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Tribune

Débats publics entre candidats : Vers une amélioration de l’éducation politique des électeurs ? – Rachel Glennerster –

Depuis les années 1990, les politiques électorales ont un rôle de plus en plus important dans les processus démocratiques en Afrique. Pourtant, dans de nombreux pays, les promesses de démocratie en termes d’élections concurrentielles ouvertes et de bonne gouvernance sont encore loin de satisfaire les attentes: la corruption est élevée tandis que la qualité des services publics reste faible.
Les électeurs en savent souvent trop peu sur les qualifications, le passé et les prises de position politique des candidats. Les débats publics entre candidats aux élections, considérés comme des stratégies électorales banales dans de nombreux pays, sont moins fréquents dans les pays en voie de développement, bien qu’ils y soient tout aussi utiles. Dans des environnements caractérisés par une insuffisance de l’information politique et une couverture médiatique limitée, les électeurs sont souvent enclins à soutenir les candidats avec qui ils ont en commun une appartenance ethnique ou géographique, qui adhèrent au même parti politique ou pratiquent la même religion, quelles que soient leurs qualifications et opinions politiques. Serait-il possible que ces habitudes de vote soient évitées si l’on donnait aux électeurs plus d’informations sur les candidats ?

En 2012, nous avons collaboré en Sierra Leone avec Search for Common Ground (SFCG), une organisation de la société civile non partisane, ayant une forte présence dans les médias locaux, pour évaluer l’impact des débats politiques publics durant les élections législatives de novembre 2012. Nous avons conduit une évaluation aléatoire pour déterminer si des projections vidéo de débats publics entre les candidats aux législatives peuvent améliorer les connaissances politiques des électeurs, changer leur façon de voter et finalement influencer les performances ainsi que la redevabilité des élus.
SFCG a donc invité les candidats des trois principaux partis politiques à participer à des débats. Tous suivaient un format standard: d’abord un modérateur demandait aux candidats de se présenter et de parler de leur passé. Ensuite, les candidats répondaient aux questions sur les politiques et dépenses publiques, puis débattaient de l’emploi des jeunes, de l’égalité des sexes ou encore des mesures concernant la gratuité des soins en Sierra Leone. Ces débats ont été filmés, puis projetés dans 14 circonscriptions électorales choisies par tirage au sort, où l’équipe de l’ONG allait de village en village avec un cinéma mobile.
Nous avons fait des sondages auprès des électeurs avant et après les projections des débats, et juste après les élections pour mesurer si leurs perceptions et leur connaissance des candidats avaient changé, et comment ils avaient voté.

Les projections publiques des débats ont conduit à des améliorations significatives des connaissances politiques générales des électeurs ainsi que leur connaissance des différents candidats et de leurs positions politiques. (DR)
Les projections publiques des débats ont conduit à des améliorations significatives des connaissances politiques générales des électeurs ainsi que leur connaissance des différents candidats et de leurs positions politiques. (DR)

Les projections publiques des débats ont conduit à des améliorations significatives des connaissances politiques générales des électeurs ainsi que leur connaissance des différents candidats et de leurs positions politiques. Par exemple, les électeurs ayant regardé les débats étaient plus susceptibles de connaître le montant octroyé aux députés pour investir dans leurs circonscriptions et les priorités de dépenses des candidats.
Ces projections ont également changé la façon dont les gens ont voté. Par rapport à ceux des villages de la même circonscription où il n’y avait pas eu de projection, les électeurs ayant regardé les débats étaient plus susceptibles de voter pour le «meilleur» candidat – celui que le public avait désigné comme vainqueur du débat. Ils étaient également plus susceptibles de voter pour un candidat qui avait les mêmes opinions politiques qu’eux.
Nous voulions également tester l’impact de différents canaux d’information. Ainsi nous avons choisi des électeurs au hasard, dans les villages où les débats n’avaient pas été projetés, soit pour leur faire regarder tout le débat sur une tablette, soit pour en écouter un résumé audio ou pour visionner seulement la partie où le candidat se présente. Les trois méthodes ont été efficaces pour accroitre les connaissances politiques générales, mais seule la visualisation du débat complet et le rapport audio ont amélioré les connaissances des électeurs sur les positions politiques des candidats. Par contre, il n’y a que le débat complet qui a conduit plus d’électeurs à voter pour les candidats dont ils partageaient les opinions politiques, ce qui révèle que l’information véhiculée par un débat complet est la plus convaincante pour les électeurs.
Fait intéressant, les candidats aussi ont changé leur comportement. Ils ont augmenté leurs dépenses de campagne et se sont rendus plus souvent dans les villages où les débats avaient été projetés. Une fois élus, ils ont passé plus de temps dans leur circonscription, y ont fait plus d’investissements vérifiables, et organisé plus de réunions publiques par rapport aux élus du groupe de comparaison. Les populations des circonscriptions dont les députés avaient participé aux débats étaient plus susceptibles de dire que leurs députés faisaient «un bon travail dans la promotion» de divers secteurs de leur circonscription.
Ces résultats démontrent que les électeurs sont capables de voter sur la base des programmes politiques quand ils ont l’information dont ils ont besoin au sujet de leurs candidats. Les débats peuvent également encourager les hommes politiques à investir davantage dans leurs circonscriptions, autant durant les campagnes qu’après leur élection.
Qui plus est, cette étude montre que les débats médiatisés entre candidats sont réalisables d’un point de vue logistique. En réalité, les frais de production des débats ont été assez faibles (environ 2.900.000 FCFA), c’est l’organisation des séances de projections dans les petites collectivités rurales qui augmente les coûts. Ainsi dans d’autres contextes, les débats pourraient être diffusés à travers différents médias ou faire l’objet de projections dans des communautés plus importantes afin de réduire les coûts de projections et d’atteindre un public plus large.

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J-PAL laboratoire d’action contre la pauvreté et Innovations for Poverty Action (IPA) ont pour mission de découvrir et de divulguer des solutions efficaces pour lutter contre la pauvreté dans le monde. En partenariat avec les décideurs politiques, J-PAL et IPA conçoivent, évaluent rigoureusement et aident à améliorer les programmes de développement ainsi que la manière dont ils sont mis en œuvre.

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