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Terrorisme au Burkina: Les femmes prennent les « armes »

Le Burkina Faso connaît actuellement l’une des crises les plus préoccupantes au monde, à laquelle vient s’ajouter la pandémie du COVID-19. En avril 2020, le pays comptait plus de 848 000 personnes déplacées internes, dont 84 % de femmes et d’enfants. Par ailleurs, 2,2 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Les femmes se retrouvent au coeur de cette crise et des tensions qui traversent la société burkinabé. Cette étude s’attache à décrire l’impact du conflit sur les femmes et s’intéresse au rôle de ces dernières dans le développement de la cohésion sociale et la construction de la paix.

En début juin 2020, l’ONG Oxfam Burkina Faso a rendu public un rapport intitulé « Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso ». Le rapport mentionne avec force détails que les femmes sont fortement affectées dans cette crise qui « s’enlise » chaque jour. Mais dans cette lutte contre les affres du terrorisme, le rapport souligne que l’autre moitié du ciel se montre résiliente. Loin d’assister aux massacres de leurs maris et enfants que sèment les forces du mal, elles ont, dans un courage exceptionnel, décidé de prendre leur destin en main. Le rapport renseigne que certaines se sont enrôlées volontairement au sein des groupes armés non étatiques (les groupes d’auto-défense, encore nommés  koglweogo) et d’autres forces. Il ressort du document que l’enrôlement des jeunes filles au sein de ces groupes armés est croissant. Il peut prendre différentes formes, mais les jeunes filles et les femmes sont surtout décrites comme ‘passives’ (ne dénonçant pas les actes et comportement dont elles sont supposément témoins) ou faisant fonction « d’informatrices » au sein des groupes armés. Les femmes reconnaissent qu’en s’engageant de force au sein de ces groupes armés, elles encourent un risque élevé à Djibo, mais plutôt faible ailleurs. Cette question de l’enrôlement des jeunes filles au sein de groupes armés non étatiques préoccupe certaines structures. Parmi celles-ci, il y a la Commission nationale de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. D’après Oxfam-Burkina, la création récente de groupes Koglweogo exclusivement féminins a été mentionnée par plusieurs interlocuteurs du monde associatif, notamment, dans la région du Plateau central. Toutefois, l’action de ces groupes, si elle se confirme, est entourée d’une grande discrétion.

L’exploitation sexuelle et le recours à la prostitution

Délaissées et dans un souci de survie, les femmes réfugiées sur les sites d’accueil s’adonnent malheureusement à la prostitution. Le rapport indique qu’elle soit volontaire ou forcée, la prostitution est unanimement considérée comme un risque majeur par les femmes consultées.  Elle prend une augmentation significative dans les zones de déplacement (au sein et autour des sites), les zones d’exploitation aurifères et du fait des migrations internes vers d’autres villes du pays. À Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, le conflit a ainsi eu comme conséquence le remplacement des prostituées, traditionnellement venues des pays voisins, par des femmes « autochtones». L’enquête révèle que la pratique du « sexe de survie » s’étend jusqu’à Ouagadougou où une ONG travaillant auprès des jeunes vivant dans la rue a vu le nombre de personnes suivies par l’organisation augmenter d’un tiers depuis 2019, du fait de l’arrivée soudaine de dizaines de jeunes filles isolées se livrant à la prostitution. Malheureusement, à travers cette pratique, elles s’exposent à des conséquences désastreuses pour leur vie. Les intervenants de terrain soulignent une vulnérabilité accrue de ces jeunes filles aux maladies sexuellement transmissibles, grossesses non désirées et précoces du fait de leur méconnaissance de mécanismes de protection existants (incluant aussi bien les pratiques de relations sexuelles protégées que la connaissance des acteurs et services de support existants) et un risque d’exposition accru au trafic d’êtres humains.

Ambèternifa Crépin SOMDA

Encadré 1

Sur 848 000 déplacées internes, 84 % de femmes et d’enfants

Le Burkina Faso connaît actuellement l’une des crises les plus préoccupantes au monde, à laquelle vient s’ajouter la pandémie de COVID-19. En avril 2020, le pays comptait plus de 848 000 personnes déplacées internes, dont 84 % de femmes et d’enfants. Par ailleurs, 2,2 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Les femmes se retrouvent au cœur de cette crise et des tensions qui traversent la société burkinabè. Cette étude s’attache à décrire l’impact du conflit sur les femmes et s’intéresse au rôle de ces dernières dans le développement de la cohésion sociale et la construction de la paix. Entre 2018 et 2020, l’intensification des attaques menée contre la population civile provoque la fermeture de 2 500 écoles, de 135 centres de santé et de 13 % des Mairies. Une crise humanitaire majeure s’installe principalement dans les régions du Nord, Centre-Nord et du Sahel.

 

Encadré 2

Un sentiment d’insécurité permanent

«On entend souvent crier dans les tentes, la nuit », indique une femme déplacée, faisant écho aux propos tenus par les autres qui témoignent des violences dont elles sont témoins durant la nuit. Les acteurs interrogés font aussi état de nombreux cas de viols documentés sur certains sites. A Barsalogho, une équipe mobile a ainsi comptabilisé 12 cas de viols sur un seul site en deux mois. Le harcèlement et les agressions ont aussi lieu sur le chemin du village, du point d’eau et du marché et peuvent également intervenir dans le cadre de relations avec les autorités. Si les relations avec les autorités sont souvent qualifiées de compliquées, autant par les résidentes que par les femmes déplacées, les femmes ont signalé de façon récurrente à Dori, les « attitudes menaçantes » et le harcèlement de certains responsables de services ou d’enregistrement. o

Source: Rapport Oxfam-Burkina Faso 2020

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