Société-Culture

Sam Bapès, l’ombre qui éclaire les scènes

Il y a plusieurs façons de distribuer la lumière sur une scène. On peut en faire varier la forme depuis une lueur douce, sans définition particulière, jusqu’à un rayon aux contours nets qui produira des ombres. Ici l’éclairagiste vérifie les cables. (Ph: Eustache Agbotgon)
Il y a plusieurs façons de distribuer la lumière sur une scène. On peut en faire varier la forme depuis une lueur douce, sans définition particulière, jusqu’à un rayon aux contours nets qui produira des ombres. Ici l’éclairagiste vérifie les cables. (Ph: Eustache Agbotgon)

Pour beaucoup de spectateurs, le théâtre se résume à un auteur, un metteur en scène et un comédien. Pour ceux-là, l’éclairage est présent juste pour permettre de voir jouer le comédien. Mais «c’est bien plus que cela», selon le Camerounais Sam Bapès, conseiller lumière et régisseur, invité à ces Récréâtrales 2014.

«L’éclairagiste est un artiste», affirme Sam Bapès sur qui il suffit déposer les yeux pour s’en rendre compte. Son travail s’intègre dans celui de l’équipe de création. Objectif, transformer des intensités lumineuses, des angles d’éclairage, des couleurs, en langage directement relié et en parfaite corrélation avec les intentions de l’acteur et les partis pris du metteur en scène. Vu sous cet angle, le spectacle prend une dimension de plus et la vraie beauté de la lumière est dans cet équilibre, «voir et dire».
Le vrai travail de l’éclairagiste n’est donc

pas de faire joujou avec des projecteurs, mais de faire exister sur le plateau un monde dont la lumière sera aussi essentielle au comédien que le soleil l’est à l’homme dans la vie de tous les jours. La lumière, à travers le créateur lumière, ne doit jamais être sous-évaluée. Car elle contribue, comme le jeu du comédien, comme le choix des décors et/ou des costumes, à la qualité finale du spectacle. Ainsi Sam Bapès, concepteur d’éclairage, utilise savamment toute la puissance et la subtilité de cet extraordinaire médium qu’est la lumière.
«Si, à la base, l’éclairage au théâtre avait pour fonction de rendre les acteurs et le décor visibles aux yeux du public, il peut aussi servir à créer des atmosphères, indiquer le lieu et l’heure, déplacer l’intérêt d’un lieu à l’autre sur la scène, donner à la production son style, faire paraître les objets plats ou tridimensionnels, fondre tous les éléments visuels en un tout unifié», explique-t-il. Pour réaliser ces innombrables effets, l’éclairagiste joue sur les quatre propriétés de la lumière que sont l’intensité, la couleur, la distribution et le mouvement. De fait, l’éclairage de la scène peut varier en intensité d’une lueur quasi-imperceptible à une luminosité aveuglante.

«L’éclairagiste est un artiste», affirme Sam Bapès sur qui il suffit déposer les yeux pour s’en rendre compte. (Ph : Eustache Agbotgon)
«L’éclairagiste est un artiste», affirme Sam Bapès sur qui il suffit déposer les yeux pour s’en rendre compte. (Ph : Eustache Agbotgon)

Une simple lampe de poche allumée sur une scène obscure semblera très claire, tandis qu’un projecteur ultra-puissant qui s’allume sur une scène déjà fortement éclairée semblera n’avoir que peu d’intensité.
Pour ce qui est de la couleur d’un objet sur scène, elle est déterminée tant par sa couleur réelle que par la couleur de la lumière qui l’éclaire. «En appliquant des filtres ou gélatines devant les projecteurs, il devient possible d’appliquer aux comédiens des couleurs plus flatteuses, de baigner tout un décor dans une chaude lumière ou de faire mieux ressortir les couleurs du décor et des costumes». Il y a plusieurs façons de distribuer la lumière sur une scène. On peut en faire varier la forme depuis une lueur douce, sans définition particulière, jusqu’à un rayon aux contours nets qui produira des ombres. On peut aussi faire passer le rayon lumineux à travers une plaque de métal trouée et créer ainsi des formes et des intermittences, un peu comme si la lumière traversait un feuillage.
Avec le mouvement, la dernière propriété, l’intensité, la couleur et la distribution de la lumière peuvent être modifiées aussi vite ou aussi lentement que le concepteur et le metteur en scène le désirent. «Une scène qui débute dans la lumière rose de l’aurore peut se terminer dans la lumière dorée d’un soleil déjà haut dans le ciel», conclut cet homme de l’ombre qui, joignant l’acte à la parole, poussa les curseurs de sa console et la scène s’anima.
NK

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