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Rentrée universitaire : l’Ugeb en ordre de bataille

Du 24 au 27 août, l’Union générale des étudiants du Burkina (UGEB) a tenu son conseil syndical, avec au menu les préparatifs de la rentrée universitaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a ressemblé aux précédentes, tant les problèmes restent entiers : problème d’effectifs, d’infrastructures, le LMD et les questions de restauration. C’est ce qui ressort de ce bref entretien avec le secrétaire général de l’UGEB.

L’Economiste du Faso : Comment l’UGEB appréhende-t-elle la rentrée académique 2016/2017 ?
Vincent Bado, SG de l’UGEB : Est-ce qu’on peut même parler de prochaine rentrée académique ? La situation de retard dans laquelle sont plongées nos universités est telle qu’aucune promotion dans nos universités publiques ne commence une nouvelle année académique en octobre.
Pour le cas de l’université Ouaga I, Pr Joseph Ki Zerbo, par exemple, il s’agira pour une première vague d’étudiants de poursuivre l’année académique 2015-2016 et pour certains celle 2014-2015 et pour d’autres l’année 2013-2014 ; un peu pour caricaturer la cacophonie dans laquelle évolue cette université. Et ce n’est pas une situation isolée.
Sans oublier que certains bacheliers de 2015, ceux orientés au département de Lettres modernes de l’université de Ouagadougou, par exemple, attendent toujours de faire leurs premiers pas dans les amphithéâtres.

Les universités publiques de façon générale et en particulier celles de Ouaga I et II font face à des problèmes tels que le nombre sans cesse croissant d’étudiants et le manque criard d’infrastructures académiques et l’insuffisance d’enseignants. Face à cela, que préconise l’UGEB ?
Les difficultés que rencontrent nos universités publiques sont la résultante de deux causes essentielles et les solutions doivent en découler. Il y a d’abord la cause structurelle qui est le désengagement de l’Etat depuis les années 1990 avec l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS) devenus tantôt Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), puis aujourd’hui Plan national de développement économique et social (PNDES).
La réalité, c’est que le contenu de ces différents programmes est resté identiquement le même : moins de budget alloué au secteur de l’éducation de façon générale et à l’enseignement supérieur de façon particulière. La conséquence de cette politique ne pouvait être autre que le manque d’infrastructures, d’enseignants qualifiés et en nombre suffisant, des allocations sociales insuffisantes ou dépassées par le coût de la vie, etc.
Donc, une incapacité d’anticiper sur le nombre croissant d’étudiants. Du reste, ces effectifs devaient être un motif de fierté pour un Etat qui chante le développement à longueur de journée. C’est dans une telle situation également que nos autorités ont plongé nos universités dans le système Licence-Master-Doctorat (LMD) qui, appliqué dans les conditions actuelles, est l’une des causes conjoncturelles de la situation de délabrement dans laquelle se trouvent nos universités.
Du coup, nous pensons qu’il faut suspendre le système LMD, suspendre et pas supprimer, la nuance est fondamentale ; en attendant de réunir les conditions nécessaires à son application. Etant entendu qu’une telle démarche ne constitue qu’une solution conjoncturelle à même de résoudre les questions liées au chevauchement des années académiques et d’atténuer les nombreuses difficultés dans lesquelles le système a plongé les étudiants, comme les retards académiques, l’insuffisance accrue des œuvres sociales, la fuite massive des étudiants, etc. Ceci dit, la solution structurelle consiste à ce que l’Etat mette les moyens qu’il faut dans l’enseignement supérieur.

Le gouvernement burkinabè compte reprendre dans les prochains mois le chantier de l’université Ouaga II pour désengorger celle de Ouaga I, est-ce pour vous une des solutions ?
Il faut déjà rappeler que l’université Ouaga II a été promise depuis l’année académique 2007-2008 suite aux luttes des étudiants, sous la direction de l’ANEB/Ouaga (ndlr: association nationale des étudiants burkinabè/section de Ouagadougou). Si huit ans après elle est toujours en chantier, vous conviendrez avec nous que pour constituer une solution, les infrastructures à construire ont besoin de prendre en compte le nombre d’étudiants que compte l’université Ouaga II et d’anticiper ceux qui vont arriver. Si on ajoute à cela l’épineuse question du déplacement et de l’hébergement des étudiants à Donsin qui n’est pas encore définitivement tranchée, une prudence s’impose.
Du reste, au regard des nombreuses difficultés auxquelles font face les étudiants, avec cette touche particulière cette année qu’est la tentative de remise en cause des acquis sociaux; depuis le 20 avril 2016, les étudiants de Bobo ne bénéficient ni de restauration, ni de transport ; les étudiants du Centre universitaire polytechnique de Ouahigouya (CUPO) ont fait 74 jours sans restauration, etc., notre conseil syndical ordinaire tenu du 24 au 27 août 2016 a appelé les étudiants à se mettre en ordre de bataille pour des luttes décisives à la reprise.

Propos recueillis par Rachel Dabiré

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