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Concurrence déloyale « La faute à l’Etat burkinabè », Moussa Dabo de l’ONACOM-B

Ils veulent une concurrence saine et loyale dans le commerce. Ils veulent aussi que chaque acteur dans le secteur, grossiste, demi-grossiste et détaillant reste à sa place sans interférer l’autre. Mais à l’arrivée, tel n’est pas le cas malgré l’adoption de la loi 016-2017 sur l’organisation de la concurrence au Burkina Faso. Pour l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOM.B) « trop c’est trop », ils souhaitent que cette concurrence déloyale cesse et que l’Etat applique rigoureusement la loi et les textes communautaires régissant le commerce. Dans une interview qu’il nous a accordée le 10 juillet 2019 au siège de l’organisation, le vice-président, Moussa Dabo, souligne que les commerçants sont prêts aujourd’hui à quitter l’informel pour le formel où il y a plus d’avantages, pourvu que les impôts revoient les tarifications. Lisez plutôt !

L’Economiste du Faso : Quelles sont les pratiques concurrentielles que l’ONACOM-B dénonce depuis des années au Burkina Faso ?
Moussa Dabo : Au Burkina Faso, le commerce n’est pas bien organisé. C’est ainsi que sur le terrain, on se retrouve avec des fabricants qui vendent en gros, demi-gros et en détail. Les grands importateurs, eux aussi, vendent en gros, en demi-gros et en détail. En principe, les grossistes doivent rester dans leur rôle, les demi-grossistes et les détaillants même chose. A l’heure actuelle, ce qui nous préoccupe le plus, ce sont les fabricants qui étaient à l’extérieur (Asie, Europe, Moyen-Orient…) qui se sont déportés au Burkina Faso pour faire la distribution sur place. Et cela, au détriment des opérateurs économiques burkinabè qui partaient chez eux pour importer ces mêmes marchandises. Ces fabricants débarquent chez nous, louent des magasins et distribuent eux-mêmes leurs produits. Face à cette situation qui n’est rien d’autre qu’une concurrence déloyale, si rien n’est fait d’ici à deux ans, on n’aura plus d’opérateurs économiques au Burkina Faso. Vous savez, cette concurrence déloyale fait perdre d’énormes sommes aux recettes de l’Etat. Les textes communautaires de la CEDEAO permettent à tout commerçant ressortissant de ses Etats de vendre en détail et si tu n’es pas de cet espace communautaire, tu ne peux pas le faire. Nous demandons juste à l’Etat burkinabè que ces textes communautaires soient appliqués pour protéger le commerce burkinabè. A part le Burkina Faso, ces lois et textes communautaires sont scrupuleusement respectés dans les autres pays.

Vous voulez dire qu’il n’y a que le Burkina Faso qui permet cela ?
Oui, et nous ne comprenons pas pourquoi. Dans les autres pays, les Etats autorisent aux fabricants d’envoyer leurs produits mais ils restent cartonnés dans des zones spécialement aménagées comme la Zone d’activités diverses (ZAD) où ils font des dépôts et ne peuvent vendre à n’importe qui. Avec ce système, chaque acteur de la chaîne de commerce reste à sa place. Or, chez nous, ils construisent même des dépôts dans des quartiers habités, ils s’érigent en grossistes, en demi-grossistes et en détaillants. Cela est inacceptable. Le plus grave, dès qu’ils s’installent chez nous, ils louent les tricycles où ils mettent leurs marchandises et tournent dans les différents marchés et yaars du pays pour les vendre. Cette pratique se fait au détriment des grossistes. Et cela est une grande perte financière pour notre économie. La dernière fois, au cours d’une rencontre des acteurs à la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat, le Directeur général des Douanes nous faisait part de sa crainte sur ce sujet. Il révélait que ses services ne voyaient pas passer les déclarations de dédouanement des marchandises des pays provenant d’Asie et d’Europe qui s’adonnent à cette pratique déloyale. Pourtant, ils sont là en train de faire la distribution. La déduction qu’on peut faire est qu’il y a des acteurs complices qui dédouanent ces marchandises à la place de ces importateurs. Mais à quel prix ?

Pour vous, la complicité est évidente ?
Oui. La Douane dit constater des marchandises qui se vendent sur le territoire national et dans le même temps, leur déclaration de dédouanement n’y figure pas dans leur base de données. Il faut dénoncer ces complices internes, car cela ne fait pas avancer notre économie nationale. Ces faits sont également dénoncés au niveau des Impôts. Nous déplorons aussi le fait que ces entreprises venues d’ailleurs emploient peu de Burkinabè. Nous nous souhaitons qu’elles recrutent des cadres burkinabè (un comptable et directeur commercial qualifiés). Ainsi, le chômage va diminuer et tout cela sera bénéfique pour tous. Si on n’y prend garde, dans deux ans, les commerçants ne pourront même plus payer leurs impôts. Ce matin (mercredi 10 juillet 2019), certaines commerçantes du grand marché sont venues me voir pour dire que les chaussures qu’elles partaient payer au Togo et au Nigeria, il y a des commerçants indiens, chinois qui tournent dans les marchés pour les distribuer. Ils leur proposent un carton de chaussures à 3250 FCFA et elles, elles revendent à 3500 FCFA, soit un bénéfice de 250 FCFA. Vous voyez comment la situation que nous dénonçons est très grave. C’est pourquoi, nous ne cessons d’interpeller les autorités compétentes.

Mais est-ce que depuis vos interpellations, vous avez pu rencontrer votre ministère de tutelle qu’est celui du Commerce ou toute autre autorité compétente ?
C’est vrai que l’ONACOM-B a contribué avec ses propositions à l’adoption de la loi 016-2017/AN portant organisation de la concurrence au Burkina Faso. Mais ce que nous déplorons c’est son inapplication sur le terrain. Si cette loi est appliquée, c’est sûr qu’on constatera un grand changement dans le secteur. Même ici au Burkina Faso, nos sociétés industrielles doivent respecter scrupuleusement cette loi. En ce sens qu’elles doivent rester dans leur rôle de fabricant des produits. Heureusement que d’autres l’appliquer déjà. Quant vous partez payer chez eux, ils te donnent le tonnage à prendre si tu peux prendre, tu es obligé de te réfère aux autres grossistes existants. Le commerce c’est une chaîne, si elle est brisée, personne n’y gagne. Il faut que les autorités se lèvent tôt et ne pas laisser les commerçants régler ce problème eux-mêmes.

A vous écouter, ce laisser-aller est imputable au gouvernement burkinabè ?
Absolument ! Puisque c’est l’Etat seul qui peut règlementer cette situation et ainsi permettre aux étrangers et aux autochtones de pouvoir exercer leur métier. Actuellement, le Burkina Faso fait face à l’insécurité, si dans cette atmosphère, des gens doivent venir d’ailleurs pour s’accaparer du peu d’argent que les commerçants peuvent encore se partager, cela va créer nécessairement des tensions. Regardez par exemple, nous constatons beaucoup de marques de certaines entreprises étrangères qui sont représentées au Burkina Faso. C’est ainsi que quand un commerçant part auprès de ces entreprises étrangères pour payer les marchandises, elles rétorquent que de retourner au pays, qu’ils ont déjà une représentation. Où quand tu arrives à payer avec eux, ils te vendent la marchandise cher pour que tu ne puisses pas la distribuer afin d’avoir ton bénéfice. Et ici au pays, leur représentation vend aux demi-grossistes et aux détaillants à des tarifs concurrentiels. Moi, j’ai commencé le commerce en 1976 au grand marché de Ouagadougou. En ce moment, il y avait des Syriens et des Libanais qui vendaient dans les boutiques et pratiquaient le détail mais qui ne dérangeaient pas l’activité des autres commerçants. C’est ainsi que tu pouvais acheter au grand marché, un pantalon à 400 FCFA et dans les boutiques de Syriens et Libanais à 1000 FCFA. Mais ce dernier prix n’était réservé qu’aux nantis. Mais à l’heure actuelle, tout a changé. Le même pantalon que tu achètes à 600 FCFA au grand marché, chez les Libanais, tu vas l’acheter à 400 FCFA.

Est-ce que dans votre lutte, vous êtes accompagné par d’autres associations ?
Presque toutes les associations et organisations syndicales épousent notre démarche. Dans cette quête de justice, nous souhaitons l’accompagnement de la Chambre de commerce et du Patronat burkinabè.

Est-ce que l’une de votre faiblesse n’est pas due au fait que la majorité de vos membres exercent dans l’informel ?
Vous savez, en vérité, il n’y a pas grand écart entre l’informel et le formel. Sauf qu’au niveau de l’informel, c’est le chiffre d’affaires qui pose problème. Il faut arriver à déterminer à partir de quel montant on dit qu’un tel exerce dans l’informel et l’autre dans le formel. 20, 30, 50 millions, il n’y a pas de précision exacte. Aussi, il y a que les acteurs de l’informel redoutent les taxes à verser aux services des impôts. Voici des problématiques que nous allons évoquer avec le chef d’Etat lors du Forum national sur l’économie informelle le 20 juillet 2019. Ainsi, les institutions étatiques et celles financières pourront voir quel mécanisme mettre en œuvre pour que cette mutation se fasse ; parce que dans le formel, il y a plus d’avantages que dans l’informel. Si l’activité du commerce est bien organisée, je ne vois pas pourquoi les acteurs ne chercheraient pas à aller vers le formel. Mais si c’est pour taxer les commerçants à la tête du client, cela ne marchera pas. Souvent, vous voyez des commerçants qui vendent des marchandises alors qu’en réalité, ce ne sont pas eux les propriétaires. Très souvent, c’est pour un de leurs frères ou leur patron.

Interview réalisée par Ambèternifa Crépin SOMDA

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RAF

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