DossierNos suppléments

Equipements solaires: beaucoup de faux sur le marché local

 

Face au déficit énergétique que connaît le Burkina Faso, le gouvernement a décidé de libéraliser le secteur énergétique en prônant l’utilisation des énergies renouvelables (énergie solaire). Pour concrétiser cette volonté, il a été autorisé l’importation du matériel requis pour le mettre à la disposition des consommateurs. Depuis lors, le marché se fait florès dans la ville de Ouagadougou. Sur ce marché, on trouve des grossistes, des revendeurs et des maisons spécialisées dans la vente des équipements d’énergie solaire.
La plupart des vendeurs que nous avons rencontrés dans la semaine du 21 au 28 avril 2018 notent que le marché n’est plus bien prisé comme les années précédentes. La raison se situe à deux niveaux: le manque de moyens financiers des Burkinabè et la prolifération des équipements solaires sur le marché de consommation. C’est sur la route de l’école de la Douane, à Dapoya, qu’est situé l’établissement «Kaboré Energies Mahamadi et frères», spécialisé dans la vente de matériels solaires et accessoires. En l’absence du maître des lieux qui se trouve dans une autre boutique du même genre, un agent commercial nous sert de guide. Selon celui-ci, l’établissement offre divers produits solaires: des plaques solaires de 250 W et de 100 W, ainsi que des batteries, des convertisseurs, des régulateurs et des câbles.
Dans cette boutique depuis 2017, notre guide affirme qu’en son temps la demande en produits solaires était forte, mais que nos jours, elle a fortement baissé. Mais que peut bien expliquer cette situation, surtout que le dernier trimestre de l’année 2018 a connu une pique de chaleur et que les délestages sont devenus récurrents?
Il attribue cette situation à la situation économique du pays qui, selon lui, n’est pas reluisante et par conséquent impacte sur les «poches» des probables utilisateurs. A cette raison s’ajoute le fait que tous les commerçants se soient lancés dans la vente des équipements solaires. Malgré cet état de fait, il souligne que «dans le mois, au moins 10 plaques solaires sont vendues». Pour des raisons professionnelles, il a refusé de se prononcer sur les différents prix qui sont pratiqués par l’établissement. Ses clients se recrutent au sein des fonctionnaires, des classes modestes et des revendeurs.
Un détour au marché de Sankar-Yaaré, au quartier Dapoya, nous plonge dans l’univers du marché des produits solaires à ciel ouvert. Dans l’établissement « Super Solar », le client à l’embarras du choix. Devant lui, il y a des plaques solaires de différentes gabarits. 350W, 250W, 200W, 100W, 15W, 10W… Pour les batteries, l’acheteur a le choix entre 250Amh, 200Amh, 150Amh, 120Amh.
Les prix pour les plaques solaires varient entre 20.000 FCFA et 200.000 FCFA. Dans cette boutique, Issa Compaoré, agent commercial, confie qu’à «Super Solar», les équipements sont vendus en gros et en détail et que les clients sont de toutes classes sociales. Lui aussi affirme qu’en 2015 et 2016 le matériel solaire se vendait bien, mais que de nos jours le marché est devenu morose. Même sentiment chez Yacouba Sana de la boutique «EWARF» située à 500 mètres de «Super Solar». Eux aussi vendent en gros et en détail des plaques solaires de 200W et 250W, et les prix varient entre 90.000 FCFA et 130.000 FCFA. «Il n’y a pas de marché, nous pouvons passer une semaine sans vendre. Même les autres produits ne s’achètent pas. L’argent manque dans le pays.
Tout le monde est devenu commerçant, même les fonctionnaires», se désole-t-il. A propos de la morosité du marché que connaissent les équipements solaires, Luc Gounabou, installateur des plaques solaires dans le quartier Koulouba, la confirme.
En plus du manque de moyens financiers, il y voit aussi la mauvaise qualité des équipements disponibles sur le marché burkinabè. «Au début, le client pense avoir fait une bonne affaire en se dotant de matériel solaire, mais quelques temps après, il est confronté à toutes sortes de pannes.
Quand ce n’est pas la batterie, ce sont les accessoires ou pire la plaque solaire qui seront constamment en panne». Conséquence, dit-il, le consommateur sera chaque fois amené à réinvestir de l’argent pour changer les pièces.
Pour quitter ce cercle vicieux, il préconise, en tant que technicien, aux Burkinabè de se procurer du matériel de qualité auprès des distributeurs agréés. Luc Gounabou a révélé qu’un client qui souhaite se déconnecter complètement du réseau de la SONABEL devra débourser pour l’achat et l’installation une somme comprise entre 3.000.000 et 4.000.000 FCFA. Petit bémol à cette volonté, il consent que le montant n’est pas à la portée de tout le monde.

RD


 

L’énergie du futur

A côté des importateurs et des vendeurs non autorisés par les structures étatiques à mettre à la disposition des clients des équipements solaires, il y a ceux qui ont reçu un aval du gouvernement pour le faire. Parmi ces structures autorisées, il y a Burkina Trading International (BTI), spécialisée dans la commercialisation, la pose et le service après-vente du système solaire. Elle vend en gros et en détail. BTI est une filiale d’Africa Sun France qui est spécialisée dans la conception et la production des systèmes solaires. Africa Sun est représenté au Burkina Faso ainsi que dans la plupart des pays de la sous-région. L’Economiste du Faso est allé à la rencontre d’Armand Compaoré, responsable commercial et marketing de la société BTI sise au quartier 1200 logements pour mieux cerner le marché des équipements solaires de qualité au Burkina Faso. Lisez plutôt !

L’économiste du Faso : Parlez nous des activités que mènent BTI ?
Armand Compaoré: Nous menons des activités solaires, à savoir les installations solaires avec le système solaire, ainsi que le pompage solaire, l’éclairage extérieur avec les lampadaires solaires, etc. Nos activités sont diversifiées. Mieux, nous disposons au sein de BTI d’une équipe technique disponible pour vous conseiller et vous aider dans les installations.

Est-ce que parmi vos clients il y a les ménages ?
BTI est ouverte à toutes les couches sociales. Nous offrons nos services aux ménages, aux PME/PMI, aux grandes institutions de la place; disons tous ceux qui ont besoin de l’énergie solaire de qualité. Et cela, à travers nos kits autonomes et nos installations (petites et grandes). Les particuliers, comme les commerçants et les fonctionnaires, sont aussi nos clients potentiels. Nous travaillons avec l’Etat à travers l’installation de mini-centrales solaires dans les CMA de Zorgho, Pô et Manga. Nous travaillons aussi avec la direction générale des impôts et l’armée. L’Etat nous fait confiance sur la base de la qualité de notre travail et de nos équipements.

Comment se comporte les équipements solaires de qualité sur le marché ?
Nonobstant la situation économique, financière et sécuritaire que, traverse le Burkina Faso en ce moment, je puis vous affirmer que, dans l’ensemble, ça va; quoique cette année les affaires marchent moins que, les années antérieures. Les causes se résument à l’importation et à la vente d’équipements solaires dits « France au revoir » par des commerçants. C’est ainsi qu’on voit de nos jours que tout individu, sans autorisation expresse de l’autorité habilitée, s’érige en importateur et en vendeur d’équipements solaires. Toute chose qui impacte le marché de ceux qui ont requis des autorisations préalables pour exercer ce métier. Autre cause de cette situation est que le Burkinabè préfère acheter le moins cher sur le marché au détriment de la qualité.

En moyenne, BTI peut vendre combien de plaques solaires dans l’année ?
En moyenne, par rapport à l’année passée (2017), nous pouvons dire que BTI a enregistré une baisse de 15% en termes de chiffre d’affaires.

Pour un ménage modeste qui souhaite installer une plaque solaire pour ses besoins, il devra débourser combien ?
Nous regardons le dimensionnement, en fonction des équipements que le client souhaite alimenter et le temps d’utilisation. Pour un ménage qui a juste 2 ventilateurs, une télévision, des prises pour charger son téléphone portable avec des lampes pour l’éclairage, il va investir entre 500.000 et 600.000 FCFA.

Que pensez-vous de la politique de l’énergie solaire que prône l’Etat burkinabè ?
C’est l’énergie du futur. Et nous, les Burkinabè, avons beaucoup d’avantages à expérimenter cette solution, car le soleil est abondant et disponible. L’énergie solaire est aussi une solution au déficit d’énergie électrique auquel fait fasse la SONABEL. L’énergie solaire est efficace, propre et inépuisable. Il suffit seulement de faire un bon investissement, et on devient autonome.

Interview réalisée par RD


Les différents prix pratiqués par BTI

Une plaque solaire de 260 W à 135 000 FCFA
Une batterie 200 amh à 219 000 FCFA
Une batterie 150 amh à 159 000 FCFA.

Commentaires
RAF
RAF

Articles similaires

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page