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Assises du journalisme à Tours L’avenir des médias en discussion

DU 13 au 15 mars 2019, a eu lieu les 12e Assises du journalisme à Tours en Indre-et-Loire, en France. L’évènement qui a rassemblé les professionnels du métier a fait un état des lieux du journalisme. Le thème retenu pour 2019: «Les médias, tous les mêmes?». Á travers des ateliers, des projections, des débats et des tables rondes, les Assises du journalisme se sont interrogées sur l’avenir du journalisme «à l’heure où la défiance faite aux médias est une réalité, à l›heure où les critiques envers la presse ne cessent de grandir et où l’impartialité des professionnels est fortement mise en doute, à l›heure où de nombreuses informations, Fake news ou non, circulent sur les réseaux sociaux». Un constat des organisateurs qui a été renforcé par la diffusion, lors des Assises

2019, des résultats du baromètre sur la perception des médias. Lancé pour la première fois en 2018, ce baromètre révèle que pour 2019, le journalisme demeure «utile» pour 91% des personnes interrogées (soit pour plus de 9 personnes sur 10), contre 92% un an plus tôt. Ces personnes estiment à 82% qu’il est «indispensable dans une société démocratique» et 85% pensent qu’il existera toujours en dépit des vives critiques émises ces derniers mois contre la profession. Mais une très large majorité juge les médias sensationnalistes et biaisés.

Un dernier point, est qu’il faut sensibiliser les jeunes. Former pour comprendre de quelle
manière les médias fonctionnent est également un enjeu pour lutter contre le désamour de la presse. (DR)

Les causes de ce désamour avec la presse sont multiples. Selon le baromètre présenté, il est reproché aux professionnels de l’information un certain manque de neutralité, un manque de proximité avec le public, un décalage avec la réalité.

Alors, faut-il réinventer le journalisme? Sujet récurrent. Pourquoi faut-il faire confiance aux médias alors qu’ils sont de plus en plus discrédités dans l’opinion publique, que le papier disparaît pour laisser la place à l’image et aux nouveaux médias en ligne, faux médias comme les réseaux sociaux ou vrais médias reconnus?

Pour lutter contre cette déviance, la profession s’est réunie à Tours pour cher- cher des solutions. L’un des panels a porté sur ouvrir le dialogue pour tenter de le- ver les incompréhensions. Un thème qui a réuni une centaine de journalistes, de professionnels de la presse et de l’édition, à l’espace Mame. «Sortir des stéréotypes qui emprisonnent, reconnaître nos travers, être capable de modifier les usages pour mieux préserver le droit inaliénable à la liberté d’expression. Le droit de chaque citoyen à une information de qualité». Ce sont les mots d’ouverture adressés par Jérôme Bouvier, président de l’Association journalisme et citoyenneté, à l’ouverture du panel.

Pour Eric Fottorino, directeur fondateur du 1, «A vouloir tout faire, du papier, du numérique, de la télé, du son, on finit par ne plus rien faire du tout. On a be- soin de récit. On est dans une tyrannie de l’instant. Une info en chasse une autre. Le papier ce n’est pas terminé. Peu importe le support, finalement, il faut aller soit raconter le monde, comme on le fait au 1, à America et bientôt avec Zadig, soit traquer la vérité comme le fait Mediapart».

Une idée que partage le président fondateur de Mediapart, Edwy Plenel. «Il faut être au rendez-vous du droit de savoir des citoyens. L’information, c’est du sens avec du débat d’idées, de l’analyse. La question de la confiance dans le métier de journalisme, c’est qu’il soit au rendez- vous de ce à quoi il sert, c’est le travail collectif d’une Rédaction. C›est ce que nous faisons tous les jours à Mediapart», a-t-il partagé avec le public.

Il ressort de ces discussions qu’il faut renouer le contact avec le public. Et cela passe par les nouvelles formes du journalisme (NDLR: voir encadré). L’exemple du fact-checking a été pris. Si ce procédé existe depuis quelques temps déjà, la manière de procéder a évolué. Pour la journaliste de Checknews, Pauline Moulot, il faut de la transparence et un lien direct avec le lecteur. Le «fact-checking crée un lien direct avec le public et permet égale- ment au journaliste de sortir de sa bulle».

Il faut aussi créer de nouveaux formats. Pour lutter contre le manque de diversité des médias traditionnels, certains journalistes innovent avec de nouveaux modèles de diffusion. C’est l’exemple de Brut, créé en 2016 et qui utilise les réseaux sociaux pour partager ses reportages vidéo. La formule semble fonctionner, puisqu’en 2018, plus de 400 millions de vues ont été dénombrées sur Facebook.

Un dernier point, est qu’il faut sensibiliser les jeunes. Former pour comprendre de quelle manière les médias fonctionnent est également un enjeu pour lutter contre le désamour de la presse.

NK


 

Les nouvelles formes de journalisme

DEUX nouvelles formes de jour– nalisme ont été présentées aux Assises. Il s’agit du Data journalisme et de son usage dans l’investigation et aussi du fact-checking.

Le Data journaliste est un jour- naliste qui collecte, classe et analyse des milliers de pages chiffrées afin de faire ressortir une information. Celle- ci est ensuite transcrite sous forme de courbes, de tableaux, d’histogrammes, de cartes… afin de l’expliquer au lec- teur. L’exploitation éditoriale du Data offre des outils précieux au journa- lisme d’investigation. Les «Panama papers», qui ont remporté le premier grand prix du journalisme des Assises en 2016, en offre l’exemple le plus connu. Quels savoirs faut-il acquérir pour investiguer avec le Data? Quelles précautions prendre? Quels pièges

éviter? C’est à ce panel que L’Econo- miste du Faso a été convié à partager son expérience dans le cadre des West africa leaks. Une session qui a vu la participation des étudiants de l’Ecole de journalisme de Tours. 

 

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