• Près de 300 participants venus des 13 régions du pays
• Des compétences diverses du secteur public et du privé
• Pour susciter la réflexion autour des enjeux de l’heure
«Qu’entendons-nous par cadre musulman ? Est-ce l’intellectuel, est-ce le fonctionnaire bardé de diplômes ? Pour nous, loin de toute polémique et de débat sémantique, les cadres musulmans sont des professionnels de différentes disciplines et spécialisations qui contribuent, au quotidien, à l’animation de la vie nationale et au développement du pays, tant dans le secteur public, parapublic, privé et associatif. En effet, le musulman ne saurait être en dehors de la communauté de destin qui le rattache à un pays, à une communauté, nous avons voulu, à travers cette rencontre, susciter la réflexion autour des enjeux de l’heure ». Par ces propos, le vice-président du comité d’organisation, Dr Seydou Ouédraogo, a tenu à faire cette clarification avant le début des travaux.
De travaux, il s’agit de « Rencontre des cadres musulmans (ReCAM), organisée par le Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI). Cette association de développement, de droit burkinabè, à caractère religieux, s’est toujours positionnée comme une force de proposition, sur les questions religieuses, citoyennes, sociales et économiques dans le pays. « Il regroupe en son sein des compétences diverses, dont les cadres du secteur public et du secteur privé qui, au quotidien, contribuent au développement du Burkina Faso. A travers la présente activité, le CERFI a voulu leur rendre hommage et leur offrir un espace de réflexion, d’expression et de contribution à la construction de notre chère patrie », a indiqué Hamidou Yaméogo, son président.
Cette rencontre a lieu dans un contexte marqué par les attaques terroristes dont certaines seraient commises au nom de l’islam et des musulmans. Pourtant, les actions des groupes terroristes sont la cause de souffrances de milliers de Burkinabè dont la majeure partie est constituée de musulmans. C’est pourquoi, à l’appel du CERFI, près de 300 participants des 13 régions du pays et de divers secteurs socioprofessionnels se sont retrouvés les 7 et 8 octobre 2023, à Ouagadougou, autour du thème : « Communauté islamique du Burkina Faso et grands défis de la Nation : quelle contribution des cadres musulmans ? ».
« Quand vous êtes la communauté majoritaire dans un pays, ceci n’est pas un privilège, c’est une responsabilité. Vos intérêts se confondent quasiment à ceux de la Nation et vous avez l’impérieux devoir de veiller à ce que les grands problèmes du pays soient bien pris en charge ». C’est ainsi que Hamidou Yaméogo a justifié la thématique des assises. « Ce thème illustre notre engagement en tant que musulman à toujours jouer notre partition dans les grands moments de l’histoire de notre pays. Le musulman se doit plus que jamais de s’intéresser à la marche de la Nation. Et qui mieux que le cadre musulman pour conduire la réflexion sur la contribution des musulmans à la résolution des maux auxquels notre pays est actuellement confronté ?», a renchéri le président du présidium de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB), Oumarou Zoungrana. La ReCAM a d’ailleurs été placée sous l’autorité spirituelle de la FAIB qui, depuis sa création en décembre 2005, s’efforce d’organiser la vie de la Oummah et à faciliter l’interaction entre elle et les autorités administratives et politiques.
En plus du thème central, trois panels seront développés : le panel 1 s’est penché sur : « Extrémisme, radicalisation, terrorisme au Burkina Faso : comment les cadres musulmans peuvent contribuer au retour de la paix ? ». Le panel 2 portait sur : « Réconciliation, cohésion sociale, gouvernance exemplaire : comment y parvenir ? ». Et le panel 3 s’est posé la question : « Quelle contribution des cadres musulmans à une meilleure organisation de la communauté islamique du Burkina Faso ? ».
La qualité et la personnalité des panélistes qui ont donné des communications au cours de ces assises, d’une part, et d’autre part, celles des participants ont abouti à des propositions concrètes à soumettre aux pouvoirs publics, afin de venir à bout de l’extrémisme violent, de la radicalisation, du terrorisme. Des suggestions ont été également faites pour renforcer la cohésion sociale, le vivre ensemble et la bonne gouvernance.o
Moumouni SIMPORE
Encadré
Les recommandations de Recam 2023
L’institutionnalisation de la RECAM : la Rencontre des cadres musulmans en tant qu’espace d’échanges, de partage d’expériences et d’interpellation des dirigeants sur la gouvernance du Burkina Faso et de l’islam dans notre pays ;
La participation des cadres musulmans à l’animation des structures associatives islamiques ;
L’implication des cadres musulmans à la mise en place d’initiatives citoyennes ;
La production et la diffusion des recherches sur les thématiques relatives au vivre ensemble et à la lutte contre le terrorisme ;
La refondation de l’État et l’amélioration de la gouvernance face au terrorisme ;
La lutte contre la fraude (carburant, or, motocycles, bétails) ;
La lutte contre l’impunité et la promotion du dialogue au service de la réconciliation nationale ;
La promotion de la finance islamique ;
La réhabilitation de la connaissance qui est un préalable à la dignité humaine ;
La création d’un fonds zakataire national ;
La création d’organismes humanitaires, d’infrastructures éducatives et sanitaires de qualité.o
