Economie

PNDES 1 et 2: réduire la dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure

En début décembre 2021, le Burkina Faso va organiser la table ronde des bailleurs afin de lever des fonds pour le financement d’une partie de la deuxième phase du Plan national de développement économique et social (PNDES 2021-2025). L’élaboration d’un document de référence comme le PNDES répond à un souci de planification, coordination du développement. Il est aussi un support de plaidoyer pour la mobilisation des financements extérieurs.
Toutefois, un tel document cache les insuffisances du Burkina Faso en matière de financement du développement par des recettes propres. A l’analyse de la mise en œuvre de la première phase du PNDES, on note que le Burkina Faso reste dépendant vis-à-vis de l’aide extérieure.
L’analyse de la loi de finances rectificative intervenue au cours de l’exécution budgétaire de l’année 2020, fait ressortir en recettes un montant de 2.057,80 milliards FCFA et 2.532,76 milliards FCFA en dépenses.
Les recettes totales ont été mobilisées à hauteur de 1.953,56 milliards FCFA, traduisant un taux de réalisation global de 94,9%. Ainsi, les taux de mobilisation des recettes ordinaires et extraordinaires ressortent respectivement à 98,8% (1.651,95 milliards FCFA) et à 78,2% (301,61 milliards FCFA).
Les recettes extraordinaires provenant de l’aide extérieure représentent 15,47% des recettes budgétaires en 2020. Ces recettes extérieures sont composées essentiellement des appuis budgétaires des partenaires du Burkina Faso. La part des appuis extérieurs dans les ressources budgétaires (recettes et dons) a connu une baisse continue entre 2016 et 2019, en passant de 24,9% à 15,0%. Cependant, elle a été en légère hausse en 2020, s’établissant à 15,4%.

Cette baisse des appuis budgétaires correspond à la période de mise en œuvre du PNDES, phase 1. Durant la période, les partenaires du Burkina Faso ont préféré financer les projets d’investissement que de contribuer aux appuis budgétaires afin de compenser le déficit budgétaire.

En effet, le Burkina Faso a reçu 1.232,71 milliards FCFA au titre des financements extérieurs en 2020. Ce montant est en hausse de 38,3% en 2020, comparé à 2019. Cette aide a servi pour l’essentiel au financement des projets dans tous les secteurs sociaux et économiques.
Le financement extérieur connait une courbe ascendante entre 2016 et 2020.

Les 1.232,71 milliards FCFA de financements extérieurs concurrencent avec les 1.651,95 milliards FCFA de recettes internes collectées en 2020. Il ressort de cette comparaison que le Burkina Faso dépend grandement de ses partenaires extérieurs pour le financement de ses investissements.
Une situation qui risque de se poursuivre dans le cadre du PNDES, phase 2, puisqu’en 2020, on a noté une hausse du montant des conventions signées pour les financements extérieurs. Ces conventions sont valables pour les prochaines années. En effet, en 2020, le gouvernement burkinabè a signé, avec ses partenaires au développement, 122 conventions de financement, dont 29 conventions avec les partenaires bilatéraux, 32 avec les multilatéraux et 61 avec les ONG. En 2020, il n’y a eu aucune nouvelle convention signée en Partenariat public-privé (PPP). Le montant total de ces conventions s’élève à 1.021,28 milliards FCFA, contre 976,88 milliards FCFA en 2019, soit une hausse de 2,8%. Ces données sont de la Direction générale de la coopération (DGCOOP).
L’analyse du montant total des conventions de financement signées en 2020 fait ressortir une prédominance de la part des partenaires bilatéraux (50,5%) suivis des partenaires multilatéraux (30,9%) et des ONG (18,6%). Comparativement à 2019, on note une hausse considérable de 72,2% du montant des partenaires bilatéraux. Cette hausse s’explique par la signature du nouveau Compact entre le Burkina Faso et les États-Unis d’Amérique dont le montant est d’environ 247,50 milliards FCFA.
Selon le type de financement, les conventions sont dominées par des dons (70,0%) par rapport aux prêts (30,0%). Les dons ont été majoritairement octroyés par les partenaires bilatéraux (48,4%), suivis des ONG (26,6%) et des multilatéraux (25,0%). Concernant les prêts, ils ont été octroyés par les partenaires bilatéraux (55,3%) et multilatéraux (44,7%).o
Elie KABORE

 

Encadré

Baisse des appuis budgétaires

L’analyse de la situation de l’exécution des dépenses à fin décembre fait ressortir un niveau d’exécution de 2.424,89 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 95,7%.
Les dépenses budgétaires comprennent les dépenses courantes de l’Etat et les dépenses en capital composées des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement ont été exécutées à hauteur de 697,30 milliards FCFA. Ces dépenses d’investissement sont composées des financements intérieurs et extérieurs qui se sont exécutés respectivement à hauteur de 92,4% et 81,0%.
Comparé à l’année 2019 (74,8%), le taux d’exécution des dépenses d’investissement global est en hausse, ressortant ainsi à 87,4%. S’agissant du taux d’exécution des investissements sur financements extérieurs, il a connu une nette amélioration, passant de 45,2% en 2019 à 81,0% en 2020. Cette amélioration du niveau d’exécution s’explique en grande partie par les efforts d’allègement des procédures consentis par les partenaires dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 et l’insécurité.
Comme indiqué plus haut, les appuis budgétaires ont connu une baisse en faveur des dépenses des projets. Une évolution de ces types de dépenses a été observée sur la période 2016-2020. En effet, la part des dons et prêts projets dans le budget d’investissement est passée de 37,5% en 2016 à 24,5% en 2019 pour s’établir à 37,6% en 2020.
Il ressort, certes, une baisse continue du niveau de la dépendance du budget national vis-à-vis de l’aide extérieure entre 2016 et 2019, mais le budget 2020 a été marqué par une hausse de la dépendance vis-à-vis des ressources extérieures, consécutive au soutien exceptionnel des partenaires face aux chocs d’insécurité et sanitaires.

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