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Dossier

Insurrection populaire de 2014 : La colère grandit dans les familles des martyrs

 

Pouahoulabou P. K. Victor est le président de l’Union des familles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Il est le frère d’Ouebdoua Arsène Aouedri, une des victimes de l’insurrection populaire qui a trouvé la mort à la télévision nationale du Burkina, le 2 novembre 2014. A l’occasion du 3e anniversaire de l’insurrection, L’Economiste du Faso l’a rencontré pour faire le point de l’avancement judiciaire du dossier. C’est un homme désespéré qui s’est confié à L’Economiste du Faso.

– L’Economiste du Faso : Comment avez-vous appris la nouvelle du décès de votre frère ?
P. K. Victor (président de l’Union des familles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014): J’ai appris la mauvaise nouvelle le 2 novembre 2014 par un de mes petits frères. Il était avec le regretté à la place de la Révolution d’où ils ont suivi la foule qui a accompagné Sara Sérémé et Kouamé Lougué à la Télévision nationale du Burkina (TNB). C’est suite aux tirs des militaires qu’il est mort à la TNB.

Après l’annonce de la nouvelle, qu’est-ce qui s’est passé ?
Il y a eu 34 morts à l’issue de cette insurrection. A la morgue de l’hôpital Yalgado, on disait aux parents des victimes d’enlever les corps pour les enterrer avant d’indiquer où se situent les tombes. La direction générale de l’hopital Yalgado a invité les familles des victimes à prendre 300.000 FCFA pour les obsèques.
Des familles se sont empressées de le faire, et il ne restait que 7 corps à la morgue dont celui de mon frère. J’ai refusé l’enlèvement de son corps, parce que les autorités de la transition avaient décidé que tous ceux qui sont morts sont des martyrs. Si les corps sont enterrés, quel sera le contenu de la cérémonie d’hommages aux martyrs que le gouvernement comptait organiser ? Nous voulions un enterrement digne pour nos martyrs.
Nous l’avons signifié aux autorités de la transition. Ce jour-là, le ministre de la Santé a reconnu qu’ils n’ont jamais donné l’ordre d’enlever les corps. Nous avons donc exigé que l’Etat prenne en charge les cercueils. Qu’il creuse les tombes dans un cimetière choisi par les familles. C’est ainsi que le ministre de la Santé nous a demandé d’accepter les 300.000 FCFA, et nous avons été mis en contact avec le génie militaire pour les tombes. Nous avons choisi l’emplacement des tombes au cimetière de Gounghin. Au cours de la journée d’hommages aux martyrs, ces victimes ont eu droit à un enterrement digne.

Depuis le 2 novembre 2014, est-ce que le dossier judiciaire a avancé ?
De 2014 à nos jours, 3 ans se sont écoulés, mais la question de la justice pour les martyrs reste encore un sujet tabou. Le pays a aussi connu un coup d’Etat en septembre 2015 qui a allongé la liste des martyrs. Toutes ces familles sont dans l’attente de la vérité et de la justice. Qui a tiré sur nos enfants et qui a donné l’ordre de tirer ? C’est ce que nous voulons savoir.
Bien sûr, il y a eu des auditions de quelques familles ; mais nous craignons qu’au bout du compte, on ne choisisse quelques victimes pour les qualifier de martyrs et qu’on ne laisse les autres.
La justice ne doit pas enterrer le dossier de nos martyrs comme elle l’avait fait pour les dossiers Norbert Zongo et Thomas Sankara, sous Blaise Compaoré.

Etes-vous satisfaits du traitement réservé au dossier par l’actuel régime ?
Après la transition, le dossier a été transféré au gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré.
De la transition à maintenant, les gouvernements successifs, à travers les ministères de l’Action sociale, n’associent jamais les familles des victimes aux prises de décisions.
Par exemple, des villas ont été attribuées à des familles. D’abord, c’est une décision prise sous la transition que ce gouvernement a mis en œuvre. En plus, seulement 8 familles ont eu droit aux villas. N’ayant pas été associés à la prise de cette décision, nous nous demandons sur quelle base ces 8 familles ont été retenues, alors que l’insurrection a causé la mort de 34 personnes et a fait plusieurs centaines de blessés ? Pourquoi  des familles qui ont été décorées n’ont pas eu droit à ces villas ? Nous avons interpellé le président du Faso à ce sujet. Une autre décision prise sous la transition prévoyait que les familles des victimes célibataires recevront 750.000 FCFA. Cette somme a été versée. Par contre, pour les veuves et les orphelins des martyrs, cette somme était de 1.000.000 FCFA. Mais à ce niveau, il y a eu un problème. Le gouvernement a organisé une cérémonie fortement médiatisée de remise symbolique d’un chèque de 1.000.000 FCFA à une seule veuve. La somme a été retirée après la cérémonie. Il a fallu que l’on touche le président du Faso pour que les veuves aient effectivement leurs dus.
Il avait été décidé que les veuves des victimes qui sont diplômées intègrent la fonction publique. Ma belle-sœur qui remplissait les conditions à déposer son dossier au ministère de l’Action sociale, mais ce dossier a disparu. Il faut qu’elle reconstitue un nouveau dossier.
De nombreux dons ont été faits au profit des familles des victimes qui n’ont rien reçu. Ces dons, destinés aux familles des martyrs, ont été reversés au fonds national de solidarité, selon le ministère de l’Action sociale.
Le Conseil économique et social (CES) a remis des plaques solaires pour les familles des martyrs qui n’ont pas d’électricité. Le ministère de l’Action sociale ne nous a jamais informés de ce don. Un beau jour, des familles ont reçu la visite d’agents dudit ministère prétendant venir installer les plaques, et cela sans que l’association et les familles n’en soient préalablement informées. Ca ne doit pas de passer ainsi.
Pour la reconstruction des tombes, bien que le président du Faso ait donné son accord, il a fallu batailler pour avoir gain de cause.
De la transition à nos jours, combien d’argent a été dépensé dans les cérémonies ? L’année passée, la cérémonie de commémoration de l’insurrection populaire qui n’a duré que 45 minutes a coûté 90 millions de FCFA. Pendant ce temps, le dédommagement des familles de fait attendre. Le traitement des dossiers relatifs à l’insurrection et au putsch manqué devait être une priorité pour le régime en place.

Interview réalisée par Elie KABORE

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