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«Les Jnp n’ont pas le pouvoir de booster l’agriculture familiale», Père Maurice Oudet

Cela fait des années que le Père Maurice Oudet, un des missionnaires d’Afrique, Directeur du service d’édition en langues nationales (Sedalan) à Koudougou, traîne sa bosse dans les campagnes du pays. Sa mission, diffuser et vulgariser l’information concernant le monde paysan, les agricultures du Sud et la souveraineté alimentaire. Aux côtés des producteurs, il était de tous les plaidoyers contre les Accords de partenariat économique (Ape) pour la souveraineté alimentaire, le riz local. Les Journées nationales du paysan (Jnp), il en connait un bout. Observateur averti, il reste dubitatif quant aux capacités réelles de cet événement à changer le monde agricole. Il l’évoque dans cette interview accordée à L’Economiste du Faso.

– L’Economiste du Faso : Que pensez-vous des Jnp telles qu’elles se sont déroulées jusque-là?
Père Maurice Oudet: J’ai participé à plusieurs Journées nationales du paysan (Jnp). Ce que j’ai vu et ressenti, c’est qu’il s’agissait plutôt des Journées nationales du président. Les paysans convoqués à cette célébration le sont davantage pour faire obédience au président qu’à exposer leurs problèmes. J’en veux pour preuve ce qui s’est passé aux Jnp de Gaoua en décembre 2004, puis aux Jnp de Dori en 2007.
Il y a deux ans, à Gaoua, la Confédération paysanne du Faso (Cpf) a organisé une journée de réflexion et d’animation de ses membres pour préparer les Jnp.
Cette journée s’est tenue sur place à Gaoua, la veille des Jnp proprement dites. Curieusement, à Dori, cette journée préparatoire n’était plus à la charge de la Cpf, mais aux mains des différents ministères concernés. On peut le regretter. On peut penser que les paysans se seraient davantage impliqués dans la réflexion du Forum si on les avait laissés animer eux-mêmes ledit forum.

– Pour vous, les producteurs n’en tirent pas vraiment bénéfice ?
Pour que les paysans en tirent vraiment bénéfice, il faudra que leurs préoccupations répondent à la politique nationale de développement. En effet, le développement du pays doit passer d’abord par le développement de l’agriculture.
Tant que le pouvoir politique va privilégier (à court terme) les consommateurs urbains, il n’y aura pas une véritable politique agricole au Burkina. Il faut nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à importer les déchets du commerce mondial.
Le seul impact positif de Jnp dont je peux témoigner est celui-ci : en décembre 2004 aux Jnp de Gaoua, le président de l’Association coopérative agricole de Niassan, au Sourou (Cani), s’est plaint devant le président et les ministres concernés du fait que depuis des mois, la Société de promotion des filières agricoles (Soprofa) refusait de leur payer une dette de 20 millions.
Le président de Cani a expliqué publiquement comment la Soprofa avait contracté cette dette (achat de riz paddy enlevé, mais non payé), comment il s’était rendu plusieurs fois au siège de la Société à Ouagadougou, mais en vain.
Chaque fois, ce n’était que des promesses qui n’ont jamais été tenues. Il a expliqué comment l’avenir de sa coopérative était compromis et comment les familles qui avaient produit ce riz n’arrivaient pas à payer la scolarité de leurs enfants, à s’habiller correctement… Le président Blaise Compaoré, à l’époque, a demandé à un responsable de Soprofa, présent aux côtés des ministres du Gouvernement, de s’expliquer. Ce dernier est monté à la tribune, où ses explications n’ont convaincu personne. Dans les jours qui ont suivi, la Soprofa a honoré sa dette.

– Cette année, on discutera de la place de l’agriculture familiale. Quelle est la réalité que couvre ce concept? En quoi les Jnp peuvent booster l’agriculture familiale?
L’agriculture familiale englobe toutes les activités agricoles reposant sur la famille. Elle repose essentiellement sur de la main-d’œuvre familiale, aussi bien des hommes que des femmes. L’agriculture familiale est la principale forme d’agriculture dans le secteur de la production alimentaire (cf. Définition tirée de la Fao). Mais il est clair que ces entreprises agricoles sont très diversifiées. Certaines familles ont su s’adapter à l’environnement local, voire international, et permettent à leurs membres un revenu appréciable. D’autres familles ont du mal à vivre dignement de leur travail.
Les Jnp n’ont pas le pouvoir de booster l’agriculture familiale. Ce pouvoir appartient aux politiques. Il va y avoir des élections cette année. Les paysans pourraient proposer 10 mesures qui leur seraient utiles pour développer leur agriculture familiale. Les candidats qui s’engageraient à soutenir ces mesures auraient alors le soutien des paysans. Chaque candidat devrait également s’engager à inviter, chaque année, les leaders paysans pour faire avec eux le bilan de son action.

– On vous lit sur votre site Abc Burkina. La promotion du riz local et du lait local vous tient à cœur. Quel bilan faites-vous de l’évolution de ces deux secteurs?
Il est clair qu’aujourd’hui le riz local et le lait local sont bien mieux appréciés par les populations urbaines qu’il y a quinze ans. J’ai ouvert à Koudougou un restaurant dénommé Le Restaurant atypique de Koudougou où les produits laitiers (déguè, yaourt et gapal) de la Laiterie du Boulkiémdé sont très appréciés, de même que le riz Grains d’Or, un riz étuvé au Sourou, garanti sans caillou. Mais il est clair que le Burkina peut faire mieux et plus. Il suffirait que le Gouvernement accepte de se protéger des stocks de riz qui ont plus de cinq ans d’âge, cela pour le riz local. Pour le lait, la création et le dynamisme de l’Union nationale des mini-laiteries et des producteurs de lait local du Burkina (Umpl/B) est à saluer. En s’appuyant sur cette structure, les communes rurales qui le souhaitent pourraient se doter d’une mini-laiterie. Pourquoi pas une mini-laiterie dans chacune des 302 communes rurales en 2025?

Entretien réalisé par FW

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