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Les champions de l’Import/Export: «Il faut sans cesse innover!»

 

«Quelle photo préférez-vous?» Recherche sur Google Images, brève concertation et en trois clics le cliché est sélectionné. «Quel petit mot voulez-vous écrire?» Voilà qui est instantanément fait. Une impression, un découpage et un collage sommaire, puis la tasse et le motif se retrouvent rapidement enserrés dans l’étau de la machine.
Le tout est alors «sublimé» à plusieurs centaines de degrés, pour donner quelques minutes plus tard une très jolie tasse personnalisée pour la Saint-Valentin.«Le marché est saturé, alors il faut sans cesse innover!», s’enthousiasme Jihad Baaklini, gérant de la librairie-papeterie «Arc-en-ciel».
Le jeune homme, arrivé du Liban il y a 13 ans, profite de ses voyages à l’étranger pour ramener toujours de nouvelles idées et en faire profiter son pays d’adoption.
«Avec 2.000 articles, notre catalogue est beaucoup plus riche que celui de nos concurrents. Et encore, je suis sûr qu’on pourrait encore augmenter de 4.000 ou 5.000 unités», assure Jihad, qui se fournit principalement en Asie (Singapour, Dubaï, Indonésie, Chine). «Je n’ai jamais pensé à construire une usine pour fabriquer directement ici au Burkina, car il faudrait une chaîne spéciale pour chaque objet, et notre gamme est beaucoup trop large pour ça».
«Le climat n’est pas favorable à l’implantation durable de manufactures»

Elie Azar, directeur général de «Merveilles», ici à la caisse : «Le plus important, c’est l’accueil!».
Elie Azar, directeur général de «Merveilles», ici à la caisse : «Le plus important, c’est l’accueil!».

Installé depuis 1988 à deux pas de la grande mosquée du centre-ville de la capitale, le magasin «Merveilles» n’a pas non plus réussi la prouesse de produire localement ses appareils électroménager, audio, hi-fi ou de télécommunications. «Le climat n’est pas favorable à l’implantation durable de manufactures», explique le directeur général, Elie Azar. «Lorsque nous arrivons à assembler les pièces sur place, cela coûte 25% moins cher. Mais pour la fabrication, notre priorité reste la qualité, et nous importons quasiment toutes les grandes marques depuis l’Europe». M.Azar explique que les deux tiers de sa clientèle sont des sociétés, le reste étant majoritairement composé de particuliers. Son indéfectible sourire aux lèvres, celui qui se dit «de mentalité burkinabè» ajoute, non sans une pointe de fierté, que la plupart d’entre eux sont des habitués. Mais depuis le pillage de la boutique lors des mutineries militaires de 2011, la concurrence s’est accrue et le chiffre d’affaires n’a cessé de chuter. Face à cette situation, la direction prend son mal en patience et, avant de formuler de nouveaux projets, attend de voir comment la conjoncture politique va évoluer.

Approvisionnement à 90% en Chine

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Quelques rues plus loin, Africatex occupe l’un des angles du Grand marché depuis plus de 30 ans. D’un côté, quelques femmes achètent des pagnes au détail, de l’autre les commerçants de Rood-Woko ou de la périphérie ouagalaise viennent négocier en gros leurs stocks de tissus. Jean Azar leur répond d’un ton assuré, en mooré. Après avoir grandi au Burkina, le jeune trentenaire a fait le choix de reprendre l’affaire familiale lorsque ses parents sont rentrés au Liban. «C’est ici que j’ai quasiment toujours vécu et je me sens Burkinabè», confie celui que tout le monde surnomme affectueusement «Jeannot».Aujourd’hui, Africatex affronte une forte concurrence des Indiens, des Chinois, et de plus en plus des Burkinabè, mais parvient à rester compétitif en s’approvisionnant à près de 90% en Chine. L’industrie textile nécessitant de gros moyens, aucune étoffe n’est intégralement confectionnée sur place -il arrive que certaines balles de coton soient néanmoins achetées brutes et envoyées à l’étranger pour être transformées. Pour Jean Azar, l’objectif d’Africatex est avant tout de se maintenir à flot. L’ambitieux jeune homme n’en a pas moins d’autres projets en tête, puisque c’est lui qui a ouvert les échoppes CitySport, Aldo (Houari Boumédiène) et Africatex Home (Ouaga 2 000). «C’est un tout autre public, beaucoup plus fortuné, qui est visé. Les exigences et les habitudes de vente ne sont pas les mêmes, mais c’est un défi qui doit être relevé. Actuellement, je suis convaincu que seulement 5 à 10% des potentialités de l’économie burkinabè sont utilisées!», conclut-t-il.

T.O


Leader dans l’import-export

Importatrices historiques, notamment à travers la grande société Diacfa, les entreprises d’origine libanaise restent les reines de l’import/export au Burkina Faso, dans des domaines aussi variés que les matériaux de construction, l’automobile, l’informatique, la librairie ou encore le tissu.
Une position de leader qu’elles parviennent à conserver malgré une concurrence de plus en plus rude, en grande partie grâce à une bonne connaissance du marché et des attentes de la clientèle.

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