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Journées des maraichers du Sahel: 12e pari réussi par l’UFC-Dori

 

Pour la 12e fois, l’Union fraternelle des croyants de Dori a réuni les maraichers du Sahel dans un seul espace marchand. La foire des maraichers de Dori a eu lieu du 3 au 5 mars dernier dans la capitale de la région du Sahel en présence de responsables religieux, administratifs et des structures paires, pour réfléchir ensemble sur la contribution des boulis (mares artificielles) au développement local au Burkina Faso.

Les maraichers ont exposé des produits de grande qualité. (DR)

Exposer des produits maraichers produits au Sahel était une idée utopique avant les Journées des maraîchers de Dori (JMS). Mais au fil des ans, l’UFC, par le biais des boulis, a démontré qu’il était possible de défier les règles de la nature et en finir avec la «crise alimentaire cyclique».
Depuis plus de 10 ans, 2.082 producteurs issus de 30 villages des provinces du Séno et de Yagha bénéficient de l’accompagnement de l’UFC. Ces producteurs réunis au sein des 23 groupements travaillent aux abords de la vingtaine de boulis-maraichers construits par l’UFC. De la tomate, de l’oignon, de la pomme de terre, des aubergines «made in Dori» en grande quantité et de qualité supérieure sont exposés à la foire.
«Avant, une seule bulle de nos pommes de terre pouvait peser plus d’un kg», confie Saïbata Sangto, productrice du groupement Delwendé de Gorgadji. Les groupements qui exposent arrivent à «vendre toutes leurs productions à chaque foire» et à «engranger des bénéfices  qui forcent le sourire», explique-t-elle.
Les JMS commencent toujours par cette foire juste après une cérémonie d’ouverture. Depuis plusieurs

Le secrétaire d’Etat à la coupure du ruban marquant l’ouverture des JMS. (DR)

années, le mal des maraichers c’est la difficulté d’écoulement. Les JMS sont donc une «trouvaille» de l’UFC pour «soutenir l’élan d’efforts d’autopromotion» des producteurs, se satisfait Estelle Bicaba, pour qui il est temps de «s’ouvrir» à tous les producteurs de toutes les provinces du Sahel.
Le gouverneur de la région,  Péguy Hyacinthe Yoda, assure que l’action de l’UFC participe «au bien-être des populations les plus défavorisées » du Sahel. Selon lui, c’est «des milliers de ménages» qui profitent de la production maraichère pour «s’habiller, scolariser leurs enfants et se soigner». Le secrétaire d’Etat chargé de la Décentralisation, Alfred Gouba, le représentant du parrain, Simon Compaoré, ministre d’Etat, ministre de la sécurité intérieure lui, espère que l’action continue de l’UFC dans le développement des «boulis» contribuera à «maintenir les jeunes dans la région».

SOS, clôture pour le bouli de Djomga

Après la cérémonie d’ouverture de la foire, les autorités ont été amenées à découvrir le bouli de plus près. En 1993, l’UFC réalisait le bouli de Djomga, situé à 8 km de Dori. 24 ans après, le bouli d’une

Le bouli de Djomga a reçu la visite des autorités

capacité de plus de 20.000m3 d’eau continue de servir de sources de revenus à une trentaine de ménages. Les 32 producteurs sont réunis au sein du groupement «Wardidjam», pour produire de la tomate, de l’oignon, de la laitue, de la pomme de terre, de la salade, etc, sur une superficie de 3 ha. Si ce bouli a pu éviter l’ensablement et le tarissement prématurés, c’est grâce aux mesures de précaution mises en place par l’UFC. L’abreuvement des animaux, l’usage des motopompes et l’utilisation autre que le maraichage sont strictement interdits. Selon Estelle Bicaba, le bouli tarira «d’ici fin mars, occasion pour les maraichers d’aménager les surfaces autour du bouli» et dans leurs champs avant l’arrivée de la saison pluvieuse.
L’UFC espère qu’avec «les forages qu’elle a commencés à construire au tour de certains boulis maraichers», elle pourra encore mettre en place «un autre génie» pour permettre aux producteurs de travailler 12 mois.
Les producteurs espèrent obtenir des autorités une clôture afin de se rassurer que les animaux se tiendront défensivement loin de leur production dans une zone connue pour ses potentialités d’élevage. Ce sont les mêmes producteurs réunis au sein du groupement Djomga qui ont remporté le concours du meilleur groupement maraicher.
Plus de 403 millionsde FCFA de chiffre d’affaires en 2016

L’Evêque de Dori, Mgr Laurent Dabiré, répondant juridique de l’UFC-Dori. (DR)

«Le bouli maraicher, une véritable unité socio-économique à l’échelle village pour accompagner le développement local au Burkina Faso», c’est sous ce thème que s’est tenu la 19e assemblée générale de l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC-Dori). Selon l’évêque de Dori, Mgr Laurent Dabiré, répondant juridique de l’UFC-Dori, ce thème est un «récapitulatif, un stimulant, une poussée programmatique pour que la production maraichère soit conséquente dans les villages qui s’engagent autour des boulis».
C’est également une occasion pour le coordonnateur de l’UFC-Dori, François Paul Ramdé, de faire le bilan moral, financier et d’étaler les perspectives de l’Union pour l’année suivante. «Plusieurs producteurs de plusieurs villages, indistinctement de leur religion et de leur culture, arrivent à travailler ensemble et à tirer leur épingle du jeu même en saison sèche», c’est en résumé la fierté du bilan que M. Ramdé tire des activités de l’UFC.
Selon lui, en 2016, plus de 970 tonnes de spéculations ont été produites pour une valeur marchande de plus de 403 millions de FCFA. Pour la campagne prochaine, du poisson serait commercialisé sur le site de la foire. L’UFC a empoissonné deux sites piscicoles (Djomga et Débéré Talata) à près de 6.000 alevins. Situation sécuritaire régionale oblige, M. Ramdé voit le combat contre la pauvreté ambiante se muer prioritairement en un combat contre «le terrorisme». Il estime qu’il est temps «d’accentuer le combat vers le dialogue interreligieux, vers la tolérance, l’acceptation de l’autre dans sa différence».

Le terrorisme, l’invité «sans carte»

A l’Assemblée générale, les participants sont venus plusieurs localités et de toutes confessions religieuses. (DR)

Le coordonnateur, en s’adressant aux jeunes qui s’enrôlent dans les groupes terroristes, assure que «loin de diviser, la religion est un ferment d’union, de cohésion entre les populations». C’est donc la raison pour laquelle l’UFC inscrit «toutes ses activités dans la promotion de la paix et la culture du dialogue».
L’évêque de Dori a fait carrément «une homélie», quand il se prononçait sur les événements de la veille (ndlr: le lendemain de l’assassinat de l’enseignant au Sahel par les djihadistes), appelant les religieux à accentuer la culture de «la connaissance des religions» car, selon lui, «ceux qui tuent au nom de la religion ignorent leur religion».
Dans les pas de l’évêque, le grand Imam de Dori a invité les jeunes du Sahel à la vigilance pour ne pas tomber dans le piège des extrémistes. C’est d’ailleurs lui qui a fait la prière d’ouverture de l’Assemblée générale en demandant une prière pour l’âme du disparu de la veille.
L’idée des journées des maraichers du Sahel (JMS) est née d’une «initiative-test» en 2006. Au fil des années, l’idée a été murie. Des succès consécutifs est née l’envie d’aller plus loin. Les différentes recommandations, année après année, et l’implication de tous les producteurs lui font prendre de l’envergure. L’UFC envisage dès la saison prochaine transformer les JMS en JPS (Journées des producteurs du Sahel).


70 boulis au Sahel

Le bouli est une mare artificielle construite sur la base d’études géophysiques et topographiques bien précises afin de faciliter la collecte des eaux de ruissellement. Ces ouvrages ont des capacités variant entre 20.000 et 30.000 m3 d’eau. Dans la région du Sahel, l’UFC compte près de 70 boulis dont une vingtaine de boulis-maraichers. Si la population contribue aux travaux de réalisation d’un bouli-maraicher (ce qui est le cas dans le sahel), il coûterait environ 45 millions de F CFA.

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