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8-Mars 2024: le Koko Donda relèvera-t-il le défi ?

• La matière première en hausse

• Des soucis sur le respect des couleurs choisies

• Attention aux risques de pollution de l’environnement 

Le pagne 8-Mars en tissu Koko Donda 2024. (DR)

Pour la commémoration de la Journée internationale des droits de la femme au Burkina Faso, le 8-Mars 2024, dédiée à l’autre moitié du ciel, le ministère a retenu le pagne « Faso Danfani » et celui du « Koko Donda » comme pagnes officiels de la célébration. Une décision qui met en valeur le travail effectué par nos producteurs locaux, mais pas que. L’autre objectif est de resserrer les rangs sur la production, mais aussi la consommation locale. Un véritable soulagement pour ces milliers de petits producteurs qui ne demandent qu’à écouler leurs stocks. Le communiqué sur l’utilisation du pagne local est intervenu depuis mi-janvier 2024. Comment les acteurs s’organisent pour faire face à la demande ? Une équipe de L’Economiste du Faso s’est intéressée aux producteurs et productrices du Koko Donda, dans la ville de Bobo-Dioulasso. Les choses avancent lentement.

Mettre à disposition, sur le marché, un produit fini qui répond aux normes en quantité et à prix étudié. C’est le challenge que doit relever les teinturiers de la ville de Bobo-Dioulasso. Pour ce faire, une bonne collaboration s’impose. Et à écouter certains acteurs que nous avons abordés dans le quartier Tounouma, il ne faut pas tout focaliser sur le profit. Selon eux, la décision d’intégrer le Koko Donda dans le projet du 8-Mars pourrait être regrettable si toutefois les acteurs se focalisent sur la recherche du profit. Depuis l’existence du Koko Donda, les années antérieures, à chaque commémoration de la journée de la femme, les teinturiers faisaient de leur mieux pour proposer leur pagne également, en utilisant un type de tampon pour mettre les logos. Par faute d’originalité en son temps, le logo s’effaçait au bout de deux, trois lavages.

Pour ce qui est de cette année, les vendeurs de tissu, en passant par l’équipe de teinturiers, sans oublier les commerçants du pagne 8-Mars Koko Donda, chacun y met du sien pour une création originale de ce pagne. Mais, comme dans tout domaine d’activité, parfois la synergie fait défaut, donc difficile d’avoir le modèle unique imposé par le gouvernement. « Certains teinturiers, effrénés par le gain rapide et facile, semblent être décidés à mettre de la pacotille sur le marché, et même à aller à l’encontre de ce que la ministre a dit, en produisant les motifs interdits sachant bien que cela pourrait créer un discrédit au sein même des producteurs. Nous invitons tous les acteurs à bien vouloir se conformer aux exigences du gouvernement pour que nous puissions valoriser notre art. C’est une première pour les teinturiers du Koko Donda, sachons profiter de l’opportunité qui nous est offerte, sinon cela risque d’être la première et la dernière occasion pour nous », nous a confié Mahamoudou Traoré, teinturier du pagne Koko Donda.

Le prix de la matière première en hausse

Dans le processus de production, il y a l’étalage du tissu neutre en « salade », après l’avoir imbibé d’eau. (DR)

Il faut aussi noter que c’est la hausse du prix de la matière première depuis l’annonce de la décision du gouvernement. Tout type de tissu, quelle que soit sa couleur, est utilisé pour la confection de n’importe quel pagne Koko Donda. Mais celui du 8-Mars est uniquement le tissu neutre. C’est-à-dire, le tissu de couleur blanche. Que ça soit un tissu en coton, coton glacé, toute qualité en fonction des préférences du client. Nous remarquons du côté des vendeurs, une augmentation soudaine du tissu neutre, 250 à 500 FCFA de différence sur les prix du mètre, par rapport aux anciens prix.

« Tout est cher. Tout a augmenté. Ce n’est pas que le tissu. C’est ce que les clients ne comprennent pas. Le tissu est fabriqué en Chine, pas au Burkina. Nous aussi on part acheter avec des gens à Lomé. Le circuit est très long et risqué. Il faut que nous aussi on profite pour gagner un peu », affirme un commerçant de tissu, au grand marché de Bobo. Cette flambée des prix rend difficile la production à grande échelle.

Tous les teinturiers ne sont pas en mesure de se procurer le tissu pour leur production. Ils préfèrent se focaliser sur le Koko Donda, en général, et ne teintent le pagne 8-Mars que lorsque le client apporte ses propres tissus. C’est le cas de Mamou, teinturière et commerçante de Koko Donda dans le quartier Saint Etienne de Bobo : « Les vendeurs de tissus sont devenus les concurrents des vendeurs du pagne. Vu qu’ils ont facilement accès au tissu, ils viennent juste nous voir, nous les teinturiers, pour que nous fassions la transformation pour eux. Là, ils ne paient que le prix de la teinture, vu que le tissu leur appartient déjà. Ainsi, ils vont revendre le pagne à moindre coût. Par exemple, 4.500 FCFA les deux pagnes, prix détaillant. Quant à nous les producteurs, nous payons le tissu à un coût élevé chez les mêmes commerçants, et après production, nous sommes obligés de vendre le produit fini plus cher. Du coup, on se retrouve avec une différence de 250FCFA et parfois 500 FCFA. Les clients se plaignent, alors qu’il est difficile de toujours leur expliquer cela. Pour cela, personnellement, je préfère teindre pour ceux qui apportent leur tissu que de produire et vendre à perte. »

Les acteurs invitent le gouvernement à tenir compte de cet aspect pour les prochaines éditions, même s’il faut, par exemple, fixer un prix de vente standard pour mettre tout le monde sur le même pied d’égalité, ou encore modérer le prix de la matière première qu’est le tissu neutre, pour faciliter une production à grande échelle.

Difficile de respecter les couleurs imposées

Le blanc, le bleu et le marron sont les couleurs à respecter pour le pagne 8-Mars 2024 « Koko Donda ». Là également, les teinturiers ont du mal à produire les mêmes couleurs. D’un côté, nous voyons tantôt un marron qui tend plus vers le noir, le rouge, et de l’autre côté, des couleurs qui n’ont rien à voir avec celles imposées. Nous avons donc approché un groupe de teinturiers pour mieux comprendre. « Madame le ministre a imposé les couleurs bleue, blanche et marron. Sur l’échantillon, on constate que le marron est un peu différent de celui que nous utilisons couramment, puisque c’est un mélange de la couleur marron et du rouge bordeaux. Le problème ici est que tous les teinturiers ne maîtrisent pas le mélange de couleurs. Du coup, sur le marché, on se retrouve avec des couleurs un peu différentes de celles qui nous ont été communiquées. Aussi, chacun veut profiter faire ses créations pour ajouter », a répondu leur porte-parole.

Processus de production du pagne 8-Mars

Le travail de teinturier est généralement exercé par les « Bobos », dans la ville de Sya. Située dans le quartier Tounouma, cette équipe est composée de jeunes, hommes, femmes et même d’enfants. Chacun a son rôle à jouer dans le processus de transformation du tissu. Avant de commencer le travail proprement dit, il faut d’abord s’assurer que rien ne manque. On se rend compte à temps qu’il y a coupure d’eau. Un groupe de jeune se charge d’aller en puiser. Pendant ce temps, certains enfants vont chercher du bois, des femmes étalent les bâches et les hommes se chargent de faire le feu. Après une trentaine de minute, l’eau est enfin là. On peut commencer. La production du pagne se fait en plusieurs étapes. D’abord, plonger le tissu dans de l’eau claire pour qu’il l’imbibe au maximum. Ensuite, le presser de sorte à juste diminuer l’eau du tissu. Cette étape est exercée par les femmes. Le tissu est étalé en « salade » par les jeunes, ainsi que les enfants. Puis, les hommes font bouillir de l’eau pour la préparation de l’amidon « Gommi » dans la langue dioula.

Une fois ce dernier prêt, c’est aux femmes de le diluer au maximum puis arroser le tissu avec, tout en gardant la même disposition. Les hommes sont considérés comme les chimistes du groupe. Ils se chargent cette fois de faire les couleurs (bleu et marron) à l’aide de colorants appelés « gara » en dioula, et versent la teinte sur le tissu par couleur tout en suivant un design. Le laisser un temps, avant l’intervention des femmes pour la dernière étape qui est le lavage du tissu teinté, pour lui donner un éclat et l’exposer au soleil. Une fois le pagne séché, il est emmené chez le tampographe pour faire placer le logo.

« Il y a des clients qui aiment avec le logo, d’autres par contre pas. Donc, nous produisons le pagne et faisons mettre le logo si le client le souhaite. Cette étape prend moins de temps. Juste quelques heures, si le tampographe est un peu disponible. »

C’est avec joie que des teinturiers et vendeurs du pagne 8-Mars « Koko Donda » saluent cette initiative du gouvernement, pour la promotion des produits locaux. Une décision qui, selon eux, devait voir le jour des années avant. Selon Zakaria Sanou, teinturier et commerçant du pagne 8-Mars, malgré les difficultés qu’ils rencontrent, ils ne peuvent que remercier Dieu et le gouvernement pour un tel engagement. « Les commandes surgissent de partout. Nous produisons au minimum une trentaine de pagnes 8-Mars uniquement par jour. Nous ne savons pas comment remercier ce gouvernement de transition pour cela. Mais une chose est sûre, tant qu’ils continueront de penser à nous, le peuple, nous continuerons de prier pour eux. Nous aimerions en même temps faire une proposition pour les prochaines fois. Il serait préférable que les années à venir, après avoir donné les informations sur les couleurs, que les responsables organisent une rencontre avec les acteurs mêmes du pagne 8-Mars Koko Donda, et leur expliquent surtout le mélange de couleurs en détail. Aussi, les mettre en garde pour éviter toute ‘’divagation’’ ou création de couleurs autres que celles imposées. Également, décider d’une sanction pour ceux qui produiront et/ou commercialiseront les motifs interdits. Concernant les tissus neutres, fixer un prix unique de vente, afin que nous en sortions tous gagnants ».o

Rahinata KOUDA (Collaboratrice)

 

Encadré

Attention aux risques de pollution de l’environnement !

Le caniveau à « déchets »

La fabrication du pagne Koko Donda, au fil des années, risque d’être source de pollution de l’environnement. Dans pratiquement toutes les zones de fabrication de ce pagne, nous assistons de gré ou de force à la souillure des caniveaux à proximité.

Les clients sont, la plupart du temps, accueillis d’abord par cette odeur nauséabonde dégagée par les fosses, avant d’être abordés par un teinturier. Plastique, colorant, eaux sales, etc. tous les déchets liés à cette fabrication y sont déversés par « réflexe ».

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RAF

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