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Augmentation du prix des hydrocarbures: on a ouvert la boîte de pandore

Abdoulaye Tall, ministre en charge du commerce, gère ce dossier brûlant. (DR)

Le 11 mai 2022, le gouvernement du Dr Albert Ouédraogo a finalement entériné les propositions du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH). L’information principale est l’augmentation de 100 FCFA sur le litre du super à la pompe. La grande masse des usagers, jusque-là épargnée par la hausse des prix du pétrole à l’international, va donc payer un peu plus cher son carburant.
Et les conséquences en cascade liées à cette augmentation du prix du carburant ne se sont pas fait attendre. Dès le lendemain 12 mai, les professionnels des transports qui tentaient, en vain, d’augmenter le prix des tickets voyageurs et celui de la tonne kilométrique, sont passés à l’acte et ce n’est que le début.
Pire, cette augmentation arrive déjà dans un contexte d’inflation quasi générale des prix des principaux produits de grande consommation. Il y a un risque de flambée des prix, donc de tension sociale. C’est cette phobie d’avoir à gérer une crise sociale doublée d’une crise sécuritaire qui explique que tous les gouvernements précédents ont fait le mort, s’abstenant de répercuter systématiquement les fluctuations à la hausse du prix du baril à l’international sur le prix à la pompe pour le consommateur lambda.
Avant les élections de 2020 et après celles-ci, les gouvernements sous Roch Kaboré n’ont pas osé vraiment le faire. Ils ne voulaient pas s’aliéner l’opinion en cette période délicate de l’histoire de notre pays. C’est en mars 2021 que les dernières augmentations sur le carburant et le gaz ont eu lieu simultanément. Il s’agissait d’une augmentation de 10 FCFA par litre pour le prix du super 91, du gasoil et du pétrole. Une augmentation à dose homéopathique. Cependant, le prix de la bouteille de gaz butane de 12,5 kg, après un blocage depuis avril 2013, a également connu une augmentation de 500 FCFA. Celle-ci avait été décriée en son temps par les associations de consommateurs qui la considéraient trop élevée.
Les dernières augmentations sous le règne du MPSR datent du mois de mars 2022, soit près d’un an après. Elles n’avaient concerné que les grands emballages pour le gaz et pour le carburant ; les augmentations étaient limitées aux grandes entreprises et aux miniers à qui l’on appliquait la vérité des prix.

Situation exceptionnelle
Cependant, la présente hausse des prix du carburant du mois de mai 2022 a quelque chose de particulier. Elle semble avoir été faite en dehors du mécanisme habituel de fixation des prix à cause de son amplitude. En temps normal, les révisions de prix devaient fluctuer entre plus ou moins 50 FCFA, voire au maximum plus ou moins 75 FCFA. Que s’est-il passé ? Situation exceptionnelle, explique-t-on du côté du CIDPH, voire difficile même, à entendre le ministre en charge du commerce et de l’industrie, Abdoulaye Tall, lors du point de presse du gouvernement le 11 mai dernier. La subvention que l’Etat accorde aux ménages burkinabè devient intenable. En plus de cela, un trafic transfrontalier est venu s’y ajouter, profitant des prix relativement soutenus du Burkina pour alimenter certains pays voisins. Cette augmentation des prix n’annihile pas la subvention. Elle la maintiendrait juste à un niveau supportable encore par l’Etat, selon nos informations (voir encadré 2).
En fait, il nous revient que depuis mars 2021, le mécanisme de détermination des prix n’était plus vraiment appliqué à cause de la situation sociopolitique et sécuritaire.
Mais le mécanisme a cessé d’être appliqué depuis mars 2021 pour plusieurs raisons sociopolitiques et sécuritaires. C’est donc une augmentation exceptionnelle pour une situation particulièrement difficile. Le retour au mécanisme pourra effectivement permettre d’adoucir les variations de prix.o
FW

 

Encadré

Mécanisme de fixation des prix

Comment fonctionne le mécanisme de fixation des nouveaux prix ?
Le nouveau mécanisme de réajustement des prix des hydrocarbures au Burkina Faso a été signé par le chef de l’Etat le 14 novembre 2018 et se présente comme suit :
– la révision des prix à la pompe se fera tous les 3 mois au plus tard ;
– la moyenne des écarts calculée au cours des trois mois suivant le dernier réajustement des prix est répercutée sur le prix en vigueur pour obtenir le nouveau prix, sans excéder une variation de 75 FCFA par litre et par produit ;
– les prix à la pompe connaîtront un changement avant le terme des 3 mois, lorsque la variation par litre d’un produit, d’un mois à l’autre excède 50 FCFA;
– lorsque la moyenne des écarts calculée au cours des 3 mois suivant le dernier réajustement des prix excède 75FCFA par litre, une variation de 75 FCFA est répercutée sur le prix en vigueur pour obtenir le nouveau prix du produit et le reliquat est récupéré comme plus ou moins-value.

 

Encadré 2

De la subvention

Pour le mois de mai 2022, si les prix étaient restés inchangés, la subvention serait la suivante :
– 343.12 FCFA pour le super,
– 420,42 FCFA pour le gasoil,
– 3763,56 FCFA pour la bouteille de 6 kg
– 6507,37 FCFA pour la bouteille de 12,5 kg.
Donc, malgré l’augmentation, la subvention réelle est toujours de 243,12 FCFA par litre pour le super et 320,42 FCFA par litre pour le gasoil. Le gaz sans changements.

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RAF
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