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Besoin énergétique: «Notre demande croît de 13% l’an», dixit Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre de l’Energie des mines et des carrières

Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières. (Ph: MEMC)

L’Economiste du Faso : Après les élections, vous avez conservé le poste de ministre en charge de l’énergie, il n’y a donc pas de rupture dans la dynamique en cours…

Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières : La dynamique actuelle est la poursuite des efforts engagés depuis le premier quinquennat de Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, afin d’accroître la disponibilité et l’accessibilité de l’énergie de qualité et à moindre coût pour la population. Nous voudrions, à travers ses lignes, lui témoigner, ainsi qu’à Son Excellence Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement, toute notre gratitude pour la confiance.

De 2015 à 2020, nous avons travaillé à accroître le taux d’accès national à l’électricité de 18% à 45%. En milieu rural, nous sommes passés de 3% de taux d’électrification en 2015 à 25% en 2020. L’objectif est de maintenir le cap déjà amorcé en matière d’accès et d’offre en énergie par l’accroissement des capacités nationales de production, afin de renforcer notre autonomie et notre sécurité énergétique. Il s’agira d’atteindre un taux d’accès national de 75% et un taux en milieu rural de 50% en 2025.

Un accent particulier sera mis sur la coopération régionale et la valorisation des sources endogènes, à savoir l’énergie solaire, à travers la construction de grandes centrales solaires. Ces investissements seront faits avec des capitaux publics mais aussi en partenariat public privé. Nous avons déjà 16 centrales solaires en construction qui permettront d’avoir au moins 500MWc en 2025. D’autres sont déjà en phase de finition comme la centrale solaire de 30MWc de Nagréongo, qui sera fonctionnelle d’ici la fin de l’année.

Il y a aussi des projets off grid pour faciliter et accélérer l’accès des ménages et des PME/PMI à l’électricité.  Vous avez le projet Backup solaire lancé en 2019 et qui permet aux ménages et aux PME/PMI de s’équiper avec un paiement à tempérament. Nous avons le projet yeleen. C’est un projet qui permettra l’installation de 100 mini-réseaux sur une période de deux ans. On aura également 100.000 kits SHS et la construction de 50 MW solaire dans quatre régions du Burkina-Faso. En termes d’accès à l’électricité, nous avons également mis en place des mécanismes pour faciliter la connexion au réseau. Il s’agit du Projet de développement des connexions à l’électricité (PDCEL). Ce projet permet aux ménages de se brancher au réseau SONABEL à partir de 3.000FCFA et le reste peut être payé à tempérament pendant 3 ans. Ce projet va donner un coup d’accélérateur au taux d’accès à l’électricité au Burkina Faso.

Qu’en est-il du réseau de transport-distribution ?

Parallèlement à cet objectif d’accroître l’offre et l’accès à l’électricité, nous travaillerons à renforcer notre réseau de transport-distribution afin qu’il réponde aux exigences techniques pour la couverture du territoire national et le transit du flux d’énergie.

Aussi, vous avez également vu que le Conseil des ministres du 28 avril 2021 a adopté un rapport sur la sécurité énergétique au Burkina Faso. Il s’agit pour nous de trouver des solutions idoines et structurantes pour le renforcement de notre parc de production électrique en interne, à travers l’installation de centrales thermiques. Aujourd’hui, notre parc thermique est vétuste et très budgétivore. Plus de 35 milliards de nos francs sont injectés chaque année en termes de subvention. Nous devons travailler à éliminer cette subvention et baisser le coût de production et subséquemment celui du kilowattheure.   Pour cela, les centrales thermiques fonctionnant au gaz (LNG) peuvent être des solutions. Nous allons donc construire une à Komsilga de 50MW et une autre de 150 MW à Ouaga Sud-Est.

Le second Compact du MCC est axé principalement sur le secteur de l’énergie. Quels sont les projets entrant dans ce cadre ?

Le second Compact du MCC est principalement sur le secteur de l’énergie et s’articule autour de trois projets inter-reliés que sont : le Projet de renforcement de l’efficacité du domaine de l’électricité (PREDEL) ; le Projet d’accroissement de l’offre d’électricité moins coûteuse (PADOEL) et le Projet réseaux et accès à l’électricité (PRAEL). Ce programme énergétique d’un montant de plus de 500 millions de dollars américains sera mis en œuvre sur cinq ans, et permettra, à côté des efforts que nous avons déjà entrepris, d’améliorer le taux d’accès à l’électricité à moindre coût au Burkina Faso, mais aussi et surtout de créer de nouvelles opportunités pour les entreprises et les ménages.

Sur le plan sous-régional, la réalisation des interconnexions régionales et la mise en place d’institutions de gestion commune devront permettre une mutualisation des moyens de production et d’échanges d’énergie, profitable à tous à travers le West African Power Pool (WAPP). Le WAPP est une institution de la CEDEAO dirigée par notre compatriote Ki Siengui, qui fait notre fierté à tous. Cet instrument vise à faciliter la réalisation des moyens de production et de transport d’énergie électrique dans l’espace CEDEAO. C’est dans ce cadre que notre pays a été retenu, d’une part, pour la réalisation d’un parc solaire vocation régionale d’une puissance de 300 MWc avec stockage d’énergie de 300 MWh, et d’autre part, pour la réalisation d’une ligne d’interconnexion de 330 KV. La ligne 330 KV reliera le Nigeria-Niger-Bénin-Burkina Faso.

D’autres lignes sont en projet, à savoir  la ligne 330 kV reliant le Ghana-Burkina Faso-Mali et la ligne 330 KV reliant la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Dans le cadre donc de ce marché sous-régional de l’électricité, il s’agit de mutualiser les forces, car comme on le dit souvent, « l’union fait la force ». Chaque pays devra de ce fait mettre à disposition les ressources énergétiques pour lesquelles il dispose d’un avantage comparatif. Et ce, afin de baisser les coûts de production de l’énergie électrique. Par exemple, la Côte d’Ivoire qui dispose de retenues d’eau conséquentes va se spécialiser, entre autres, sur l’hydroélectricité, le Ghana et le Nigeria qui ont des réserves de gaz naturel vont travailler à accroître leur production thermique avec des centrales fonctionnant à gaz (LNG). Le Burkina Faso et le Mali, qui disposent d’un bon ensoleillement, vont se spécialiser sur les centrales solaires.

L’ambition clairement affichée pour nous est l’accès universel des Burkinabè à l’électricité à moindre coût et à moyen terme.

Au terme du premier mandat du Président Kabore, quel est le bilan qu’on peut faire en termes de production d’énergies au Faso ?

En 2015, nous avions un déficit de près de 100MW. Nous avons travaillé à relever des défis majeurs, pour améliorer l’accès à l’énergie au Burkina Faso. En 5 ans, nous sommes passés de 18% de la population qui avait accès à l’énergie à 45% de la population qui a accès à l’énergie.  Nous avons pu passer de 3% à 25% du taux d’accès à l’énergie en milieu rural, avec plus de 1.000 localités supplémentaires électrifiées. Au niveau de la SONABEL, le nombre d’abonnés a doublé, passant de 500 mille à près d’un million.

Le projet Backup solaire, lancé depuis le 25 février 2019 avec pour ambition de mettre à la disposition des ménages, PME et PMI des kits solaires afin de contribuer à l’accès des populations du Burkina Faso à l’énergie et ce, à faible coût tout en augmentant la part du mix énergétique du pays. A ce jour, 2.792 bénéficiaires, soient 2.490 ménages et 302 PME/PMI) disposent d’une installation solaire pour une puissance totale installée d’environ 1M Wc.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la vision du président en matière de développement du mix énergétique, nous avons pu mettre en service la ligne d’interconnexion Bolgatenga-Ouagadougou 225 KV qui permet de prendre 150 MW. Aussi, il y a la centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli d’une puissance de 33.7 MWc dont une extension en cours sera de l’ordre de 17 MWC additionnelle : une des plus grandes de la sous-région.

Aussi, le parc de production thermique a également été renforcé par la contractualisation en partenariat public privé entre la SONABEL et AGGREKO pour la fourniture d’électricité de l’ordre de 50 MW. L’extension de la centrale électrique de Kossodo d’une puissance de 50 MW additionnelle quasiment terminée dont la mise en service est prévue en septembre 2021.

Au niveau sous-régional, notre pays a renforcé les capacités des lignes d’interconnexion avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, afin de garantir une fourniture d’électricité de qualité et en quantité suffisante. Cependant, vous avez vu les problèmes que traversent nos pays frères en termes de fourniture d’électricité et qui impactent négativement sur notre capacité d’offre en énergie. Avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, nous importons au moins 65% de notre consommation. Ce sont des installations de plus de 1.000km de lignes aériennes de chaque côté qui sont sujettes à toutes sortes d’intempéries et de vandalisme. S’il y a un problème, une ligne comme celle du Ghana, automatiquement, nous  perdons 150MW qu’il faut combler avec la production interne.  D’où la nécessité pour nous, je le rappelle, de renforcer notre parc de production interne. Cela va nous permettre d’avoir une réserve froide à l’interne afin de répondre à la demande en cas d’incident sur ces lignes d’interconnexion. C’est le lieu pour moi de demander l’indulgence des populations pour ces désagréments indépendants de notre volonté et de rassurer les uns et les autres que nous travaillons à trouver des solutions structurantes à ces problèmes.

Quel est aujourd’hui la cartographie de la production par source d’énergie ?

Depuis 2015, nous avons travaillé à renforcer la capacité électrique disponible. Aujourd’hui, nous avons au moins 600MW de puissance disponible pour la consommation des Burkinabè. Il y a donc dans cette production, le thermique, le solaire, l’hydroélectrique mais aussi les interconnexions. Mais comme je l’ai déjà souligné, nous travaillons à renforcer notre production interne pour satisfaire nos populations.

Le solaire semble être la solution venue du ciel, quelles sont les stratégies en cours pour augmenter sa part et réduire la dépendance du pays du fuel ?

Depuis 2016, sous le leadership du Président Roch Marc Christian Kaboré, notre ambition est de se tourner résolument vers l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, avec un accent particulier sur le développement de l’énergie solaire. Notre pays est très ensoleillé. Il a le meilleur ensoleillement de la sous-région avec 5,5 KW/h par m² et par jour. Aujourd’hui, avec le solaire, nous avons un coût du KWh moins cher comparé aux autres sources de production comme le thermique et l’hydroélectricité. Cela est un avantage comparatif par rapport aux autres Etats. En perspective, le gouvernement a pour ambition de produire 30 % de l’électricité à partir du solaire d’ici à 2025, soit près d’une puissance de 500 MW additionnelle.

C’est ainsi que nous avons pu signer 6 contrats PPP avec des partenaires privés pour la construction de centrales solaires d’une capacité de 176 MWc au total. Ces projets sont actuellement en cours. Aussi, dans le cadre de la coopération régionale, sous la tutelle du WAPP, nous sommes en train de développer des projets de centrales solaires d’une capacité totale de 300 MWc et 300 MWh de stockage d’énergie.

A côté de cette démarche de promotion des partenariats avec les privés, il y a également le renforcement de notre coopération avec nos partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans la mise en œuvre de ces projets solaires par des appuis budgétaires et par des financements à des taux concessionnels. A cet effet, il est prévu avec la Banque mondiale, la construction de centrales solaires à Koudougou et Kaya d’une capacité totale de 30 MW et avec la KfW la construction de la centrale solaire de Matroukou pour une puissance de 30 MWc. A cela s’ajoute la construction de centrales solaires d’une puissance cumulée de 53 MWc à Ouaga, Dori, Diapaga et Gaoua dans le cadre du projet Yeleen sous financement de la Banque africaine de développement, de l’Agence française de développement et de l’Union européenne plus 24 MW pour le milieu rural. Il y a aussi le projet SOLEER de la Banque mondiale en cours de formulation qui apportera de la puissance solaire supplémentaire.

Toutefois, une stratégie d’électrification rurale par énergie propre avec réseau de distribution a été adoptée et environ 1.000 localités isolées sont prévues pour être électrifiées à l’horizon 2025. Un programme de renforcement du parc d’éclairage public ainsi que la promotion de l’autoconsommation via des solutions solaires photovoltaïques a été amorcé et permettra de booster l’accès durable aux services énergétiques et le développement socioéconomique. Il est prévu au total 50.000 lampadaires d’éclairage public d’ici à 2025. La réalisation et la mise en œuvre de projets majeurs dans le domaine du solaire nous augure un lendemain meilleur et nous permettra de réduire la dépendance du pays du fuel.

A terme, et pour aller vite, n’y a-t-il pas lieu  de transformer la SONABEL en producteur d’énergie solaire, vu qu’elle a le monopole de la distribution ?

Je voudrais porter à votre connaissance que les nouvelles réformes entreprises par le Burkina Faso à travers la Loi N°014-2017/AN du 20 avril 2017 ouvrent désormais les segments de la production et de la distribution à toute personne physique ou morale. Cependant, le transport reste le monopole de l’Etat. Cette loi, adoptée en 2017, supprime de ce fait le monopole de la production et de la distribution à la SONABEL. Mieux, cette loi avec ses décrets d’application encourage l’autoproduction d’énergie solaire et l’installation de producteurs indépendants d’électricité (PIE). Désormais, les entreprises et les ménages peuvent non seulement assurer leur propre production d’énergie solaire, mais aussi vendre le surplus d’énergie générée. Pour le cas des PIE, c’est la SONABEL qui rachète leur énergie à travers des contrats d’achat d’énergie (PPA)

Vous êtes également le ministre en charge des mines, le pays en compte 17 qui produisent de l’énergie off grid. Son intégration au réseau normal est-elle toujours en discussion ?

Sur cette question, nous sommes en phase avec les sociétés minières. Elles ont un besoin de près de 400 mégawatts off grid, « hors réseau ». Nous travaillons avec elles pour qu’elles participent à l’électrification des villages environnants.

Cette puissance supplémentaire pourra également servir à électrifier les villages environnants, et l’excédent peut être injecté dans le réseau connecté de la SONABEL. Un plan d’affaires est en cours de finalisation pour le raccordement progressif de l’ensemble des industries extractives afin de développer le secteur de l’énergie ainsi que celui des mines.

Le marché régional de l’énergie est en marche avec les interconnexions des pays, est-ce vraiment un bon deal, au regard des problèmes récurrents de fourniture des demandes souscrites ? 

Nous pouvons affirmer sans hésiter que le marché régional en cours de construction constitue une des solutions intéressantes pour atteindre l’accès des populations à l’électricité à moindre coût et à moyen terme. Ensemble, on est toujours plus fort. Il s’agit, il faut le rappeler, dans le cadre de ce marché, d’interconnecter tous les pays de la région, de développer les moyens de production en tenant compte du potentiel énergétique de chaque pays. C’est ainsi que le potentiel solaire du Burkina Faso, du Mali et du Niger a été identifié pour participer à la mutualisation de l’énergie dans le cadre de ce projet.   En Côte d’Ivoire, c’est l’hydroélectricité. Au Ghana, Nigeria, c’est, entre autres, la production thermique au gaz (LNG), etc.   

Cette initiative est conduite par la CEDEAO, à travers ses institutions spécialisées que sont le WAPP et l’ARREC en collaboration avec les ministères en charge de l’énergie et les sociétés d’électricité de tous les Etats. Dans le cadre de cette mutualisation des ressources, chaque pays sera en mesure d’importer ou d’exporter de l’énergie électrique selon les avantages en termes de coût. Dans le cadre de cette initiative régionale, plusieurs infrastructures sont réalisées et parmi celles en cours de réalisation, nous pouvons citer, pour ce qui nous concerne, la ligne de 330KV Nigeria-Niger-Bénin-Togo-Burkina couramment appelée Dorsale Nord, et le parc solaire à vocation régionale de 300 MWc /300 MWh dont je vous parlais tant tôt. Au-delà de ces initiatives régionales, nous travaillons à assurer notre sécurité énergétique interne en termes de production.

Propos recueillis par FW

 

Encadré

A quand l’autosuffisance énergétique ?

«Notre objectif, conformément à la feuille de route qui nous a été donnée par Son Excellence Monsieur le Premier ministre, c’est de faire en sorte que l’énergie soit disponible et accessible aux Burkinabè. Pour cela, nous projetons d’atteindre 75% de taux d’accès au niveau national en 2025 et 50% en milieu rural. Cependant, il est primordial de rappeler que notre demande croît de 13% l’an avec une forte croissance démographique et un besoin industriel en énergie de plus en plus croissant.

Ainsi, nous devrions toujours travailler permanemment à assurer cet équilibre entre l’offre et la demande. Et ce, pour l’atteinte de notre objectif clairement affiché, à savoir : l’accès universel des Burkinabè à l’électricité à moindre coût et à moyen terme ».o

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RAF

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