangères (Semafo et Endeavour, notamment). Il devrait continuer son expansion, consécutivement à l’entrée en production commerciale de deux nouvelles mines en 2020, et à l’augmentation prévue du cours de l’or, mais pourrait pâtir du contexte sécuritaire fragile.
Quant à la production de coton, elle devrait augmenter, bénéficiant des investissements publics, au titre du PNDES et des recommandations du SICOT. Néanmoins, l’insécurité alimentaire et les tensions sécuritaires pourront peser sur la production agricole. Le PNDES a aussi pour objectif le développement du secteur manufacturier, en particulier, agroalimentaire et textile, dans le but de faire évoluer l’économie du pays, principalement axée sur la production, vers la transformation des matières premières agricoles, avec un objectif de 25 % de transformation en 2020.
Dans cette optique, l’usine de transformation artisanale du coton à Bobo-Dioulasso devrait voir le jour en 2020, grâce à la mobilisation d’un partenariat public-privé (PPP). De plus, l’amélioration des relations avec la Chine, depuis que le Burkina Faso a rompu ses liens diplomatiques avec Taïwan en 2018, devrait favoriser les investissements dans les infrastructures, des secteurs tels que l’énergie et les transports s’en trouvant dynamisés.
L’entreprise China Harbour Engineering devrait, par exemple, amorcer la construction d’une autoroute de 300 km reliant la capitale à la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, en janvier 2020.

L’assainissement des comptes publics à l’épreuve des risques
Malgré ces bons points, des risques réels à l’environnement des affaires et à l’économie existent. Il s’agit, selon Coface : économie fortement exposée aux aléas climatiques ; importance du secteur informel, vulnérabilité à l’évolution des cours du coton et de l’or ; forte dépendance à l’aide extérieure ; faiblesse des infrastructures électriques ; pression démographique, taux de pauvreté très élevé, indice de développement humain très faible et insécurité alimentaire critique ; importance du secteur informel et environnement des affaires défaillant (classé 151e au Doing Business 2020), présence de groupes islamistes armés (étrangers et domestiques), en particulier, au Nord et à l’Est du pays.
Pour résorber ces risques conjoncturels, Coface recommande que la politique budgétaire devrait se concentrer sur l’augmentation des recettes, grâce à la modernisation des administrations fiscale et douanière, et la diminution des dépenses fiscales (suppression des exemptions de TVA).
Cependant, les dépenses publiques sont élevées (27 % du PIB en 2019), car la lutte contre le terrorisme, la crise sociale et le PNDES engendrent des dépenses courantes et d’investissement importantes, mettant en danger le respect des engagements budgétaires. Le faible excédent commercial devrait augmenter (0,7 % en 2018), la hausse des productions aurifère et cotonnière, ainsi que la hausse du cours de l’or stimulant les recettes d’exportation.
Les importations (principalement des biens d’équipement et du pétrole) resteraient stables. Le déficit des services (6,0 % du PIB) devrait se maintenir à un niveau sensiblement similaire. Les transferts des expatriés (3,5 % du PIB) seront compensés par le rapatriement des bénéfices des entreprises étrangères. On devrait donc assister à une diminution du déficit courant, financé par des prêts d’organisations internationales et des émissions sur le marché régional. L’amélioration du compte courant et l’augmentation des dons devraient permettre une légère réduction de la dette publique externe (22 % du PIB).

NK


Un contexte sécuritaire fragile et une situation sociale tendue

La note de Coface alerte sur le risque social et la situation sécuritaire : «La sécurité restera le principal défi auquel devront faire face le Président Kaboré et son gouvernement en 2020», affirme l’évaluation risque du pays. L’année 2019 a vu la situation sécuritaire se dégrader rapidement, avec une recrudescence des attentats terroristes islamistes, provoquant des déplacements de populations massifs (500 000 personnes déplacées, selon l’ONU). Les observateurs internationaux craignent, désormais, une défaillance de l’État, le gouvernement ayant perdu le contrôle de près d’un tiers du territoire aux mains de groupes armés. Les difficultés de financement de la force G5 Sahel (sur les 414 millions USD promis, seul le quart a effectivement été versé) ne lui ont pas permis de remplir sa mission de sécurisation des frontières et de lutte contre le terrorisme. La CEDEAO s’est engagée, mi-septembre, à verser un milliard USD à cette force pour lui redonner de la vigueur. Également, le G7 à Biarritz a vu la création du « partenariat pour la sécurité et la stabilité pour le Sahel » (le P3S), dont les termes doivent, cependant, encore être définis. De plus, depuis son élection en 2015, le pouvoir central est l’objet d’une contestation interne forte, une partie de la population le percevant comme incapable de faire face aux multiples problèmes du pays. L’urgence sécuritaire pose également des questions quant au respect du calendrier électoral. Le référendum constitutionnel, prévoyant notamment, la limitation à dix ans de l’exercice de la fonction présidentielle, qui devait initialement se tenir en mars 2019, a été repoussé. L’élection présidentielle est censée se tenir fin 2020.

Source : Coface : Guide risque pays 2020

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