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Mission d’affaires belge à Ouaga: «Nous avons eu un accueil très pragmatique», Cécile Jodogne

Du 26 au 28 octobre dernier, une mission multisectorielle économique et commerciale belge a séjourné à Ouagadougou. C’est une initiative presque inédite. 29 entreprises réparties sur une dizaine de secteurs d’activités ont fait le déplacement. Quelles sont ces entreprises ? Que recherchent-elles ? Quel est le bilan des différentes rencontres qu’elles ont eues? L’Economiste du Faso a rencontré Cécile Jodogne, secrétaire d’Etat – région de Bruxelles-Capitale, en charge du Commerce extérieur; qui a conduit cette mission au Burkina. L’entretien a eu lieu le 28 octobre 2017.

L’Economiste du Faso: C’est presque la première fois qu’une mission économique multisectorielle belge cible le Burkina Faso. Quelle est la vision ou la stratégie qui soutient cette démarche en direction d’un pays comme le Burkina Faso ?
Cécile Jodogne, secrétaire d’Etat – région de Bruxelles-Capitale, en charge du Commerce extérieur: Quand j’ai pris mes fonctions de secrétaire d’Etat au commerce extérieur; en faisant un peu le point, on s’est dit qu’il y a relativement peu de missions en Afrique subsaharienne. Alors que nous avons, par exemple, pu constater qu’au niveau de la croissance économique, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont eu de bons taux de croissance ces dernières années et qu’ils n’avaient pas à rougir face à des pays asiatiques. Par ailleurs, un autre élément important, c’est le partage de la langue. Nous avons la langue française  et, pour moi, le partage d’une langue facilite les premiers contacts, établit plus rapidement la confiance dans les échanges. Je pense que c’est un outil, un facteur qui joue dans la qualité et aussi la quantité des affaires. Je me suis dit qu’il faut qu’on puisse être plus présent, notamment en Afrique francophone. Le Burkina Faso était dans la liste. Juste avant, on avait la mission en Côte d’Ivoire. Il y avait non seulement la proximité géographique, mais aussi le fait qu’on pense qu’il y a des possibilités de partenariats au Burkina. Et puis, nous pouvons nous appuyer sur notre présence en coopération au développement, qui est importante et reconnue ici. Quand on arrive ici et qu’on dit qu’on vient de Belgique, cela suscite tout de suite un intérêt. Des questions de connaissances du pays me semblent aussi des éléments importants.

L’Ambassadeur de Belgique au Burkina a expliqué que son pays était dans une nouvelle vision dans sa diplomatie avec des pays comme le Burkina. Ce qui, selon lui, implique de nouveaux paramètres. Cette mission répond-elle à cette nouvelle vision ?
Les entreprises belges n’étaient globalement pas au courant de cela, mais c’est clair que cette nouvelle phase, avec une diplomatie économique et des moyens financiers plus importants, va jouer très certainement dans une augmentation dans les années qui viennent. Il y a une volonté au niveau belge, comme l’ambassadeur l’a dit, d’augmenter la coopération technique au développement en mettant à disposition d’autres fonds, et on espère bien que les entreprises belges pourront aussi s’inscrire dans ce programme.

Au terme de cette mission, quels sont les éléments de satisfaction et les enseignements que vous tirez ?
C’est toujours compliqué de faire un bilan complet quand la mission n’est pas encore tout à fait terminée. Nous avons encore une visite tout à l’heure, mais il y a déjà une série de choses que l’on peut dire. La confirmation de la participation de 29 entreprises qui nous ont suivis dans cette mission à Ouagadougou. C’est la première mission belge de cette ampleur au Burkina Faso. Je me réjouis d’avoir initié cette mission. La participation de toutes ces entreprises montre qu’il y avait, en effet, un intérêt. C’est aussi une chose très positive. Nous avons eu un accueil très chaleureux et aussi très pragmatique. C’est-à-dire que nous avons pu, avec toutes les autorités que nous avons rencontrées, en premier lieu le président (du Faso, Ndlr), directement rentrer dans le vif du sujet en parlant des défis auxquels le Burkina Faso est confronté et de ce qu’on pouvait éventuellement apporter comme solutions. C’est une satisfaction de voir qu’on a pu directement être dans la dynamique des affaires, mais aussi de la coopération technique au développement, avec les visites des universités.

Relativement aux affaires, y a-t-il, de façon concrète, des partenariats ou des contacts qui ont été noués ?
Pour les affaires, ce sont bien sûr les entreprises qui sont les premières concernées. D’un rapide tour de table que j’ai fait hier soir (à la fin de la journée du 27 octobre, Ndlr), les entreprises étaient très satisfaites des différentes rencontres B to B ou des rencontres B to G avec les autorités officielles. Nous disons que la qualité des rencontres que nous avons eues était excellente. Maintenant, ce n’est pas à l’occasion d’une première mission, évidement, que l’on peut tout de suite dire qu’il y a des contrats conclus, partenariats, etc. Mais toutes les entreprises étaient vraiment satisfaites. Certaines avaient déjà des contacts ici. Il y a aussi deux ou trois entreprises belges ou avec participations belges qui sont déjà établies à Ouaga.

Quelle va être la suite de cette mission?
Justement, ce qui va être important c’est le suivi qui va être fait à cette mission. D’abord, par les entreprises, elles-mêmes. En rentrant en Belgique, il va falloir qu’elles puissent répondre aux sollicitations, donner les informations. Et ensuite, au niveau de notre administration, Brussels Invest-Export, qu’ici Guillaume De Bassompierre, notre attaché économique et commercial basé à Abidjan mais qui a aussi la juridiction sur le Burkina Faso, fasse un suivi des différents contacts qu’il y a eu et puisse répondre à des demandes d’entreprises burkinabè ; puis, on verra. En général, quelques mois après une mission, je réunis toujours les différents participants pour faire le bilan ; pour voir ce qui doit encore être fait, comment on peut les aider, pour apprendre aussi de bonnes nouvelles sur des partenariats ou des contrats qui sont signés.
Je pense que la satisfaction est aussi dans le fait que les secteurs qui nous accompagnaient répondaient à des défis et besoins d’entreprises et de la population burkinabè face auxquels on peut apporter des solutions. Bien sûr, il y a toujours la question du financement ; et là, nous avons aussi eu la possibilité de discuter avec CREDENDO, qui est l’ancien office Ducroire. C’est un organisme belge qui donne des garanties aux entreprises belges qui exportent, au cas où elles auraient des défauts de financement de leurs clients. Donc c’est une assurance par rapport aux affaires. C’est important pour les entreprises belges. Il y a aussi d’autres outils de financement d’investissements belges. On donne les explications pour leur dire comment ça pourrait profiter à des projets, à des partenariats avec des entreprises ou des autorités burkinabè. C’est très pragmatique et c’est essentiel pour développer les affaires.

Par quels types d’affaires ces entreprises sont intéressées? Est-ce qu’il s’agit de trouver des partenaires locaux pour vendre des produits ou s’agit-il de trouver des opportunités pour s’installer et investir dans des secteurs structurants porteurs ?
Il y en a pour qui il s’agit d’avoir des clients pour vendre. Il y a d’autres qui peuvent être intéressées par des partenariats public/privé (PPP). Par exemple, ZETES s’inscrit dans une dynamique de PPP ; SATADSL préfère travailler avec des opérateurs, des partenaires locaux; STUDIOTECH aussi. Ils ont un partenaire au Burkina. Donc tous les schémas sont possibles, depuis le PPP en passant par des partenaires locaux jusqu’aux relations d’échanges plus classiques.

Le gouvernement burkinabè est en train de mettre en œuvre son Plan de développement économique et social (PNDES) qui contient un certain nombre de projets disponibles, notamment sous la forme PPP. Est-ce que ce sont des créneaux qui intéressent les entreprises belges ?
Bien sûr ! C’est une chose qui a été expliquée dans les différents contacts que nous avons eus. Par exemple, la question de l’énergie, du solaire, a fait l’objet de discussions. Il y a d’autres choses aussi, notamment dans la digitalisation. Je n’ai pas assisté à toutes les rencontres. Chaque entreprise, dans son domaine d’activités, a pu rencontrer les ministères qui l’intéressent.

Quel est, à votre avis, le plus que les entreprises belges pourraient véritablement apporter au milieu d’affaires au Burkina ?
Je pense qu’il faut inverser les choses. Nous, on se pose plutôt la question «quels sont les besoins au Burkina, au regard du Plan national de développement, et comment nos entreprises peuvent répondre à ces besoins ?» Je n’ai pas envie d’arriver au Burkina avec des choses que vous n’avez pas, mais qui ne sont pas des priorités. Je pense qu’il faut d’abord savoir les priorités qui sont établies par le gouvernement burkinabè. De ce point de vue-là, les entreprises qui nous ont suivis répondaient à différents secteurs prioritaires. C’est plutôt dans ce sens-là que nous avons envisagé les choses. Maintenant, on s’est aussi demandé «quels sont les domaines où on a une expertise et où on excelle?» Je vous ai parlé, par exemple, de BICS, de ZETES, de SATADSL, de TRACTEBEL et des petites entreprises qui sont des secteurs de niches pointues où on peut amener quelque chose. Il y a une chose que je dois ajouter : ce n’est pas moi qui choisis les entreprises qui viennent avec moi. C’est sur une base volontaire qu’elles prennent part aux missions. On les a informées d’une mission au Burkina Faso et les a demandées si elles étaient intéressées ? On peut donner un coup de téléphone en leur disant: «Ça pourrait vous intéresser», mais toujours est-il que la décision leur revient de venir ou pas.

Outre les affaires avec les entreprises privées, la mission s’intéresse également au volet coopération. Quel est le point à ce niveau ?
La coopération au développement est un volet très important que nous ayons examiné. Cette coopération au développement est très forte entre les universités francophones belges et l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo. Elle concerne des choses très concrètes comme l’investissement dans les laboratoires, dans la formation, dans les échanges de doctorants. Nous avons été entretenus sur l’importance de cette coopération et surtout combien elle avait des conséquences très pratiques. Pas uniquement sur la formation, mais aussi avec le laboratoire de recherches. Par exemple, il y a un laboratoire que nous avons visité. Il fournit du liquide stérile que les hôpitaux peuvent utiliser. Ce n’est pas juste la formation et la recherche. Il y a aussi un impact direct sur la santé au Burkina.

Vous avez également parlé d’entrepreneuriat féminin. C’est quoi la vision à ce niveau ?
Oui, l’entrepreneuriat féminin est une chose qui me tient à cœur. On a tenu un séminaire qui a été extraordinaire d’énergie, de chaleur, de dynamisme de la part des femmes. La salle était pleine. Je sais qu’au niveau du gouvernement burkinabè, il y a une volonté de dynamiser l’entrepreneuriat féminin. Dans tous les pays d’Afrique et du monde, les femmes représentent un potentiel économique très important. Il faut pouvoir les sortir de l’économie informelle et leur donner les outils pour créer de vraies entreprises qui participent au développement économique du Burkina Faso. Toutes les études de la Banque mondiale montrent que, par exemple, dans les microcrédits, les femmes répondent beaucoup mieux à ces programmes-là. Plus de 90% des microcrédits sont remboursés dans le temps quand ce sont les femmes qui en sont responsables. Elles ont la volonté de faire en sorte que les bénéfices qu’elles ont tirés de leurs activités profitent d’abord à leurs familles et ensuite à la communauté. Cette dynamique est un moteur très puissant pour les pays africains.

A ce jour, quelle est la nature des relations économiques entre la Belgique et le Burkina ? Quel est le poids économique de la Belgique au Burkina ? Quel est le volume d’échanges commerciaux entre les deux pays et les produits concernés par ces échanges ?
Les relations commerciales sont pour le moment très faibles en quantité, puisque sur les quatre années, 2011-2015, on est en exportations de la Belgique vers le Burkina Faso, pour 65 millions d’Euros en valeur. Il s’agit d’exportations de biens. Et cela est stable. Ce qui est une bonne nouvelle, c’est principalement les machines et l’outillage de transport qui sont concernés. Dans l’autre sens, les importations vers la Belgique depuis le Burkina Faso es à 17 millions d’Euros en valeur. Là, il s’agit principalement de biens végétaux : des noix de cajou, de la mangue et des produits végétaux divers. C’est donc principalement les produits de l’agriculture qui sont importés par la Belgique. On a aussi, à peu près, 13,5 d’exportations de services vers la Belgique. De la consultance diverse, depuis la Belgique. Ce sont des chiffres stables, mais qui sont encore assez faibles.

Votre mission est d’abord passée par la Côte d’Ivoire avant d’arriver au Burkina. Est-ce que sur les réalités du terrain et dans l’approche en matière d’affaires, vous avez noté des différences entre les deux pays ?
Je pense que vous le savez. Il y a évidemment des différences en termes de volume d’échanges. La balance commerciale est en faveur de la Côte d’Ivoire. Les volumes d’exportations vers la Côte d’Ivoire sont plus importants que dans l’autre sens. Ce n’est pas la même chose. Par contre, ce qui est intéressant c’est que le Burkina est très proche de la Côte d’Ivoire. On peut travailler aussi avec les entreprises ivoiriennes en prenant en compte le Burkina. Le Burkina est le premier partenaire de la Côte d’Ivoire. On peut donc travailler avec la Côte d’Ivoire pour améliorer les choses avec le Burkina. o

Entretien réalisé par Karim GADIAGA

 


Quelles sont les tailles des entreprises participant à cette mission et quels sont leurs secteurs d’activités ? Ont-elles des expériences en Afrique ?

Les secteurs d’activités, oui ! Mais les tailles, pas toutes. Tout ce que je peux dire, c’est que ce sont des PME vraiment petites ou de grosses PME. Il ne s’agit pas vraiment de très grosses entreprises.
Dans le secteur de la construction, on peut citer NLMK Europe, ZINGAMETALL. Dans la distribution-achat-vente, il y a MADYSANO, TSH Invest. MADYSANO a mis sur pied une centrale d’achat de biens courants de consommation, notamment alimentaires. Elle met ensemble et transporte des produits qui viennent de Belgique et qui sont importés au Burkina. TSH Invest, c’est plutôt du matériel d’imprimerie, mais elle est en train de se développer sur des offres de services en matière de stockage, de digitalisation et d’archivage de documents. Dans ce domaine, nous avons pu rencontrer le ministre de l’Enseignement supérieur du Burkina qui est confronté à des problèmes de digitalisation.
En énergie, nous avons deux entreprises. ENERDEAL qui est une petite société qui fait de l’installation de panneaux solaires et TRACTEBEL Engineering qui est vraiment une très grande entreprise qui travaille aussi, notamment dans l’énergie solaire. C’est pour ça principalement qu’elle était là. Mais elle travaille aussi comme consultant dans le développement durable urbain. J’ai pu parler de cette entreprise au Maire de Ouagadougou.
En matière d’équipements, d’automobiles et de machines, plusieurs entreprises sont là avec des activités qui vont du leasing à la vente. Dans les finances, les assurances et l’investissement, BNP PARIBAS FORTIS participe à la mission. BMI/SBI (Société Belge d’investissement international) et CREDENDO sont les deux organismes qui aident les entreprises à avoir soit de l’assurance de crédits, soit des financements d’investissement. Dans le secteur juridique, nous avons trois bureaux d’avocats à cette mission. Dans le domaine de la santé, il y a une entreprise pharmaceutique ; TRENKER, MANIAFRICARE et FSE INTERNATIONAL ; qui entend travailler sur un projet de fourniture de trois cent ambulances au Burkina. Pour cela, elle est à la recherche de partenariats et de financements.
Dans les télécommunications, nous avons BICS et SATADSL. BICS est une très grande entreprise qui ne travaille pas avec des particuliers, mais seulement avec les opérateurs de téléphonie mobile. C’est le leader mondial en Afrique pour la fourniture d’internet par câbles principalement, mais il fournit aussi du volume de données aux opérateurs. C’est une entreprise très connue par les professionnels et pas par le grand public. SATADSL, par contre, est une petite PME qui peut fournir de l’internet par satellite. C’est une solution qui est très intéressante pour les campagnes. Elle peut arriver à fournir de l’internet dans les zones les plus reculées. En tourisme, il y a MYGO GROUP. En divers, il y a une entreprise très connue aussi en Afrique. Il s’agit de STUDIOTECH qui fournit du matériel audiovisuel, mais qui aide aussi à monter des studios ou/et à former des techniciens aux techniques audiovisuels. IBSR (Institut belge pour la sécurité routière), c’est du conseil à la sécurité routière. ZETES, qui est bien connue aussi en Afrique avec une taille déjà importante, travaille sur le registre d’état civil. Elle aide les Etats africains à mettre sur pied un registre d’état civil qui soit digitalisé. Elle forme aussi les administrations ici. Au bout de la chaine, il y a l’identification des personnes, des fournitures des documents d’identité…

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RAF

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