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Economie bleue: la pêche et l’aquaculture, des «attrape-gouvernance nigaude»

Récolte et vente de poisson d’élevage au centre aquacole de Bagré (2009). (DR)

En 37 ans, soit de 1986 à 2022, j’ai vu passer 24 ministres ou ministres délégués en charge de la pêche et de l’aquaculture au Burkina Faso. A ma connaissance, 5 ne sont plus de ce monde, paix à leurs âmes. J’ai réussi à sonder les impressions et les sentiments de plusieurs d’entre eux, après leur magistère. Un en a résumé la tendance centrale à peu près en ces termes : « Vos choses sont dans l’eau, au sens propre mais plus compliqué, elles le sont au sens figuré ; donc il faut peut-être 10 ans pour comprendre et savoir quoi y faire vraiment ». Feu Salif Diallo a été ministre par 2 fois. Lui, selon moi, a découvert ce qu’il ne fallait pas y faire, mais à son 2e magistère. C’est pourquoi, il m’a, à ce deuxième passage, repêché, le mot est à sa place, pour contribuer à ses challenges aquacoles. Avec la tribune qu’offre L’Economiste du Faso, j’espère contribuer à aider le lecteur à voir un peu plus clairement ces « choses dans l’eau ». Il découvrira, notamment, qu’un sous-secteur aussi socioéconomique que la pêche et un sous-secteur éminemment économique qu’est l’aquaculture peuvent être des « attrape-gouvernance nigaude (en la matière) » de « l’économie bleue ».

Précurseur du « Système horti-aquacole de valorisation des eaux souterraines », je m’en vais vous présenter cette technologie agricole innovante. Le constat est fait que le vocabulaire français de la pêche et de l’aquaculture a subi plus des évolutions au cours des 5 dernières décennies, à l’opposé de celui anglais qui est plutôt resté stable. Un préambule lexical s’impose donc. Toutefois, pour des besoins de facilitation des compréhensions, les définitions données n’utilisent pas toujours textuellement, les mots techniques.

Aquaculture/pisciculture. L’aquaculture est l’élevage/culture d’organismes aquatiques (poissons, mollusques, crustacés, plantes aquatiques…) avec les 2 conditions suivantes : (1) une intervention humaine dans le processus d’augmentation de la production : mise en charge régulière, alimentation, protection … (2) une propriété individuelle ou juridique du stock en culture/élevage. La pisciculture peut être employée lorsque les êtres élevés sont des poissons. Personnellement, en praticien, j’utilise chaque fois le mot aquaculture, parce que même lorsque la cible commerciale c’est du poisson, on cultive aussi, intentionnellement ou pas, du plancton et/ou des bactéries aussi.

Lac/barrage/retenue/plan d’eau/cours d’eau/fleuve/réseau hydrographique. Un lac est une étendue ou une retenue d’eau de surface dit aussi plan d’eau. L’eau est retenue dans une dépression naturelle ou excavée par l’Homme, ou retenue par un barrage (d’un cours d’eau ou son affluent) appelé aussi digue qui peut être naturel ou construit. C’est plus juste de parler de lac, de barrage, de retenue d’eau, de plan d’eau. Par contre, si on veut parler de l’eau, c’est moins juste de dire barrage tout court. Et dire, «la digue du barrage de Samendéni», c’est répéter la même chose sans que l’eau  soit concernée. Un cours d’eau ou fleuve ou rivière désignent les signons d’où coulent des eaux vers  la mer directement ou via un confluent. L’ensemble de ces sillons constitue le réseau hydrographique. Le réseau hydrographique peut être relativement dense comme le cas du Burkina, sans traduire une présence consistante et/ou permanente d’eau et par voie de conséquence, une abondance de ressources vivantes aquatiques économiques comme le poisson.

La pêche, les pêches, les pêcheries, le pêcheur, le mareyeur

La pêche est le développement par l’humain, de l’art ou de l’activité de chasse/capture ou de cueillette des ressources naturelles vivantes qui vivent dans l’eau. Les pêches, il y a quelques décennies, indiquaient à tout point de vue, la diversité de types d’organisations, d’institutions et d’activités relatives à la pêche (de capture) sensu stricto et à l’aquaculture, mais celle-ci s’en est beaucoup affranchie de nos jours ; les documents formels de la FAO distinguent maintenant pêches et aquaculture. Toutefois, dans certains pays, notamment au niveau institutionnel, les pêches peuvent encore inclure l’aquaculture. Il faut comprendre que l’aquaculture est « dérivée » de la pêche comme l’agriculture l’a été de la cueillette ; et nos aïeuls, dans la logique chronologique, auraient, pour désigner la cueillette et l’agriculture, parlé de « ministère de la Cueillette » puis de « ministère de la Cueillette, de l’Agriculture », puis de « ministère de l’Agriculture et de la Cueillette » puis de « ministère de l’Agriculture ». L’importance relative d’une activité « imprime » l’appellation du couple d’activités. Ainsi, si dans les pays côtiers, on ne peut penser que les pêches (maritimes) s’étioleront de sitôt pour que l’aquaculture prenne le dessus comme les cueillettes l’ont été par rapport à l’agriculture partout, au Burkina, ce n’est pas insensé de penser que dans une centaine d’années, on ne parlera que d’aquaculture en incluant la pêche comme son appendice, le cas échéant, tant elle va s’amenuiser. La pêcherie indique le site (plan d’eau) et/ou l’organisation de la pêche. Le pêcheur ou la pêcheuse, c’est l’humain qui pratique les activités de chasse/capture cueillette des êtres aquatiques (poisson, crustacés, mollusques, batraciens, nénuphars, etc.). Le mareyeur ou la mareyeuse, à l’origine, était le pêcheur ou la pêcheuse qui s’activait aux moments des marées pour capturer et/ou ramasser et/ou acheter ce qui était rendu plus accessible du fait des marées. De nos jours et au Burkina, on entend par mareyeur, des acheteurs de poisson à la pêcherie.

Ressources halieutiques/halieute. Ressources halieutiques : « halieute » vient du grec « αλιεύς» (prononcé : «alyeus») qui veut dire pêcheur. Les francophones l’ont probablement « importé » pour trouver un adjectif qualificatif du mot pêche. « Ressources halieutiques » sonne plus élégant que « Ressources de la pêche ». Ceci est intervenu dans les décennies 70-80, au moment où pêche et aquaculture étaient englobées dans « les pêches ». Alors, « Ressources halieutiques » a commencé à être employées pour parler aussi bien de ressources de pêches que de ressources d’aquaculture. La FAO distingue de nouveau de nos jours, ressources/productions halieutiques et ressources/productions aquacoles, mais certains francophiles conservent les concepts précédents. Halieutique est défini par certains comme sciences et techniques de la pêche et par d’autres comme sciences et techniques de la pêche et de l’aquaculture. Halieute désigne un scientifique ou technicien dont les activités concernent les problèmes de la pêche, pour certains et pour d’autres, l’aquaculture s’y ajoute.o

Sana Bouda; Consultant, Expert en aquaculture,  spécialisé en économie et planification aquacole.

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