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Tribune

Pourquoi le Maroc est un acteur majeur de la sécurité en Afrique – Par : Michel Boyer

Le continent africain est aujourd’hui soumis à des tensions et des crises qui en font, à travers les situations complexes et diversifiées des Afriques: Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Corne de l’Afrique et Cône austral, Afrique des grands lacs et Bande sahélo-saharienne,  un des espaces les plus conflictualisés du globe.
Les conflits actuels sont polymorphes: interétatiques, intra-étatiques et trans-étatiques; ils regroupent parfois deux, voire trois de ces caractéristiques et il est à noter qu’ils présentent deux dynamiques essentielles et communes, celle tout d’abord concernant les populations plus que jamais tout à la fois acteurs et enjeux des conflits (en Afrique plus de 30% de la population est en contact direct avec la violence armée), l’influence et le rôle actif ensuite  de puissances étrangères,  dans le cadre du renouvellement des rapports de force d’un système mondialisé de plus en plus multipolaire, concurrentiel et interdépendant.
Face à ce catalogue «à la Prévert» de tensions et de crises, force est de constater les défaillances de la communauté internationale et plus particulièrement de l’ONU.
En effet, il semble que dans l’incapacité de régler les conflits en Afrique, le bras armé de l’Organisation des Nations unies: Le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) se contente de les «stabiliser» tout en s’efforçant d’assurer la sécurité des populations face, en particulier, aux «groupes armés». Ce double mandat plus contraint que déterminé et objectivé  ne répond ni aux spécificités des crises, ni à la nécessité de créer les conditions de la paix et de son respect. 95.000 Casques bleus sont ainsi impuissants à ramener la paix en fonction de mandats modélisés (Minusca; Monusco; Minusma) inadaptés aux conditions spécifiques des acteurs et des dynamiques politiques, économiques, sociales toutes différentes.
Aujourd’hui, l’ONU entretient 15 missions pour la paix avec un budget de 7,8 milliards de dollars et il s’agirait pour mettre un terme à ce «tonneau des Danaïdes», de définir très précisément et pour chaque théâtre d’engagement une véritable stratégie de résolution des conflits et non se contenter de  leur fausse et précaire  neutralisation.
Or, depuis  2017, les USA, premier contributeur financier de l’ONU, ont réduit de 1,3 milliard de dollars leur participation.
La première puissance mondiale a cependant et depuis un peu plus de dix ans engagé une stratégie spécifique en Afrique, dont l’ampleur et la montée en puissance relèvent des enjeux de rapports de force internationaux (tentatives d’intrusion de la Chine et autres puissances émergentes dans les économies du continent) et de sa guerre globale contre le terrorisme. Des programmes d’accords régionaux viennent renforcer ces accords bilatéraux. Les USA ont ainsi mené, ces dernières années, des centaines d’exercices opérationnels avec des forces africaines et sont en 2019 les premiers formateurs des forces armées des Etats du continent.
La stratégie US relève de la notion de «Light foot print» ou empreinte légère qui a pour but de ne pas trop dévoiler sa présence et de ne pas apparaître comme un acteur belligérant dans les crises du continent.
Les Etats qui reçoivent une importante aide financière US pour le développement, en particulier dans le cadre de programmes de soutien alimentaire et de santé publique, soit plus d’un demi-milliard de dollars annuel (Nigeria-Ethiopie-Kenya-Afrique du Sud) constituent des points d’appui de la politique de déploiement US et d’«endiguement» face aux tentatives d’influence, de pénétration des marchés et d’exploitation des ressources naturelles africaines par les nouvelles puissances émergentes (essentiellement la Chine qui, pour sa part, déploie elle aussi de nombreux conseillers en Afrique en fonction d’accords bilatéraux économiques et de vente d’armement à très bas prix).
Cependant, il est légitime de s’interroger sur les résultats de cette stratégie globale US dans sa nouvelle approche du continent africain. Tout d’abord, parce que les programmes de formation US près de forces armées d’Etats parfois peu ou pas stabilisés par un processus démocratique et de paix civile et la livraison d’armes aux «ennemis des ennemis» dans le cadre de la «Light foot print» pour faire mener des «combats en Afrique par les Africains», présentent, d’une part, le danger de privilégier les nécessités de l’urgence et du court terme; et celui d’autre part, tout à fait avéré mais à plus long terme, de générer de nouvelles fragmentations, dissidentes et criminelles dues à l’état de déliquescence d’armées qui ne sont pas sous le contrôle d’Etats de droit (cas de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Syrie dans un proche passé et un présent tout d’actualité).

Par ailleurs, en voulant maîtriser les effets et non pas les causes d’un problème pour le solutionner, le pire, à défaut d’être attendu, est souvent assuré. L’Afrique, tout comme l’Orient «est» compliquée. Elle ne se résume pas en quelques idées simples et si, en politique, l’option militaire peut parfois être un moyen – à mesurer avec beaucoup d’attention et de précautions –, il est inconséquent, l’Histoire nous le prouve, de la considérer comme une fin. Ainsi, me semble-t-il, la sécurité du continent africain relève surtout du renforcement et de l’indépendance des Etats et des solutions issues de leur  propre gouvernance, qu’il s’agit pour la communauté internationale, de renforcer avant tout, dans un système de relations géoéconomiques et géopolitiques plus équitables.
A ce titre, le Maroc est un acteur essentiel et en devenir de la paix et de la sécurité en Afrique.
Le Maroc est entré en 2018 au sein du Conseil de paix et de sécurité (CPS) pour un mandat renouvelable de deux ans (2018- 2020). Il a recueilli à cette occasion plus des deux tiers des voix  nécessaires pour cette élection au sein de l’UA. Le CPS se compose de 15 Etats membres, à savoir dix pays élus pour un mandat de deux ans et cinq autres élus pour un mandat de trois ans, ceci, afin d’assurer une continuité dans les activités du CPS. Le Maroc confirme ainsi son positionnement au titre de la coopération transafricaine  pour une «Afrique indépendante, stable et prospère». Il confirme aussi l’engagement personnel et la vision géopolitique multilatérale de son souverain qui a visité ces dernières années, plus de 25 pays africains et conclu plus d’un millier d’accords et de conventions de coopération économique et de développement sous toutes les formes.
Le Maroc possède une réelle expérience en termes de médiation et d’intervention dans les questions de paix et de sécurité en Afrique. Depuis les années 90, 60.000 Casques bleus marocains ont participé aux opérations de maintien de la paix en Afrique: en Somalie, au Congo, en RDC, en Côte d’Ivoire et en République centrafricaine. Les FAR reconnues pour leur compétence et leurs aptitudes lors des opérations pour la paix en ex-Yougoslavie; pour leur valeur et leur expérience du combat ces dernières années dans le cadre d’engagement de haute intensité, ce dont je peux  témoigner  à titre personnel, représentent  un atout essentiel pour l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) et pour gérer avec une vision africaine et  des compétences africaines, les tensions et les crises sécuritaires du continent, en particulier en Afrique de l’Ouest. Mais cela se mesure aussi et surtout dans le cadre plus élargi du lien transméditerranéen.

L’Economiste Edition N°:5534
Le 13/06/2019


De nouveaux atouts pour l’UA

Evoquer la paix et la sécurité en Afrique c’est établir le constat de l’échec de la communauté internationale face à l’accroissement et au développement des conflits sur le continent. C’est aussi s’inquiéter du retour des stratégies de puissance, en ce cas particulier de la première puissance mondiale et des conséquences des choix et des moyens de  son action. C’est enfin présenter l’émergence et la volonté des Etats africains dans le cadre de la construction d’une «Architecture de paix et de sécurité» pour se donner la capacité de gérer mais surtout de résoudre les crises africaines avec des moyens africains indépendants. Le Maroc s’inscrit dans cette dynamique depuis son retour au sein de l’UA et plus particulièrement par son entrée au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans l’espérance d’un avenir commun de paix et de sécurité à construire entre Africains.

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