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Personnes déplacées internes: tranches de vie en reconstruction

• Sanata et sa borne fontaine

• Les ouvrières agricoles : Awa et Mamounata

• L’espoir demeure dans la reconversion

Fatimata Boena, ses filles Aminata et Aguiratou sont installées désormais à Toezoui, dans la Commune de Komki-Ipala, depuis 06 mois. (PhDR)

Les déplacés internes sont des personnes contraintes de fuir à l’intérieur de leur propre pays, notamment, en raison de conflits, de violences, de violations des droits humains ou de catastrophes. Le Burkina Faso connait son lot depuis maintenant une dizaine d’années. Au total, 2,06 millions de personnes déplacées internes ont été enregistrées par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR), au 31 mars 2023. Le 20 septembre 2023, la ministre en charge de l’action humanitaire a annoncé, en Conseil des ministres, que la ville de Ouagadougou et les autres Communes de la région du Centre avaient accueilli à la date du 21 août 2023, 45.412 PDI, dont 30.421 pour la seule Commune de Ouagadougou. Ces personnes vivent dans des familles hôtes, dans des maisons offertes et dans des habitats spontanés ou en location. Il faudrait peut-être ajouter à ces chiffres officiels d’autres personnes qui ont échappé au recensement. Aidés directement par les membres de leurs familles, des femmes et des enfants qui ont fui les persécutions des groupes armés terroristes sont arrivés à Ouagadougou où ils tentent de se reconstruire. 

Nouvelle occupation : gestionnaire de borne fontaine

Des revenus qui sont loin de couvrir son loyer et l’alimentation de la maisonnée, certes, mais qui constituent une bouffée d’oxygène en attendant des jours meilleurs. (PhDR)

Sanata Sanga gère depuis moins d’un mois, une borne fontaine au secteur 12 de Ouagadougou, dans le quartier Naabpougo. A la voir dans la matinée du 19 septembre 2023, autour de ses 3 gamins, ouvrir le robinet pour servir les différents récipients que lui tendent ses clients, on pourrait dire qu’elle a trouvé son salut. Et c’est peut-être le cas. Car, elle revient de loin. Sur les circonstances qui l’ont amenée à Ouagadougou, sa langue a encore du mal à se délier, malgré l’écoulement du temps. Cette dame de 28 ans lâche difficilement, « ce n’est pas facile », après avoir soupiré et écrasé une larme. Originaire de Som, dans la province du Soum, village situé à une dizaine de kilomètres du chef-lieu Djibo, elle a dû abandonner la localité sous la pression des groupes terroristes. Refugiée d’abord à Djibo pendant une année, son homme se résout à la faire venir à Ouaga, car la situation devenait de plus en plus intenable. « Il n’y avait rien à manger », explique-t-elle.

4 habitats spontanés dont la superficie varie de 6 à 9 m2 ont été érigés pour accueillir la maisonnée. L’armature en cerceau est faite de branche d’arbres. (Ph:YS)

Une fois dans la capitale, elle est accueillie, pendant quelques jours, par une famille hôte, avant de lui trouver une maison non loin de son lieu de service dont le loyer mensuel lui revient à 12.500 FCFA, le moins cher possible.  Son service, la gestion de la borne fontaine, est pour le moment ses seules occupations et source de revenus. Elle s’attelle de 06h à 17h à vendre l’eau pour des recettes journalières variant de 6.000 à 7.500 FCFA dans lesquelles elle puise quelques pièces pour le déjeuner. A la fin du mois, elle devrait percevoir 15.000 FCFA.  Des revenus qui sont loin de couvrir son loyer et l’alimentation de la maisonnée, certes, mais qui constituent une bouffée d’oxygène en attendant des jours meilleurs. « Le bailleur est compréhensif, car ce n’est pas tout le temps qu’on peut avoir l’argent pour lui », indique-t-elle pour expliquer qu’elle est l’objet d’une solidarité de son entourage.

Vivre de tout ce qu’on trouve

Mamouna Sawadogo et Awa Ganamé sont deux femmes de la même cour, la première étant la belle-mère de la seconde. Originaire également de la province du Soum, elles sont arrivées à Ouaga au mois de mars 2023, avec 11 enfants à leur charge. « Nous avons quitté Djibo une nuit pour fuir la faim et les exactions. Nous avons erré dans la brousse pendant trois jours pour avaler une trentaine de km, avant d’avoir un taxi-moto qui nous a conduits à Ouahigouya. De là, nous avons rejoint Ouaga », se souvient Mamouna. « Seule notre vie a été sauvée, sinon nous n’avons rien ramené », renchérit Awa. Vivant désormais au secteur 13, quartier Zongo, dans l’Arrondissement 3 de Ouagadougou, elles occupent une maison de deux pièces communément appelée « chambre salon » pour laquelle elles doivent verser 12.500 FCFA au propriétaire. Les deux femmes vivent de tout ce qu’elles trouvent : lessive, vaisselle, ménage…. Les plus grands parmi les enfants sont placés dans des garages pour apprendre la mécanique ou comme aide-ménagères ; ceux qui partaient à l’école ont été contraints de l’abandonner.

Le reste de la famille est réparti entre des habitats spontanés et des maisonnettes d’un mètre à peine de hauteur initialement destinées à des animaux. (PhDR)

Avec la saison pluvieuse, Mamouna et Awa sont descendues dans l’espace du camp Sangoulé Aboubacar Lamizana, situé à un kilomètre environ de leur domicile, pour vendre leur force de travail à ceux qui y exploitent encore la terre. Elles sont alors sollicitées comme ouvrières agricoles dans ce qu’on peut désigner comme champs de haricot et d’arachide, un ensemble de portions de terre, séparées par des murets, dont la superficie totale peut être estimée à deux hectares.

Le contrat : débarrasser l’espace de toutes les mauvaises herbes pour permettre aux cultures de bien se développer.  « Le sol était trop dur et trop sec. Il nous a fallu 6 jours pour finir de tout cultiver », a expliqué Awa. Pour ce labeur, elles s’en sont sorties avec la somme de 7.000 FCFA. A l’heure de la récolte, elles passent régulièrement voir si on n’aura pas besoin d’elles. C’est la routine ainsi pour ces deux femmes dont les maris sont restés dans le Sahel.

L’hivernage nous a sauvés

Fatimata Boena, ses filles Aminata et Aguiratou sont installées désormais à Toezoui, dans la Commune de Komki-Ipala, depuis 06 mois. Une dizaine d’enfants vivent aussi avec elles. De Gorguel, une Commune située dans le département d’Arbinda, dans la province du Soum, région du Sahel, à leur résidence actuelle, ils ont connu l’exaction des armes, la persécution de la soif et la brimade de la faim. Refugiés d’abord à Djibo, après avoir fui le bruit des armes, ils y sont restés une année à peine. La pression démographique autour de la ville augmentant et les denrées alimentaires se raréfiant, ils durent se résoudre à prendre la route de la capitale Ouagadougou. Après deux semaines dans une famille hôte, des démarches ont permis de s’installer dans la Commune de Komki-Ipala.

Fatimata, ses filles et ses petits enfants vivent sur un terrain d’environ deux hectares. Sur un espace délimité d’environ 100 m2, 4 habitats spontanés dont la superficie varie de 6 à 9 m2 ont été érigés pour accueillir la maisonnée. L’armature en cerceau est faite de branche d’arbres, des feuilles bouchent les espaces entre les branches et des bâches en plastique de couleur noire viennent protéger le tout contre l’infiltration de l’eau pluviale.

Ces braves dames doivent leur présence sur le site à la générosité du propriétaire des lieux qui leur permet de s’y installer gracieusement, d’une part, et d’autre part, d’exploiter la terre pour survivre.  Avec l’hivernage, elles ont semé du haricot, de l’arachide, du pois de terre, du gombo… des cultures qui vont leur permettre d’avoir à manger pendant au moins un bout de temps. Que comptent-elles faire après les pluies ? « L’hivernage nous a sauvés », répondent-elles en chœur. Vivre au jour le jour pour elles semble la parade trouvée pour ne pas sombrer davantage. Au fond d’elles, l’espoir repose sur la possibilité de se lancer dans la culture maraîchère. Mais pour cela, il faut un préalable : la disponibilité de la ressource eau. Et pour le moment, seule une pompe manuelle chancelante est à leur disposition pour leurs besoins primaires.

Entre deux saisons pluvieuses, la vie s’est arrêtée

Fatimata et Aminata Sawadogo sont coépouses avec 15 enfants. La quarantaine révolue, les deux femmes vivaient paisiblement avec leur époux et enfants dans la Commune de Nassoumbou, dans la province du Soum. Sous la pression des groupes armés, ils quittent la province du Soum pour celle du Bam, précisément Namsiguia, une localité de la Commune de Bourzanga, 65 km en arrière. « Sur la route, nous avons croisé des hommes armés. Ils ont retiré et brûler tous nos effets :  charrettes, vivres, habits, animaux…. Nous avons fait un périple d’une trentaine de kilomètres à pied pour atteindre notre destination », se rappelle Fatimata. Ils n’étaient pas sortis de l’auberge, comme l’affirme Aminata : « A Namsiguiya, c’était pire que ce que nous avons laissé derrière ». La route vers la capitale devenait donc un impératif. Voilà maintenant deux années que la famille Sawadogo vit à Ouagadougou, dans la Commune de Komki-Ipala. Les femmes et les enfants ont été rejoints plus tard par le chef de famille. Ils ont atterri dans une ferme en construction sur deux hectares que le propriétaire a décidé de mettre gracieusement à leur disposition, en attendant des jours meilleurs.

Si M. Sawadogo et ses épouses occupent des maisons en matériaux définitifs, le reste de la famille est réparti entre des habitats spontanés et des maisonnettes d’un mètre à peine de hauteur initialement destinées à des animaux. L’occupation principale, l’hivernage aidant, c’est le travail de la terre. Pour cette année, du mil, du haricot et du gombo ont été semés. Un peu reculés de la ville, les membres de la famille vivent leur deuxième hivernage sur les lieux. Entre les deux saisons, la vie s’est arrêtée.  Les femmes se tournent les pouces en attendant un éventuel bon samaritain qui leur apporterait nourriture et travail.  Car, disent-elles, « s’assoir du matin au soir sans avoir rien à faire est invivable ».

Moumouni SIMPORE

 

Encadré

De la situation des PDI au Burkina Faso

4,7 millions de personnes dans le besoin.1,9 million de personnes déplacées internes. 52% des PDI sont des enfants. Près de 544 milliards FCFA sont requis pour 3,1 millions de personnes ciblées. Un million d’élèves affectés par la fermeture d›écoles.

Selon l’aperçu des besoins humanitaires (Humanitarians Needs Overview,2023), un Burkinabè sur 5, soient 4,7 millions de personnes, a besoin d’aide humanitaire. Le gap de financement pour la réponse humanitaire 2023 est très inquiétant. Sur environ 543.301.500.000 FCFA nécessaires, uniquement 30% ont été acquis à la date du 22 août 2023. Une assistance d›urgence a été apportée à 1,3 million de personnes, soit 43% de la cible du plan de réponse 2023.

Source : Rapport de situation OCHA du 30 août 2023

 

 

Filet

Gestion des PDI

20.457 ménages soit 125.227 personnes de retour chez eux

Le 1er juin 2023, le gouvernement a tenu un point de presse, à Ouagadougou. Il été animé par deux ministres dont la ministre de l’action humanitaire, Nandy Somé/Diallo qui est intervenu sur la gestion des PDI.

Les actions entreprises par le gouvernement pour soutenir, soulager et accompagner ces PDI sont entre autres la prise en charge d’urgence en alimentation, en abris, en eau, et en soins de santé pour les personnes déplacées nouvellement accueillies.

A cela s’ajoutent le renforcement de l’assistance humanitaire par l’accroissement et la régularité des ravitaillements en vivres, en équipements divers et en produits nutritionnels dans les zones fragiles. Le gouvernement a pu livrer 21.494 tonnes de vivres au profit des populations de plusieurs localités.

Avec la reconquête progressive du territoire par les FDS et les VDP, à la date du 23 mai 2023, le système de décompte a permis d’enregistrer 20.457 ménages soit 125.227 personnes. « Ces chiffres ne sont pas exhaustifs, précise la ministre, car il y a beaucoup de retours et de réinstallations qui sont en train d’être remarqués au fur et à mesure par les équipes multisectorielles au niveau des régions ».

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RAF

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