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Qualité : Une politique pour renforcer le PNDES

L’Association burkinabè pour le management de la qualité (ABMAQ) est à un tournant de son histoire. Elle propose à l’ensemble des acteurs un document de politique nationale de la qualité et de la productivité pour accompagner le développement économique. Ousséni Ouédraogo, secrétaire permanent de l’ABMAQ, donne ici les motivations de cette démarche.

– L’Economiste du Faso: En plus de 20 ans de promotion de la qualité auprès des institutions et des entreprises, pensez-vous que votre travail a produit des résultats? Et lesquels?
Ousséni Ouédraogo, secrétaire permanent de l’ABMAQ: Merci d’avoir bien voulu nous approcher pour mettre à l’honneur la qualité à l’orée de ces 26es JNQ. En toute modestie, nous pouvons répondre à votre question par l’affirmative. Des résultats sont en effet là: plus de trente entreprises et laboratoires certifiés ISO, plus de 50 experts Qualité formés, des milliers de personnes sensibilisées à la qualité.
Cependant nos attentes sont énormes vu le vivier d’entreprises qui ne sont pas encore engagées dans les démarches qualité et productivité. Aussi, un grand travail reste encore à faire pour la prise en compte de manière systématique des questions de qualité, de productivité et d’innovation dans le développement économique et social de notre pays.

– L’ABMAQ est en train d’envisager un repositionnement stratégique dans le paysage du management de la qualité. Pourquoi? Et quelle est votre place dans l’infrastructure Qualité actuelle?
L’ABCERQ a été rebaptisée l’Association burkinabè pour le management de la qualité (ABMAQ) depuis l’AG extraordinaire du 7 juin 2002, dans le souci de prendre en compte les principaux outils et systèmes de management de la qualité reconnus et acceptés au plan international.
Une quinzaine d’années après sa reconversion, l’ABMAQ, qui voudrait se positionner comme une structure d’appui de référence au secteur privé et public en matière de promotion de la qualité, de la productivité et de l’innovation au niveau national et sous-régional, éprouve encore des difficultés pour atteindre ses objectifs pour des raisons diverses.
Aussi, l’ABMAQ fait partie d’un environnement présentant divers enjeux: au niveau international, les exigences en matière de qualité au niveau du commerce mondial sont de plus en plus fortes: les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) conditionnent l’accès aux marchés, notamment par le respect des accords concernant les Obstacles techniques au commerce (OTC) et les Mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS); au niveau national, l’élaboration du PNDES, nouveau cadre de référence pour la mise en œuvre des politiques économiques et sociales avec 3 piliers majeurs: la réforme des institutions et la modernisation de l’administration, le développement du capital humain et la dynamisation des secteurs porteurs pour l’économie et les emplois.
Au regard de cette analyse, la réforme stratégique en cours vise à positionner l’ABMAQ comme une institution de référence au niveau national et sous-régional en matière d’appui au développement économique et social de notre pays et de la sous-région, avec comme leviers la qualité, la productivité et l’innovation.
Au niveau de l’infrastructure qualité, l’ABMAQ occupe une place essentielle, surtout en matière de promotion et de vulgarisation des démarches et systèmes qualité et productivité.
Depuis sa création, elle participe et contribue régulièrement à l’amélioration des performances des entreprises, au renforcement de la culture qualité/productivité et à la réflexion visant l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale et sous-régionale.

– Quel est le niveau de collaboration avec l’ABNORM?
Le niveau de collaboration avec l’ABNORM est satisfaisant. Nous travaillons en synergie sur de nombreux projets comme celui du PBQ (Prix burkinabè de la qualité). Toutefois, cette relation gagnerait davantage à être renforcée par un partenariat public-privé sur des chantiers conjoints, pour une infrastructure qualité plus performante.

– Il y a quelques semaines vous avez soumis une contribution de l’ABMAQ à la mise en œuvre du PNDES. De quoi s’agit-il exactement et quels sont les retours que vous avez du gouvernement ?
Il s’agit du Programme national qualité et productivité pour la Compétitivité des entreprises et organisations (PNQP-CEO).
Ce document a été élaboré par les services de l’ABMAQ en vue d’accompagner la dynamique sociale enclenchée par l’insurrection des 30 et 31 octobre, matérialisée aujourd’hui par l’élaboration d’un référentiel de développement économique et social national, le Programme national de développement économique et social (PNDES), dont l’ambition est de sortir le Burkina de la pauvreté, pour que l’économie nationale soit définitivement placée sur une trajectoire de croissance forte, durable, inclusive et résiliente.
L’objectif global du PNQP-CEO est d’accroître la compétitivité des entreprises et organisations et de garantir une meilleure qualité de vie aux populations. Conçu et développé en guise de contribution au PNDS, il vise les objectifs suivants : accroître la performance de 170 Organisations du secteur public, développer la productivité du capital humain d’au moins 1.380 acteurs pour en faire un facteur sûr du développement national et améliorer la compétitivité de 200 entreprises dans les filières porteuses au Burkina Faso.

Propos recueillis par FW


Les innovations du PNQP-CEO

Le PNQP-CEO est axé sur l’innovation, le changement, la transformation et l’amélioration continue. Il compte de ce fait agir sur les trois défis fondamentaux du développement du Burkina, à savoir : la gouvernance (dans les organisations), la qualité du capital humain et la transformation structurelle de l’économie.
«Nous croyons que notre pays a une place dans la liste des pays émergents, mais cela passera par des facteurs nationaux favorables, un Etat visionnaire, une économie structurée et animée par des groupes privés dynamiques capables de tirer les PME et PMI, une administration moderne, des ressources humaines formées et compétentes. La priorité doit être donnée à l’éducation et au travail, et tout cela ne saurait se faire sans une réelle culture Qualité, Productivité et Innovation dans toute la chaîne de valeur économique de notre pays.
Une telle ambition suppose également d’élargir notre vision de la compétitivité au-delà des frontières usuelles. Elle suppose de sortir d’une vision trop étroite du développement qui est celle de croire que notre développement viendra seulement de l’aide des partenaires venus de l’extérieur et de l’amélioration des infrastructures productives», affirme Ousséni Ouédraogo.
De plus, le secrétaire permanent de l’ABMAQ affirme que globalement, «le PNQP-CEO a été positivement apprécié par les plus hautes autorités de notre pays, mais nous restons surtout dans l’attente de la prise en compte de ce programme dans le cadre de l’opérationnalisation du PNDES». En dehors de l’Etat, quels sont les partenaires qui pourraient contribuer au financement du PNQP-CEO?
«Les PTF traditionnels de notre pays sont une option et plus précisément les institutions financières comme l’UE, la BAD, la Banque mondiale, les représentations diplomatiques des pays comme Taïwan, etc. Cependant, nous devons développer des mécanismes innovants de mobilisation de ressources comme la mise en place d’une taxe sur les importations pour financer de façon pérenne cette restructuration de notre économie que nous voulons par la qualité, la productivi01té et l’innovation», a conclu M Ouédraogo.

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