Dossier

Globumi : « Nous avons enregistré des pertes avant la note du CREPMF»

Si le Ditanyè a retenti ce 5 mai 2020 dans l’enceinte du nouveau siège de la société GLOBUMI (Global Business Management Institute), ce n’était pas pour un lever de drapeau. L’hymne national burkinabè, chanté par une trentaine de traders et d’investisseurs, avait pour but de faire sortir les premiers responsables de leurs bureaux. Ces manifestants, mécontents, espéraient des réponses claires à leurs difficultés du moment.
D’où vient donc le regroupement de mécontents au siège de Globumi et ce, malgré la Covid-19 ? Selon l’un des investisseurs présents, M. Vaillant, il y a 6 mois, quand nous luttions pour le dégel des comptes, Globumi nous a assurés que si l’opération était effective, en 24h, nous serions payés. Pour ces manifestants, depuis le 15 mars, aucun paiement n’est encore effectif. Ils veulent donc comprendre.

Je sais que je vous dois, je le reconnais et j’assume
Après deux heures d’attente, sous le soleil, sans eau pour se désaltérer et suant à grosses gouttes, leurs cris ont été entendus. Et c’est le DGA de Globumi, Solomane Diallo, qui a fini par se présenter à eux, avec des explications. Dans un discours d’une dizaine de minutes, il a demandé l’indulgence et la compréhension des uns et des autres, ainsi que la mise en place d’un protocole d’accord. Un discours qui n’a pas satisfait les manifestants. S’en suit donc une séance de questions réponses.
« Je sais aujourd’hui que c’est moi qui vous dois, je le reconnais et j’assume. Ce que nous sommes en train de demander, c’est du temps, six mois, sur la base de simulations qui sont faites», demande Solomane Diallo aux investisseurs en colère.
Et d’expliquer que Globumi avait prévu une Assemblée générale, qui est suspendue à cause de la pandémie. En attendant donc, et dans l’objectif de pouvoir communiquer librement avec ses membres, une proposition a été faite de constituer un groupe uniquement d’investisseurs de Globumi, soit environ 10.000 personnes. A partir de ce groupe, « nous allons présenter une feuille de route et ce que nous souhaitons, c’est de parvenir à un protocole d’accord qui mentionne en son sein, toutes les démarches et tous les procédés pour que chaque investisseur soit rétabli dans ses droits. Ce protocole pourrait être supervisé par un comité de sages, d’investisseurs regroupant toutes les couches », a proposé le DGA de la société aux investisseurs.

Des pertes enregistrées bien avant l’alerte du CREMPF
« Nous avons dû clôturer nos comptes dans des banques avant que la note du CREMPF ne survienne. Cet argent récupéré, a servi à renforcer des positions sur les plateformes. Malheureusement, nous avons rencontré des situations de pertes. Juste après cela, la note du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés (CREMPF) de l’Uemoa est arrivée avec tout ce qui s’est passé ensuite jusqu’au gel des comptes. C’est cette situation que nous avons essayé de gérer de sorte qu’au moment où le dégel sera effectif, que nous commencions à payer », a affirmé Solomane Diallo.
Ces difficultés, « nous les avions jugées surmontables avant terme, parce que beaucoup de simulations avaient été faites et nous allions être en mesure de payer au moment du dégel. Toujours selon lui, le montant des fonds disponibles actuellement n’est pas comparable aux investissements qui ont été faits par Globlumi, juste avant la sortie du CREPMF.
Selon ses dires donc, c’est entre juillet et août que la société a subi des pertes. Il annonce aussi que des comptes ont été clôturés avant la note du CREMPF de l’Uemoa, note intervenue le 7 mai 2019. Le Conseil régional de l’épargne publique des marchés a-t-il eu connaissance des difficultés rencontrées par Globumi avant 2019 ? Avec ce nouvel éclairage, on peut affirmer qu’au moment où la note du CREMPF arrivait, l’argent dans les comptes avait déjà été positionné sur des plateformes. Ainsi, certains investisseurs n’ont pas eu de retombées de leur argent depuis cette période. Ils devraient encore attendre 6 mois, pour espérer récupérer leurs sous.

Les paiements ont débuté le 19 mars 2020
Tout a débuté avec le communiqué N°006/2020/ du 20 mars 2020, signé par le Directeur général adjoint (DGA) de Globumi, Solomane Diallo. Ce communiqué, toujours affiché à la porte de la structure, informait les investisseurs que les opérations de paiement ont débuté le 19 mars 2020, ce, conformément aux autorisations reçues par le juge d’instruction. Le dégel partiel des comptes a été fait le 15 mars 2020.
Ce communiqué informait aussi que les paiements se feront par palier. En effet, un calendrier de paiement sera établi chaque mois, sur la base, d’une part, de l’ancienneté des contrats des clients, et d’autre part, des plus petits montants allant vers les plus gros montants investis. Des paiements qui se feront également en tenant compte des moyens de paiement choisis par chaque investisseur dans le cadre d’investissement signé. Autre mention non moins importante, les investisseurs devaient attendre d’être contactés par la Direction de Globumi avant d’effectuer tout déplacement au siège de la société.
Une semaine après, le 27 mars, un autre communiqué de la société informait qu’en raison de la pandémie de Covid-19, Globumi ferme temporairement ses portes à compter du 30 mars jusqu’à nouvel ordre. Toutefois, elle rassure les clients qu’un calendrier de paiement sera établi et mis à la disposition des investisseurs à chaque fois que Globumi « recevra du juge une autorisation de payer, au regard de la procédure judiciaire en cours ».
NK

Genèse des faits

– Le 7 mai 2019, le Conseil régional de l’épargne publique et du marché financier (CREMPF), organe de l’Umoa, a publié un communiqué dans lequel il met en garde l’opinion sur la récurrence d’offres de placement aux promesses de rendements élevés au Burkina Faso. Nisfaso, Globumi, Ontega Trading Finance, Avatrade Finance et Sofato ont été mis à l’index par le régulateur du marché financier de l’UEMOA.
– Après ce communiqué, la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), les sociétés Globumi et Barka Finances international SARL, le Club des jeunes entreprenants du Burkina Faso (CJEBF) et d’autres structures similaires se sont empressés de vider et clôturer leurs comptes bancaires ouverts dans les livres des banques de la place. Le 20 mai 2019, la CENTIF a demandé aux banques de sursoir à toute opération sur les comptes des sociétés incriminées.
– Le 22 mai 2019, le ministre de l’Economie et des Finances (MINEFID) a déposé une requête émanant de la présidente de la Centif, aux fins de saisine d’un juge d’instruction du Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des infractions économiques et financières pour la prise d’une ordonnance de séquestre provisoire de fonds des sociétés incriminées, dans le souci d’éviter de tels agissements préjudiciables aux épargnants.
– Le 22 mai, le juge d’instruction a ordonné le séquestre de 5 comptes dans des banques nationales et a désigné chaque banque concernée pour la mise en œuvre du séquestre.
– Le 15 janvier 2020, le juge d’instruction a modifié les ordonnances de séquestre sus citées en vue de permettre aux comptes bancaires des sociétés de trading de recevoir les retours sur investissements logés sur les plateformes de trading.
– Les 10 et 11 mars 2020, les sociétés Globumi, Barka Finances international SA, Royal Finance SA et le Club des jeunes entrepreneurs du Burkina Faso ont déposé des demandes de dégel des comptes bancaires afin de désintéresser partiellement les investisseurs, individuellement ou en groupe, en attendant le rapatriement des fonds :
• La société Royal finance SA propose de restituer 100% des souscriptions comprises entre 100.000 et 300.000, ce qui concerne 2.300 investisseurs pour un montant total de 419.320.000 F CFA ;
• Barka Finances international SA propose de restituer les sommes comprises entre 300.000 et 1 million F CFA, ce qui concerne 1.231 investisseurs pour un montant total de 700.030.000 F CFA ;
• Globumi explique ne disposer que de la somme de 15 millions FCFA environ dans ses comptes pour désintéresser 25 investisseurs triés sur le volet ;
• Le Club des jeunes entrepreneurs du Burkina Faso (CJEBF) a proposé de restituer les sommes comprises entre 100.000 et 500.000 pour 2.867 investisseurs ;
– La requête est approuvée par le juge d’instruction le 13 mars 2020 et les sociétés peuvent désormais disposer des fonds dégelés. Le juge d’instruction rappelle qu’en outre, l’utilisation des retours sur investissements qui sont toujours en attente d’être rapatriés dans les comptes bancaires reste soumise à une autorisation du juge d’instruction.

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