Economie

Agriculture durable : Voir au-delà du financement

«Trois quarts des personnes pauvres et souffrant de la faim dans le monde vivent dans les zones rurales et sont également essentiellement tributaires de l’agriculture pour leur subsistance. Les petits agriculteurs et entrepreneurs ruraux pourraient contribuer beaucoup plus à la production alimentaire, la création d’emplois, la croissance économique nationale et la préservation des ressources naturelles. Pourtant, ils manquent souvent des outils pour le faire. Et beaucoup de ceux qui sont producteurs de denrées alimentaires souffrent de la faim eux-mêmes».

C’est sur la base de ce constat que le Fonds international de développement agricole (Fida) a défendu la place primordiale que les dirigeants du monde, à commencer par les Africains, doivent accorder au secteur rural.
A la Conférence internationale sur le financement du développement d’Addis-Abeba tenue mi-juillet 2015, l’institution financière internationale au sein du système des Nations-unies, dédiée à l’agriculture, a sorti l’argument selon lequel l’investissement dans le développement rural est essentiel pour booster plusieurs objectifs de développement, y compris une nourriture suffisante, l’air pur, l’eau douce et la biodiversité. D’après ses sources, la croissance dans le secteur agricole a été estimée à au moins trois fois plus efficace de réduire la pauvreté que la croissance dans tout autre domaine. En Afrique subsaharienne, le chiffre est de 11 fois.
«Si l’Accord d’Addis-Abeba offre une chance non seulement de compter l’argent, l’on devrait s’assurer que les chiffres de l’argent comptent», espère le président du Fida, Kanayo Nwanze. La Conférence a pris l’engagement d’assurer durablement la sécurité alimentaire en dynamisant le secteur agricole et en promouvant le développement rural, particulièrement dans les pays en développement.
Des mesures à même de favoriser sensiblement la réalisation de l’ensemble des objectifs de développement durable. Des soutiens tant publics que privés sont attendus pour une agriculture durable, y compris l’exploitation forestière, la pêche et l’élevage. De la conférence de presse que le président de la Fida a tenue avec le Rwandais chargé des finances, Claver Gatete, l’on a appris que de nouvelles stratégies sont possibles afin d’améliorer les investissements en faveur du secteur rural.
«Il ne faut pas oublier que les petits exploitants font aussi partie du secteur privé. Ils investissent quatre fois plus que les agro-business men. Nous devons les voir en business men et non les considérer comme de pauvres agriculteurs», soutient Kanayo Nwanze. Ils sont des entrepreneurs, certes avec peu de capacités, mais qui se renforcent.
L’expérience du Rwanda le démontre. Ce pays sorti il y a à peine 20 ans d’un conflit socio-politique tend à devenir un exemple en matière de gouvernance agricole. Sur ses territoires, l’on est passé de l’agriculture de survie au business. La propriété de la terre est pour beaucoup dans l’accès des producteurs regroupés en coopératives aux financements bancaires.
Le pays dispose d’une bourse des produits d’exportation qui aide les producteurs à mieux écouler leurs spéculations, avec une marge importante. Les chiffres de la Banque mondiale présentent une productivité agricole au Rwanda en hausse en dépit des défis géographiques et météorologiques, avec de solides performances qui ont dopé la croissance passée de 4,7 % en 2013 à 7 % en 2014. La preuve que la mise en place de politiques agricoles durables font que l’agriculture a le vent à en poupe.
Christian KONE

 


 

 

La gouvernance d’abord !

Financer le futur sans la faim et la pauvreté n’est pas qu’une question d’argent. Il s’agit de bien investir dans les exploitations agricoles en premier. C’est la conviction du Fonds international de développement agricole (Fida) qui milite pour que les décideurs politiques et financiers investissent dans les populations rurales, en les autonomisant afin de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de renforcer leur résilience.
En partant du constat qu’aucune institution donatrice ne peut transformer un pays à moins qu’il soit prêt à se transformer lui-même, le Fida encourage à l’allocation des ressources publiques destinées en particulier à financer des biens publics comme les infrastructures, les marchés, la recherche-développement dans le secteur agricole, les institutions de gouvernance efficaces, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.

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