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Cotonnade: touche pas à mon Faso Danfani

• Main basse sur un label

• Dégâts collatéraux à prévoir à Filsah

• Si la production nationale n’est pas protégée

Diendéré Delma Eliénaï, Directrice générale de la Fondation ADAJA, Artisan teinturière végétale

Le gouvernement de transition sous le MPSR2 est en mode accélération dans la promotion du port du Faso Danfani. Le 28 novembre, il a lancé officiellement le port de la toge exclusivement en Faso Danfani dont la photo de famille a fait le tour de tous les médias. Une cérémonie solennelle qui marque un engagement renouvelé  des autorités qui ont décidé de faire du Faso Danfani un vecteur économique , créateur d’emplois et culturel. Avant les universitaires, ce sont les établissements supérieurs et secondaires qui se sont engagés dans le port du Faso Danfani. Petit à petit, le marché national s’élargit, les habitudes s’installent également. Cependant, ce marché naissant et fort prometteur aiguise déjà des appétits gloutons de certains acteurs de la chaîne, avec un risque de tuer le label Faso Danfani, via la contrefacon, et l’importation anarchique du fil à tisser.

Le Faso Danfani a été labéllisé. Son appellation Faso Danfani, ainsi que les motifs sont désormais protégés. L’obtention de ce label made in Burkina  est conditionnée par un certain nombre de critères qui passent, entre autres, par  le choix du métier à tisser, des fils utilisés, de la teinture, des motifs. Mais un des éléments essentiels dans ces critères repose sur le fil. Il doit être d’origine burkinabè, et c’est ici tout l’enjeu de la pérennité du label Faso Danfani ou du Faso Danfani tout court.

Les professionnels s’en inquiètent de plus en plus

Au secteur 24 de Bobo-Dioulasso, les metiers à tisser n’ont plus de secret pour la quarantaine de membres de la cooperative Faso textile(COFATEX). Depuis 2002, cette coopérative produit du pagne tissé à base des fils produits par Filsah. Que ce soit du fil en écheveau ou en bobine, toute la gamme de cette filaterie est utilisée dans les ateliers de tissage . La proximité géographique avec l’usine de production est un atout pour Cofatex, qui dit être rarement en rupture. Naïla Sakandé, qui faisait office de guide ce jour-là, rencherit : « Nous connaissons très peu de rupture, car,  nous nous approvisionnons directement à Filsah. C’est un fil de chez nous et il est de qualité. Et nous avons remporté plusieurs prix grâce à la qualité du fil, mais également aux techniques de tissage que nous avions. »

Elle est inquiète d’un phénomène qui prend de l’ampleur : « la production de Faso Danfani  augmente avec la promotion du gouvernement, mais on a un gros problème .  Les gens ne respectent pas ce qui est arrêté pour la confection du Faso Danfani. On recoit des clients qui viennent avec du pagne tissé à base de fils ghanéens ou venus de chine et veulent qu’on réplique avec notre fil. C’est faisable. Mais en même temps , nous avons découvert que le fil étranger est en train d’inonder notre marché et c’est inquiétant pour le label. »

Eliénaï Diendéré/ Delma, « artisan teinturière végétale » et Directrice générale de la Fondation ADAJA basée à Ouagadougou, ne dit pas autre autre chose :

« ces dernières années, nous assistons à un engouement sur la production et la consommation du Danfani. En effet, de nombreux acteurs se sont formés et ont créé leurs unités de production.

La demande est de plus en plus élevée. Cependant, face au manque de fil  qui devient de plus en plus cher et  à la volonté de l’opinion d’acheter le pagne tissé le moins cher possible, certains  artisans essaient de trouver une solution en s’approvisionnant en   fils importés (chinois, ghanéen,…) et en teinture de qualité douteuse. Cela ne contribue pas véritablement à l’essor de l’économie burkinabè et à la promotion véritable du Danfani .

Filsah, premier maillon de la transformation du coton en fils, a modernisé ses chaînes de production pour faire face à la demande.

Nous pensons que nous devons veiller à maîtriser toute la chaîne de production, afin de ne pas dénaturer le Danfani et passer à côté des objectifs initiaux fixés par l’État », a-t-elle souligné.

Un des objectifs du gouvernement est d’implémenter un développement basé sur des ressources disponibles localement, d’où le slogan « consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ».

L’importation massive du  fil est donc une menace pour le Faso Danfani  si des dispositions ne sont pas prises pour la contenir, et elle  risque de mettre un terme à tous les efforts consentis depuis la Révolution d’août à aujourd’hui, pour mettre ce label en orbite.  A Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou, principaux centre de consommation du fil, de gros soupcons d’importations frauduleuses sous le couvert de produits de mercerie se font jour. En plus de déstabiliser la chaîne des valeurs, les importateurs de fils frauduleux créent un manque à gagner au niveau des caisses de l’Etat.

Dans la chaîne des valeurs de la filière coton, les premières victimes seraient les filatures du Sahel (Filsah). Opérationnelle depuis  2000,  c’est la seule filature des huit pays de l’UEMOA qui fonctionne normalement.  Sa naissance a coïncidé avec le lancement de l’agenda coton de l’Uemoa et la liquidation de Faso Fani, la seule usine de textile du Burkina. L’objectif affiché de l’agenda coton de l’Uemoa était de transformer 25% de la fibre de coton dans l’espace UEMOA, la FILSAH a pu tenir la tête hors de l’eau et est restée la seule filature fonctionnelle normalement. Sa production est passée de 5000 tonnes à 10.000 tonnes, et avec la demande croissante du marché  en fils 100%  coton , la Direction a dû faire l’investissement nécessaire pour satisfaire  la demande en quantité, mais surtout en qualité. Car, ses fils portent en eux une partie du label  qui a permis de mettre en place un écosystème coton textile habillement appelé à se développer, car « en transformant le coton en fil, la FILSAH a permis le développement d’un artisanat textile traditionnel fort, avec aujourd’hui des grossistes très impliqués dans la distribution, des tisseuses et des associations de tisseuses très actives dans la vulgarisation du « FASO

DANFANI –FDF- » et des professionnels de la confection qui ont travaillé à redonner au textile africain toute sa noblesse. Cette disponibilité de fil, couplée à l’engouement pour le FDF, a permis la naissance de nombreuses manifestations de vulgarisation et de promotion du « produit » tel le Danfani fashion ; le Sita ; le Sicot, etc. », mémoire de fin d’étude  2ie, 2013/2014 : «  L’industrie textile burkinabè face à la concurrence chinoise : défis et perspectives » p19.

FW

 

Encadré

Les préoccupations d’une spécialiste du Faso Danfani

«Nous félicitons chaleureusement le gouvernement qui lutte pour la promotion du Danfani dans toutes les couches de la société, à travers les tenues scolaires, les tenues de cérémonies officielles de l’Etat dans sa politique de consommer ce que nous produisons. Nous pensons qu’il serait bien qu’en plus de cela, l’Etat accompagne les cotonculteurs et les acteurs de la chaîne de filature pour accroître leurs capacités de production, afin de baisser les coûts de production qui se répercutent sur le prix du coton filé.

En ces temps de lutte contre l’insécurité, nous ne pouvons pas demander à l’Etat de subventionner le prix du fil. Par contre, il serait bien de mener des campagnes de sensibilisation pour que l’opinion comprenne les difficultés auxquelles font face les artisans, et aussi ce qui explique les prix actuels du pagne tissé. Même avec le coton conventionnel, on peut obtenir le label Faso Danfani, car, c’est aussi du coton cultivé et filé au Burkina Faso.

Nous encourageons l’utilisation du coton certifié biologique et équitable qui est plus sain et qui est de nature à préserver la santé des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement. Eliénaï Diendéré/ Delma, « artisan teinturière végétale » et Directrice générale de la Fondation ADAJA.o

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