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Secteur privé : Pas de «signal fort» en 2017

En termes d’entreprises majeures, l’année 2017 aura été une presque pauvre en nouveauté au Burkina.
A ce chapitre, l’inauguration de la mine d’or de Houndé en présence du président du Faso, Roch Kaboré, le 9 décembre 2017, et le lancement des activités de la compagnie de transport terrestre, Elitis Express, le 14 novembre 2017, en présence du ministre en charge des Transports, sont les rares cas enregistrés pour l’année écoulée.
Par rapport à ce qui était attendu dans le cadre d’une reprise économique dans un pays ayant réussi l’organisation d’élections démocratiques après une insurrection, la performance est très maigre. Elle est surtout insuffisante pour coïncider avec les espoirs qui ont pu être nourris.
Le rêve d’un pays stable qui parvient à attirer ou à susciter des nouveaux investissements grâce à un climat des affaires incitatif tarde encore se réaliser. L’activité économique reste jusque-là caractérisée par des affaires routinières. Trop peu d’innovations majeures ou de nouvelles installations importantes. Chez nos hommes affaires, chacun se limite à «gérer la boutique», comme on le dit dans le milieu des affaires.
Malgré la stabilité politique retrouvée, certains investisseurs demeurent méfiants et se réservent d’engager des investissements d’envergure ou pour le long terme. Les attaques terroristes successives ayant ciblé des étrangers dans le quartier des affaires de Ouagadougou les a pratiquement confortés dans cette méfiance.
De ce fait, l’attentisme, qui est apparu depuis la crise politique de 2014, se prolonge. Et le signal fort qu’ils attendaient de la part du gouvernement pour surpasser la peur et toutes les formes d’inquiétudes tarde à arriver ou à être à la hauteur.
En termes de climat des affaires, c’est-à-dire «l’environnement politique, économique, institutionnel et réglementaire dans lequel s’exercent les affaires», le pays n’a pas réussi à s’aligner sur les meilleures pratiques au monde depuis ces trois dernières années. C’est ainsi que le rapport 2018 de Doing Business, qui fait un classement des pays suivant la facilité à faire des affaires, positionne le Burkina au 148e rang mondial sur 190 pays concernés par l’étude. Une nouvelle contreperformance à la suite de reculs successifs enregistrés les deux précédentes années. Dans le rapport de 2017, le Burkina occupait la 146e place et la 143e en 2016.
Au chapitre de la protection des industries locales, les mesures gouvernementales sont encore insuffisantes, voire inexistantes, pour assurer une compétitivité des produits locaux.
Des produits de l’industrie locale pris au piège d’une concurrence déloyale féroce que leur livrent les produits d’importation arrivés par la fraude et la contrebande. Autrement, ce sont des produits d’importation faiblement taxés et ayant bénéficié de coûts de production plus avantageux qui font leur loi. Les problèmes de méventes qui jouent sur la santé de la plupart des industries situées dans l’Ouest du pays, notamment à Bobo-Dioulasso, restent entiers. Ces industries sont d’ailleurs menacées de mettre la clé sous le paillasson.
L’une des plus grandes difficultés auxquelles les entreprises sont confrontées ; entreprises naissantes ou déjà fonctionnelles ; reste celle de l’accès aux financements. Des financements pour des projets d’extension ou pour explorer des nouveaux créneaux de marchés. Cette préoccupation de premier plan a plusieurs fois fait l’objet de rencontres et de discussions entre l’Etat et les opérateurs économiques. C’est le cas notamment avec la Rencontre annuelle Gouvernement/ Secteur privé où la question de l’accès au financement pour les entreprises était le thème d’une des éditions. Cependant, jusque-là, aucune solution satisfaisante n’a pas pu être apportée à cette préoccupation. Dès sa déclaration de politique générale en février 2016, le Premier ministre Thiéba a annoncé la création de la Banque des PME et de la Caisse de dépôts et de consignations. La mise en œuvre concrète de ces projets est toujours attendue.
Pour ce qui concerne la relance ou le soutien aux entreprises sinistrées lors l’insurrection populaire de fin octobre 2014, c’est une question que le gouvernement semble avoir pratiquement abandonnée. En dehors du cas d’Azalai Hôtel Indépendance qui a connu un traitement particulier, l’on est sans nouvelles des entreprises comme Joly Hôtel, Tan Aliz, Azimo 2000, également fermées après avoir été pillées lors de l’insurrection.
Aucun soutien ne semble prévu pour le reste des 106 entreprises sinistrées que la Chambre de commerce avait inventoriées aux lendemains des évènements. Ce sont des entreprises qui ont continué en 2017 de faire face au choc et aux stigmates provoqués par l’épisode de l’insurrection dans leur évolution.
Ces entreprises sinistrées, comme toutes les autres, espéraient en 2017 de la part du gouvernement des actions qui garantissent des meilleures conditions d’accès aux marchés, des conditions plus adaptées en termes de fiscalité, des conditions qui facilitent la circulation des produits sur des espaces géographiques plus larges, etc. Mais sur toutes ces questions, le signal donné n’est pas encore suffisamment fort pour créer une nouvelle dynamique.

Karim GADIAGA


Aucune nouvelle industrie alimentaire après deux ans

Malgré une volonté inscrite dans le PNDES de transformer les produits locaux par la promotion d’une industrie accommodante, le gouvernement a terminé 2017 ; sa deuxième année ; sans la moindre inauguration d’une unité de transformation. Les dossiers des unités alimentaires comme BRAFASO, la STFL ou encore celui de FASOTEX pour la transformation du coton local restent encore en souffrance. Des serpents de mer qu’on ne parvient pas à réaliser, en dépit de la pertinence des projets. Après une première année de pouvoir, en 2016, pendant laquelle le gouvernement cherchait ses marques, l’on espérait assister en 2017 à des inaugurations d’usines pour les anciens projets et à des pauses de premières pierres pour des nouveaux projets d’industrie. Ce ne fut pas le cas.

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