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Financement de la Transition : Les milliards qui font le poids

Dans la marche actuelle du Burkina et pour la réussite de la Transition, certains partenaires sont comparables à des vibrisses dans les narines. Leur comportement est très sensible et il est préférable de ne pas les contrarier. Il s’agit notamment des principaux partenaires financiers, qui ont promis d’accompagner et accompagnent effectivement cette période par le financement du processus électoral et par un appui budgétaire spécial.

Alain-HollevillePresque l’ensemble des partenaires financiers traditionnels du Burkina ont maintenu leur accompagnement. Cependant, ceux qui ont véritablement décidé de répondre de manière exceptionnelle face aux besoins et aux défis qui s’imposent en cette période, ce sont les Etats-Unis, l’Union européenne et certains Etats membres de cette Union. Aujourd’hui, la transition burkinabè compte énormément sur ces partenaires pour réussir sa feuille de route. Il y a notamment l’organisation d’élections transparentes et démocratiques, mais aussi la mise en place des sillons dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et pour la justice sociale.
Pour cela, les voix des Usa et de l’Union européenne résonnent très fort en ce moment. Ces pays tiennent aujourd’hui le cordon sensible de la bourse, vitale pour la Transition et ne manquent pas de faire des piqûres de rappel.
On s’en est aperçu avec les récents propos de l’ambassadeur américain, Mushingui Tulinabo, et celui de l’Union européenne (Ue), Alain Holleville, sur le nouveau Code électoral taxé de ne pas être inclusif. Exprimant leur désir d’inclusion, leur participation au financement de la transition a tout de suite été mise dans la balance. «C’est aux électeurs de faire leur choix et nous allons les accompagner dans leur choix. Le principe de base étant l’inclusion de tous les groupes sociaux», a rappelé sobrement l’ambassadeur américain. De son côté, l’ambassadeur l’Ue a été plus direct. «Nous avons mis beaucoup de moyens dans l’appui aux élections et nous souhaitons que le processus de la Transition évolue comme il a été prévu, dans le respect du calendrier qui été prévu à cet effet», prévenait Alain Holleville.
Les réactions suite à ces différentes déclarations n’ont pas tardé. D’abord ce sont les partis fidèles à l’ancien régime qui se sont senti pousser des ailes, car de tels propos apportaient de l’eau à leurs moulins de la protestation contre l’adoption du nouveau Code.
Côté Gouvernement, on a tout de suite initié une rencontre d’explication avec les grandes chancelleries étrangères sur le sens de la nouvelle loi électorale. Et un communiqué a été publié à l’issue de cette rencontre. Les partis politiques de l’ancienne opposition et des figures de la société civile ont également réagi à cette position des «amis du Burkina». Dans la foulée, il y a eu le voyage du Premier ministre Zida aux Usa et au Canada. Voyage au cours duquel il n’a pas manqué de donner des explications pour amener les amis à revoir leur position.
Cette levée de boucliers sur la position américaine et de l’Ue semble avoir produit des fruits, car l’ambassadeur américain a tenu à repréciser ses propos et à réaffirmer tout son soutien au processus politique en cours.
Karim GADIAGA


Le cordon sensible

L’organisation des élections libres et transparentes est la principale mission confiée à la Transition. Pour la préparation des élections, le Burkina a exprimé un besoin de 57 milliards de F CFA. Sur ce montant, le Gouvernement a déjà mobilisé 25 milliards au titre de sa contribution.
Le reste est à chercher du côté des partenaires extérieurs. Parmi ceux qui s’engagent à soutenir le processus, l’Union européenne (Ue) vient de porter son financement à près 7 milliards F CFA. L’Ue accorde également un appui budgétaire exceptionnel d’environ 65,5 milliards de FCFA sur la période 2015- 2016. De son côté, dès décembre 2014, quelques semaines après l’insurrection populaire, l’ambassadeur des Etats-Unis avait annoncé «l’augmentation de l’aide financière pour l’organisation des élections présidentielle, législatives et peut-être municipales de 2015». Cet appui supplémentaire devait atteindre 1 milliard de F CFA.
En dehors de ces deux partenaires, d’autres pays et institutions sont également aux côtés du Burkina. La Banque mondiale accorde 61 milliards de FCFA au Gouvernement pour l’intensification de la lutte contre la pauvreté et la création d’emplois. Taiwan a apporté un appui financier d’environ 650 millions de F CFA à la Ceni. La liste des partenaires n’est pas exhaustive. L’Union africaine devrait également être de la partie.
Jnp


Pour une nouvelle gouvernance du secteur rural

Premier face à face officiel entre le gouvernement de transition et le monde rural. Environ 1.500 producteurs, un peu plus que l’an dernier, ont répondu présent à ce rendez-vous d’explications avec l’exécutif qui s’inscrit dans une démarche de défense de l’exploitation familiale et de leur attachement à la souveraineté alimentaire.
Les 18es Journées nationales du paysan (Jnp) se sont tenues dans un contexte difficile marqué par la fusion des ex-ministère en charge de l’Agriculture et de l’Eau, une demande de la faîtière des organisations paysannes qui espère plus de cohésion des actions gouvernementales en direction du monde rural. L’austérité de la période de Transition a aussi conduit à la prise de mesures budgétaires qui ont entraîné une baisse des montants des investissements consacrés aux programmes du gros ministère restructuré. La prudence est de mise quant aux actions à mettre en œuvre dans les prochains mois, affirmait le ministre François Lompo. Mais le président du Faso, Michel Kafando, et son Premier ministre, à la tête de la délégation gouvernementale, ont eu le temps d’apprécier les préoccupations du monde rural, depuis novembre 2014 suite à la remise du mémorandum à l’exécutif. Les organisations paysannes du Burkina ont souhaité et ont obtenu que les questions liées à leurs activités soient débattues sans tabou. Il s’agit de l’élaboration et l’adoption d’une loi portant définition du statut de l’agriculteur et de ses décrets d’application, la détaxation des équipements agricoles, l’exonération des intrants agricoles. Ce n’est pas tout, les paysans espèrent aussi avoir une réelle mise à disponibilité, en qualité et en quantité, des semences et leur accessibilité aux producteurs, sans oublier la création de la banque agricole pour le financement de l’agriculture. Les solutions à ces préoccupation ne trouvent pas de réponses dans le court terme de la Transition, mais les gestionnaires actuels ont pris des engagements pour le futur, à charge à leurs successeurs de faire évoluer les dossiers. Le monde agricole qui représente le gros des actifs du pays se réjouit du fait que les autorités lui accordent la plus haute attention lors de ce rendez-vous annuel pour lequel ils ont eu toute la liberté de fixer les questions d’importance majeure.
La confédération paysanne du Faso dirigée par Bassiaka Dao ne cesse d’affirmer que «la première mission sociale d’un Etat est d’arriver à nourrir son peuple, sur sa propre production. Et en cela, le monde paysan est responsable de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations». Le Gouvernement, qui réitère la poursuite de son soutien aux producteurs en matière d’intrants agricoles et d’équipements, montre sa bonne volonté à améliorer les performances en accordant une grande attention à la valorisation des produits agricoles à travers l’agro-industrie et les échanges commerciaux. Dans l’urgence, la principale mesure dans le tuyau concerne l’élaboration et la mise en œuvre d’une loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, halieutique et faunique.
Christian KONE

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