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Agriculture familiale : Réveiller le «géant endormi»

À la faveur de la 18e Journée nationale du paysan qu’accueille Dédougou, la capitale de la région de la Boucle du Mouhoun, les principaux acteurs du secteur rural, politiques, producteurs, Partenaires techniques et financiers plancheront, une fois de plus, sur l’agriculture familiale. Le sujet, pourtant vieux, est remis au goût au jour depuis l’an dernier, suite à la consécration de 2014 comme Année internationale de l’agriculture familiale par la Fao et celle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle par l’Union africaine. Les paysans burkinabè ont saisi cette opportunité pour légitimer leur plaidoyer en faveur des exploitations agricoles.

Ils ont pesé de leurs arguments pour l’inscrire en bonne place des discussions des présentes journées dédiées au monde rural, eux qui, pour la première fois, vont gérer la manifestation comme ils l’entendent à travers leur faîtière, le ministère de l’Agriculture ayant décidé de leur laisser toute la place. La Confédération paysanne du Faso préside la commission thème qui a choisi d’aborder la question de l’accroissement de la productivité des exploitations agricoles familiales pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Burkina Faso.
AgricultureCe sera l’occasion de rappeler que cette agriculture sur laquelle l’on souhaite baser le développement rural compte 500 millions d’exploitations dans le monde et emploie 40% de la population active mondiale, soit près de 2,6 milliards de personnes.
De plus, elle permet de nourrir 70 % de la population mondiale. En Afrique subsaharienne, les experts estiment que l’agriculture familiale fournit 80% de la production agricole alimentaire et assure 98% de la production vivrière, 100% de celle du coton et du cacao, d’après une source datée de 2014 émanant de l’Agence française de développement.
Au Burkina, selon l’économiste Samuel T. Kaboré, l’essentiel de la production agricole destinée principalement à l’autosatisfaction des besoins alimentaires est tenu par l’exploitation familiale, faisant de l’agriculture du pays une activité de subsistance faiblement intégrée au marché. D’après les chiffres du Programme de croissance économique dans le secteur agricole (lancé en 2013), les taux de commercialisation sur la période 2003-2009 des principales céréales sont faibles, variant de 6% à 10% pour le mil et le sorgho, 12 à 30% pour le maïs, entre 22 et 86% pour le riz. Pour les cultures de rente, le coton présente les taux de commercialisation les plus élevés, variant de 86 à 77% entre 2003 à 2009.
Pour le Dr Kaboré, la tradition chez les agriculteurs burkinabè est celle de la croissance de la production par les superficies plutôt que par la productivité, l’agriculture familiale étant dominée par de petites exploitations de moins de 3 ha dont les effectifs tendent à s’accroître.
Les superficies exploitées augmentent en moyenne de 2,8% par an et ont atteint, en 2007, 4. 312. 239 ha, soit 47,9% des superficies cultivables selon les données de la direction des prévisions et des statistiques agricoles. Si cette tendance se poursuit, explique Samuel Kaboré, l’agriculture burkinabè épuisera ses terres cultivables à l’horizon 2030.
Christian KONE

 


Rompre avec la gestion des rentes

Comment donner les moyens à l’agriculture familiale de jouer son rôle dans le développement économique du pays ? Les économistes s’accordent à penser que les couches à fort potentiel de croissance du secteur privé rural peuvent contribuer à une augmentation de la productivité, des valeurs ajoutées et des revenus agricoles, et ainsi conforter la croissance économique nationale qui occasionnera une réduction de la pauvreté. Le géant endormi qu’il faut réveiller est constitué de «petits producteurs de plus en plus nombreux, frappés par la pauvreté, faiblement intégrés au marché, ayant un faible accès au crédit et de faibles capacités d’investir et fortement vulnérables aux chocs exogènes, notamment climatiques». Ces derniers, sans un appui organisé de l’Etat et des acteurs intervenant dans le secteur rural, ne pourront pas relever le défi de la productivité agricole, estime Samuel Kaboré. La solution, à son avis, passe par la rupture avec la gestion des rentes. Au niveau du producteur, en milieu rural, il devrait apprendre à avoir un esprit d’entrepreneuriat, tout en ne comptant pas que sur les rentes naturelles faites de fertilité intrinsèque du sol, de pluviométrie, de fourrage naturel pour les animaux, de main d’œuvre naturelle fournie par la famille, qui en cas de rupture des équilibres naturels deviennent une solution inefficace.
Quant à l’administration publique, souligne-t-il, plus d’attention devrait être prêtée aux résultats et aux impacts des actions sur les producteurs au lieu de mettre l’accent sur les rentes institutionnelles qui augmentent avec les réunions, les séminaires, les ateliers, les missions, les projets et les programmes et politiques.


Programme des Jnp

L’ossature des 18es journées nationales du paysan se présentera comme suit :

• 23 avril
– 9h : début des ateliers sectoriels
1 – Agriculture, ressources hydrauliques, assainissement et sécurité alimentaire
2 – Ressources animales
3 – Environnement et ressources halieutiques

• Tenue du forum national

• 24 avril, à partir de 10 h
– Meeting avec le président du Faso
– Ouverture officielle des Jnp
– Visite de stands

– 25 avril, à partir de 9h
– Entretien producteurs/président du Faso au stade régional (1.500 invités).

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