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Attaques terroristes et voyages humanitaires

Au lendemain des attaques terroristes à Ouagadougou, les témoignages et autres avis ne cessent de fuser. Parmi eux, la réaction des associations et organisations humanitaires, principales aides au développement des localités du Burkina Faso, était la plus attendue. Au vu du nombre d’étrangers tués lors des attaques, la question de l’avenir des voyages humanitaires se pose. Dans ces témoignages, si la plupart des institutions veulent maintenir leurs liens avec le Faso, les attentats auront tout de même des conséquences sur leurs façons de travailler.

• Un séjour reporté

Les membres des Amis de Ploudougou, dont Nathalie Prouff (3e à gauche, au 1er plan), aux côtés de Coline et Laëtitia, qui devaient se rendre pour la première fois au Burkina Faso.
Les membres des Amis de Ploudougou, dont Nathalie Prouff (3e à gauche, au 1er plan), aux côtés de Coline et Laëtitia, qui devaient se rendre pour la première fois au Burkina Faso.

Les membres de l’association «Les amis de Ploudougou», qui œuvre au Burkina Faso, à Koudougou et au campement solidaire de Baribsi, se sont réunis en assemblée générale, le soir des attaques terroristes à Ouagadougou. Leur séjour annuel de coopération internationale, qui devait avoir lieu du 28 janvier au 16 février, était à l’ordre du jour. Selon le site web Le Télégramme, compte tenu des attentats commis à Ouagadougou, dans la nuit du 15 au 16 janvier, et des risques sécuritaires, il a été décidé de «reporter le voyage à une date ultérieure, voire à l’année prochaine». Le voyage devait concerner deux professeurs, Christine Paklepa et Philippe Quéméner, deux lycéennes, Coline Toudic et Laëtitia Le Gall, ainsi qu’un parent d’élève, Nathalie Prouff.

• Le Canada veut maintenir ses liens avec le Faso

Cette famille de quatre personnes mortes dans les attaques terroristes était au Burkina Faso depuis près d’un mois pour participer à la construction d’une école à Mani.
Cette famille de quatre personnes mortes dans les attaques terroristes était au Burkina Faso depuis près d’un mois pour participer à la construction d’une école à Mani.

Trois jours après les attaques djihadistes de Ouagadougou, au Burkina Faso, la consternation demeure au Canada. Six Québécois ont perdu la vie lors de ces attentats qui ont fait 24 autres victimes et de nombreux blessés. Pendant ce temps, au Canada, la communauté de Lac-Beauport, dans la région de Québec, est toujours sous le choc.
C’est là que vivait la majorité des victimes, soit une famille de quatre personnes.
Cette famille était au Burkina Faso depuis près d’un mois pour participer à la construction d’une école à Mani, un petit village à deux heures de route de Ouagadougou. Elle rénovait aussi une école à Kongoussi, un village situé à 100 km de la capitale.
Deux amis, originaires de Québec, les accompagnaient lors de ce voyage humanitaire pour le compte de la Congrégation des sœurs de Notre-Dame du perpétuel secours.
Selon Radio-Canada international, la congrégation religieuse responsable du voyage entend d’ailleurs poursuivre sa mission au Burkina Faso.

• Un drame sans précédent pour le CASIRA

Germain Tardif, président du CASIRA. (Ph.: ICI Radio-Canada)
Germain Tardif, président du CASIRA. (Ph.: ICI Radio-Canada)

Le Centre amitié de solidarité internationale de la région des Appalaches (CASIRA) pour lequel travaillaient les six Québécois de la région tués dans les attentats au Burkina Faso se dit consterné par ces attaques survenues dans un pays jugé jusqu’à présent sans risque pour les coopérants. Ces bénévoles étaient au Burkina Faso depuis décembre pour participer à un projet de construction d’écoles dans le village de Kongoussi et s’apprêtaient à revenir au pays. L’organisme espère que la tragédie n’aura pas d’impact sur l’engagement des coopérants. «Le message qu’on veut lancer, c’est qu’il faut poursuivre l’action humanitaire, c’est important. Sinon ça donne raison aux terroristes de commettre les actes qu’ils commettent», a affirmé à Radio Canada la coordonnatrice Véronique Labonté.

D’autres organismes préoccupés

Oxfam compte 14 coopérants volontaires qui œuvrent présentement au Burkina Faso avec les communautés locales pour la sécurité alimentaire et le développement agricole. Mylène Otis, coordonnatrice de Oxfam-Québec, basée au Burkina Faso depuis 16 ans, souligne que les membres sont ébranlés par la situation. «On a fait déjà une rencontre pour verbaliser comment chacun se sent, qu’est-ce qu’on pourrait mettre en place pour une meilleure sécurité de tout un chacun», dit-elle. Pour sa part, elle n’entend pas quitter le pays prochainement, mais elle souligne que les attentats auront des conséquences sur sa façon de vivre et de travailler.

• Les entreprises canadiennes gardent le cap

La société minière Semafo, fondée par Benoît La Salle en 1995, a indiqué avoir «accru le niveau de sécurité» à sa mine de Mana, située à 270 kilomètres au sud-ouest de Ouagadougou. (Ph.: Olivier Pontbriand, archives la presse)
La société minière Semafo, fondée par Benoît La Salle en 1995, a indiqué avoir «accru le niveau de sécurité» à sa mine de Mana, située à 270 kilomètres au sud-ouest de Ouagadougou. (Ph.: Olivier Pontbriand, archives la presse)

Les entreprises canadiennes actives au Burkina Faso ont resserré leurs mesures de sécurité, dans la foulée des attentats terroristes qui ont fait 30 morts à Ouagadougou, mais elles n’ont pas l’intention de se retirer du pays. «Les projets avancent, ça continue, c’est clair», a lancé Benoît La Salle, PDG de la firme montréalaise Windiga Énergie, qui prévoit retourner au Burkina Faso pour suivre les travaux de construction d’une centrale électrique solaire.
Les actions de Semafo et de Iamgold, une autre société minière canadienne présente au Burkina Faso, ont néanmoins écopé d’un recul de plus de 2 % au lendemain des attentats terroristes à la Bourse de Toronto, alors que les titres des autres sociétés aurifères ont clôturé en hausse.

Voyages suspendus
Chantal Guérin, directrice générale de la Fondation Semafo, qui se trouvait au Burkina Faso, où l’organisme dirige une trentaine de projets de bienfaisance, devait être à Ouagadougou en fin de semaine, mais à la dernière minute, elle a changé ses plans pour se rendre plutôt à la mine de Mana. «Ce n’est pas mon numéro qui a été tiré cette fois-ci», dit-elle. Chantal Guérin suspendra ses voyages au Burkina Faso pendant quelques mois, le temps que la poussière retombe. «Mais il n’est pas question d’arrêter nos projets. On ne veut pas donner raison aux personnes qui ont fait ces attentats».

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