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Cité-relais de Saponé et de Dapelgo: le DG de l’Urbanisme rassure

Que deviennent les projets de relais-cité de Saponé et Dapelgo? Initié en 2013 pour l’un et en 2017 pour le second, ces projets du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat ne sont toujours pas visibles sur le terrain. Pour comprendre les retards dans la mise en œuvre de ces cités, L’Economiste du Faso a approché la Direction générale de l’Urbanisme. Dans cette interview, le premier responsable de la Direction, Marc Ouédraogo, rassure. Les choses bougent, selon lui.

L’Economiste du Faso : Parlez-nous des cités-relais de Saponé et de Dapelgo. Qu’est-ce qui a motivé la création de telles zones et où en sommes-nous dans le processus aujourd’hui ?
Marc Ouédraogo, Directeur général de l’Urbanisme: Je vous souhaite la bienvenue à la Direction générale de l’Urbanisme et merci pour cette démarche. Je crois que lors de la conférence de presse de la semaine écoulée, le ministre reprochait le fait que certains médias ne partaient pas à l’information d’abord et se contentaient d’informations primaires, rarement vérifiées, et les publient. Ce sont des informations de nature à créer la confusion. Je voudrais saluer la démarche de nous approcher pour savoir ce qu’il en est.
Pour les deux cités-relais, celui de Saponé a démarré par un tirage au sort en 2013 et celui de Dapelgo a eu lieu en 2017. Les cités-relais sont une idée du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat et au départ, l’objectif était de créer des centres urbains relais, comme le nom l’indique.

Depuis 2013 donc, le projet cité-relais de Saponé est presqu’au point mort, que se passe-t-il ?
Pour Saponé, le tirage au sort s’était relativement bien passé, grâce à l’assistance des notaires pour assurer la transparence.
Comme dans le processus, ce sont des terres de populations que nous prenons pour l’aménagement. En guise de compensation, nous aménageons ce que nous appelons une trame d’accueil. Donc il y a les cités et les trames d’accueil.
Pour le côté cité, l’opération s’est bien passée. Pour le cas de la trame d’accueil, il devait faire l’objet d’attribution aux populations en collaboration avec la Mairie de Saponé. Entretemps, il y a eu des bruits autour de l’opération cité-relais de Saponé, une partie de la population revendiquait une partie de la cité au nom du fait qu’il y a des lieux sacrés et des tombes de parents, etc. Donc, il y a eu des tentatives de résolution de cette situation. Entretemps, ces mêmes populations s’étaient attaché les services de ce qu’elles ont appelé le Collectif, qui était leur interlocuteur vis-à-vis de l’administration pour défendre leurs droits. Il y a eu des incompréhensions entre eux à la fin. Mais fondamentalement, il faut le dire, la clé du dénouement de la situation de Saponé relevait beaucoup plus du processus d’attribution des parcelles de la trame d’accueil.
Mais ce sont les crises successives au Conseil municipal de Saponé qui ont vraiment sapé le processus. Sans le Conseil municipal, l’administration ne pouvait pas intervenir directement et les populations aussi, comme elles n’ont pas eu les compensations, elles ne comprennent pas et craignent qu’en laissant les attributaires construire, elles vont se retrouver sur le carreau.

Ces problèmes ont refroidi les attributaires des parcelles…
Les populations ont plus ou moins pris cette décision que tant qu’elles n’ont pas leurs parcelles, pas de construction. Donc tous ceux qui y mettaient pieds étaient refoulés et après des tentatives, les attributaires se sont résolus à attendre patiemment, et pour nous, c’est l’occasion de vraiment présenter nos excuses aux bénéficiaires des parcelles de Saponé, parce que nous pouvons dire qu’ils ont fait preuve de patience. Depuis 2013, tu payes ton argent, tu veux aller investir, tu es bloqué et si jusque-là, nous n’avons pas eu de tambouilles, nous ne pouvons que présenter sincèrement nous excuses et vraiment les rassurer, parce que nous sommes aujourd’hui sur une bonne voie par rapport à la relance de la cité-relais de Saponé.

Comment prévoyez-vous la relance de cette cité ?
Des initiatives ont été engagées et dans le mois de février, nous avons pris attache avec l’équipe municipale de Saponé. Au total, nous avons tenu 3 rencontres dans le sens de la relance du projet. On s’est donné des idées sur les personnes à toucher pour faciliter la reprise. Après l’équipe municipale, nous avons rencontré certaines personnes ressources qui nous avaient été recommandées pour que l’on se comprenne sur le processus. Je peux rassurer que nos rencontres ont été fructueuses. La dernière en date c’était le lundi de Pâques. Nous avons rencontré les personnes ressources ce jour-là et à les écouter, nous avons compris, à travers nos échanges, que la clé réside dans l’attribution des parcelles de la trame d’accueil.
Nous sommes maintenant sur la voie de comment attribuer ces parcelles en toute transparence, prenant en compte les préoccupations des uns et des autres pour que le processus rencontre la satisfaction des différents protagonistes.
Pour votre information, demain encore, nous devrons nous rendre à Saponé pour le même motif et nous pensons qu’à l’issue de cette rencontre, nous présagerons de ce qui va en sortir mais les tendances montrent que ça doit pouvoir aller dans le bon sens et après cela, ça sera l’étape de convenir de comment on donne les compensations aux populations concernées pour que ceux qui ont souscrit au tirage et qui ont payé et soldé puissent aller investir sur leur terrain.

Comment réagit la population locale face à vos rencontres ?
Pour la population locale, elles sont conscientes que si depuis lors, les attributaires étaient venus pour investir ça aurait constitué des créations d’emplois et donc une source de revenus et une certaine dynamique pour la population d’accueil. Elles-mêmes elles sont conscientes que ce blocage ne les arrange pas. En réalité, s’il n’y avait pas eu des difficultés au niveau du Conseil municipal, c’est un processus qui aurait dû être réglé. Vous avez suivi que depuis lors, le Conseil municipal n’a jamais eu la stabilité qu’il fallait, c’est actuellement qu’il faut parler de stabilité.

Vous parlez de compensation des populations, y a-t-il eu un travail d’identification des bénéficiaires de la trame d’accueil ?
Le processus n’a pas encore été fait. Après les rencontres, la prochaine étape est de voir comment on attribue. Il faudra répondre aux questions qui doivent en bénéficier, à qu’elle hauteur, sur qu’elle critère, etc. ? Il faut noter qu’en tout, la cité et la trame d’accueil seront érigées sur une superficie de 450 hectares.

Quel est l’état des travaux qui avaient été effectués depuis 2013 sur le site ?

Dès le lendemain du tirage, ces travaux ont été effectués. Nous avons procédé à l’aménagement des voies, à la construction des caniveaux, les poteaux d’électricité, qui malheureusement ont reçu la visite de gens, les câbles ont été arrachés. L’eau aussi a été mise en place. Aujourd’hui, comme l’espace n’a pas été utilisé, certaines voies aménagées qui ont été détériorées, il va falloir reprendre et tout ça va faire partie des discussions. Sans doute qu’il va falloir dégager des ressources pour pouvoir au moins ramener ça à un niveau acceptable.. (DR)

C’est l’autre conséquence dommageable que nous relevons par rapport à ce processus. Dès le lendemain du tirage, ces travaux ont été effectués. Nous avons procédé à l’aménagement des voies, à la construction des caniveaux, les poteaux d’électricité, qui malheureusement ont reçu la visite de gens, les câbles ont été arrachés. L’eau aussi a été mise en place. Aujourd’hui, comme l’espace n’a pas été utilisé, certaines voies aménagées qui ont été détériorées, il va falloir reprendre et tout ça va faire partie des discussions. Sans doute qu’il va falloir dégager des ressources pour pouvoir au moins ramener ça à un niveau acceptable.

Parlons de la cité-relais de Dapelgo, quel est le problème ?
Je ne suis pas tellement à l’aise pour en parler, mais bon. Vous savez, le tirage au sort a eu lieu courant juillet 2017 et les attributaires avaient jusqu’au 20 décembre 2017 pour solder. A l’issue de cette échéance, nous devrions envoyer les listes aux Domaines de Ziniaré parce que Dapelgo fait partie de la région du Plateau central. Nous avons pu envoyer la liste courant mars 2018, après traitement et vérification.
C’est une fois à ce niveau que des facteurs conjugués ont été notés. Nous avons fait le communiqué demandant aux attributaires de s’acquitter des taxes de jouissance et cela a coïncidé avec la grève au niveau du ministère de l’Economie et des Finances et parallèlement, je pense que les Domaines ont exigé aux attributaires une autorisation de lotir, ce qui n’avait jamais été demandé auparavant. Mais finalement, nous nous sommes compris. Le problème est réglé.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette demande d’autorisation de lotir.
Cela est dû à une interprétation des textes. Mais le problème est résolu maintenant. Il faut dire que les cités-relais, c’est une opération spéciale, elle déroge aux règles communes. Elle est pilotée par le ministère de l’Urbanisme et toutes les opérations que je vous ai citées au début n’ont pas demandé d’autorisation de lotir. On peut comprendre cela, c’est le contexte aussi qui fait qu’il y a des différends dans la compréhension au niveau des corps de contrôle. Nous avons essayé de satisfaire à cela, mais pour le faire, cela a pris du temps, parce que nous étions dans le contexte de grève, et au mois d’avril 2019, nous avons renvoyé les listes définitives à la Direction provinciale des Impôts à Ziniaré.

Est-ce à dire que les bénéficiaires peuvent s’acquitter des frais de taxes de jouissance maintenant ?
Nous avons envoyé les listes et demandé aux bénéficiaires à aller s’acquitter des taxes de jouissance, et dans cette lancée, beaucoup s’y sont rendus pour se voir dire qu’ils ne sont pas en mesure de s’acquitter de ces taxes. Cela a créé des désagréments, donc nous nous excusons pour cela. Mais tout est rentré dans l’ordre. Les listes ont été renvoyées et nous nous apprêtons à lancer les communiqués pour demander à ce que les intéressés songent à payer les taxes de jouissance et à se faire identifier les parcelles. Du reste, le volet non problématique, c’est les compensations aux populations sur place. Elles, elles ont déjà bénéficié de leurs parcelles et l’équipe de la Direction générale de l’Urbanisme est sur place et procède à l’identification des parcelles tous les mardis et jeudis. Par ailleurs, il y a une équipe sur place pour les travaux d’ouverture et de rechargement des voies.

A Dapelgo, il y a un certain nombre de travaux et d’investissements qui sont prévus, ces engagements tiennent-ils toujours ?
Les engagements que nous avons pris tiennent toujours. Toutes les voies projetées seront aménagées. Ouverture et rechargement, et les axes principaux seront bitumés avec caniveaux, 16 km de caniveaux doivent émailler le site, la voirie, c’est près de 100 km. Nous allons procéder au bitumage de 5 km d’éclairage public, électricité, eau potable. Il est prévu la construction d’une maternelle, un centre d’éveil et d’éducation préscolaire, une école primaire, une école secondaire, l’aménagement d’espace vert, celui d’un terrain de sport, l’aménagement d’un centre de collecte des ordures ménagères, l’aménagement d’un parc urbain, etc.
Autant d’investissements projetés qui figurent dans notre plan d’aménagement des marchés.

Entretien réalisé par NK et FW


Comprendre l’objectif des cités-relais en bref

Les cités-relais ont été initiées à partir du constat qu’il fallait contenir l’expansion continue de la capitale Ouagadougou. D’où l’idée d’aller dans les villages ou les centres satellites de la ville de Ouagadougou et de créer des centres aménagés pour accueillir les populations qui peuvent y résider et venir travailler à Ouagadougou. C’est ainsi que l’idée a été adoptée et c’est un projet qui a démarré en 1998 et depuis lors, nous avons réalisé plusieurs. Je ne cite pas par ordre chronologique mais il y a eu la cité-relais de l’ex-secteur 19, Nonsin, celui de Saaba, de Kamboinsin, de Bassinko, de Bobo-Dioulasso. C’est après Bobo qu’est venu Saponé en 2013 et Dapelgo en 2017.

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