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Women In Action

Barbara Wildhaber, la chirurgienne suisse qui sauve la vie des plus petits

La médecin est la grande spécialiste des transplantations du foie sur les enfants

Par Caroline Zuercher pour Tribune de Genève

«Parfois, quand j’opère, je me dis: mais pourquoi je fais ça?» Barbara Wildhaber rit, comme elle le fera souvent durant notre rencontre. En réalité, cette chirurgienne pédiatrique ne regrette pas ses choix. Bien sûr, une intervention représente une énorme pression. Mais il y a le reste. «Dès que j’ai pratiqué la chirurgie pédiatrique, j’ai su que c’était ce que je voulais. Cette combinaison entre technique, méticulosité d’opérations où tout est bonsaï, relations avec les parents et les enfants… Cela me fascine.»

«Seul, on ne peut rien faire»

Barbara Wildhaber nous accueille au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne, dans un bureau ultrarangé «pour avoir les pensées claires». Codirectrice du Centre suisse des maladies du foie de l’enfant situé aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), directrice du Centre universitaire romand de chirurgie pédiatrique et membre de l’Académie suisse des sciences médicales et du board chargé de répartir la médecine hautement spécialisée entre les hôpitaux suisses… La Genevoise d’adoption vient d’ajouter à la liste de ses fonctions un siège à l’Assemblée du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Pour faire simple, cette Argovienne de 48 ans est la spécialiste de la transplantation du foie chez les enfants. En Suisse, elle est la seule à la pratiquer sur les plus petits bébés – ce qui l’empêche de partir trop longtemps à l’étranger. Le foie, elle lui voue une passion. Elle cite ses fonctions, sa capacité à se renouveler même si on en coupe une moitié… «Dans le corps, tout tourne autour de lui.» Sans oublier qu’il est «sensuel, beau et agréable au toucher», et que ses transplantations sont celles offrant la meilleure espérance de vie à long terme.

Cette femme a acquis la notoriété en 2015 après avoir dirigé une opération pour séparer deux siamoises reliées par le foie. Cette première mondiale a été réalisée à l’Inselspital à Berne, sur des grandes prématurées qui pesaient 1200 grammes. «Nous étions plusieurs chirurgiens. Dans une telle opération, les chirurgiens ne sont qu’un élément, un élément important, mais d’autres le sont. Et nous nous soutenons les uns les autres car souvent, nos doutes n’arrivent pas au même moment.» Pour elle, l’exploit technique n’était pas le plus important. «C’était très émotionnel. On n’a pas l’habitude de voir battre deux cœurs dans la même poitrine. C’était beau.» Ce moment reste dans son album souvenir, où se côtoient le meilleur et le pire. Malheureusement, l’une des siamoises est morte à l’âge de quelques mois d’un vice du cœur. Les décès, elle n’en a oublié aucun. Comment gère-t-elle ce stress? «En partageant!» L’équipe, encore elle. «Seul, on ne peut rien faire, c’est particulièrement vrai en médecine spécialisée», insiste-t-elle avant de citer Valérie McLin, avec qui elle codirige le Centre suisse des maladies du foie de l’enfant. «Elle assure le suivi médical. Elle est mon cerveau.»

La fatigue, les émotions, elle les ressent surtout après l’intervention. Il lui arrive de pleurer d’épuisement au lendemain d’une transplantation. Sa recette pour se ressourcer passe aussi par la nature et le sport. Adolescente, elle pratiquait le sprint au niveau national. Par la suite, son ascension professionnelle a été menée chronomètre en main.

Elle assure qu’aucun plan de carrière n’était établi. Les opportunités ont été essentielles. «Longtemps, j’ai eu la chance de ne pas avoir à me battre.» Les choses se sont compliquées en grimpant dans la hiérarchie. «Quand vous atteignez une certaine position, vous devenez le sujet d’attaques.» Etre une femme complique-t-il la donne? «Il y a cinq ans, je vous aurais dit non. J’ai réalisé depuis qu’au lieu d’avancer des arguments contre vous, certains hommes se montrent machos. Si un homme insiste, on dit qu’il a du caractère. Si c’est une femme, elle a un sale caractère.» Barbara Wildhaber, elle, est décrite comme agréable et facile d’accès. Dans son service, l’ambiance est «bon enfant». Mais on n’arrive pas là par hasard. Elle a aussi une «main de fer dans un gant de velours», dixit Dominique Belli, chef du Service de pédiatrie aux HUG. «Je suis à l’écoute et prends l’avis de mon équipe avant de décider, explique t-elle. Mais une fois qu’une décision est prise, il faut avancer. C’est mon côté pragmatique, peut-être un peu chirurgical.»

La médecin a appris la patience. Avec ses patients, il faut prendre le temps. Ne serait-ce que celui d’enlever un vêtement doté de boutons-pression. Ces enfants sont «un moteur». Tantôt drôles, tristes, agressifs… «Leurs émotions sont pures. C’est grâce à eux que je reste naturelle. Et leur vulnérabilité adoucit.»

Aller voir ailleurs

Désormais, Barbara Wildhaber se réjouit de rejoindre l’Assemblée du CICR. La chirurgie pédiatrique humanitaire est une autre de ses vies. Comme de nombreux médecins, elle a réalisé des missions à l’étranger. Elle veut maintenant créer des services chirurgicaux permanents dans des pays en développement, en formant et en suivant des personnes sur place.

De tels réseaux ont déjà été partiellement mis en place au Kenya et au Cameroun. «La chirurgie en Suisse, c’est le grand luxe. J’aimerais donner l’accès aux interventions les plus basiques aux autres. Je ne pourrais pas vivre sans ce contrepoids.» Ni sans les enfants. «Nous avons greffé une petite puce de cinq kilos il y a six semaines, conclut-elle sur le pas de la porte. Je l’ai revue hier, elle a six mois et m’a souri avec ses joues gonflées. Le reste, c’est secondaire.»

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