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Dossier

Kenya: Les bienfaits du fumier de lapin

Humphrey a découvert qu’il pouvait verser quelques gouttes d’urine sur ses cultures pour leur apporter des substances nutritives, en particulier en épandage tardif. (DR)
Humphrey a découvert qu’il pouvait verser quelques gouttes d’urine sur ses cultures pour leur apporter des substances nutritives, en particulier en épandage tardif. (DR)

Humphrey Wangila, un habitant du village de Mkuyuni, dans le comté de Bungoma, au Kenya, n’est pas un éleveur de lapin comme les autres, qui se contentent d’élever et de vendre cet animal dont la viande blanche est considérée comme un mets raffiné dans les hôtels et les restaurants de la ville. Il apporte de la valeur ajoutée à son métier au moyen de pratiques que beaucoup qualifieraient d’enfantillages, la cuniculture étant considérée à la campagne comme l’apanage des jeunes garçons.
A en juger par le nombre de cultivateurs qui appellent Humphrey Wangila pour lui poser des questions et même lui acheter de l’urine et du fumier de lapin, il est clair qu’il a trouvé une recette susceptible de faire des émules. Ce père de cinq enfants vend de l’urine et du fumier de lapin aux agriculteurs qui ont pris conscience de la valeur des déchets produits par ces animaux.
«Au début, c’était juste un passe-temps, avec deux lapins qui m’avaient été confiés par Action pour la santé rurale et le développement, une association qui œuvre dans le comté de Bungoma. Les informations que m’a fournies cette association sur les lapins m’ont encouragé à franchir le pas, et je ne regrette pas ma décision». Humphrey a découvert qu’il pouvait verser quelques gouttes d’urine sur ses cultures pour leur apporter des substances nutritives, en particulier en épandage tardif. Cette découverte, il ne l’a pas gardée pour lui, mais en a fait profiter ses voisins, piquant l’intérêt de nombreux cultivateurs de la région qui ont commencé, depuis lors, à lui acheter de l’urine pour optimiser à leur tour leurs résultats.
Dans le bâtiment rudimentaire qui abrite ses lapins, Humphrey Wangila a imaginé un système qui lui permet de récupérer l’urine et le fumier, qu’il rassemble ensuite et emmagasine. Le jour de l’entrevue, il avait en magasin près de 25 litres d’urine qu’il vendra pour 1.000 shillings (environ 9 euros) le litre aux cultivateurs, soit 25.000 shillings (220 euros) au total, à l’heure où la demande d’urine va croissant. Humphrey Wangila, qui s’est également livré à des expériences sur de jeunes pousses d’arbres, est devenu un exemple dans ce village réputé pour la culture de la canne à sucre et du maïs. Il fait partie des 300 cultivateurs qui ont diversifié leurs activités après avoir agrandi leur exploitation grâce aux connaissances acquises, aux intrants agricoles et au crédit. Ce faisant, ils améliorent leur productivité et luttent contre les fléaux que sont l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale.
Pendant que d’autres cultivateurs – comme sa voisine, Agnes Magero, veuve et mère de huit enfants – agrandissent leurs parcelles de maïs, Humphrey Wangila s’apprête à porter son cheptel de lapins à 100 têtes dans les semaines à venir, motivé par les bénéfices qu’il tire de ses animaux. Qui dit extension des surfaces cultivées dit accroissement de la demande d’urine de lapin, créant ainsi un cercle vertueux dont les autres cultivateurs et lui-même bénéficient – même si tous les cultivateurs qui ont agrandi leurs parcelles n’ont pas encore adopté la recette de fertilisation de leur voisin. Hezbon Itumbo, cultivateur à Teso, a toutes les raisons d’avoir le sourire en contemplant ses 2,5 hectares de maïs en pleine santé. L’année dernière, il n’avait pu cultiver qu’un demi-hectare.
Cette année, il a pu en ajouter cinq de plus et table sur une production supérieure à 100 sacs. «Je me suis rendu compte que j’avais un trésor sous mes pieds depuis toutes ces années. Aujourd’hui, je prévois une récolte exceptionnelle qui va me changer la vie. La plupart d’entre nous nous plaignons de la pauvreté, alors qu’on a la chance d’avoir une terre fertile, qui était simplement mal exploitée. Les intrants que j’épands ont changé ma vie et celle d’autres cultivateurs de la région», confie-t-il. Président de l’association Action rurale, Joseph Atsali explique que son programme – par le biais duquel l’association a fourni pour près de 1,3 million de shillings (11.000 euros) d’intrants aux cultivateurs – a permis de porter les surfaces cultivées à près de 40 hectares, une superficie qui est appelée à s’accroître dans les saisons à venir.
«Le principal défi auquel sont confrontés nos agriculteurs dans les zones rurales est que – alors que des terres sont disponibles – la plupart d’entre eux n’ont pas les moyens d’acheter les intrants et finissent par cultiver des petits lopins de terre qui ne suffisent même pas à assurer leur subsistance». Parmi ces intrants, l’engrais, qui coûte près de 90 shillings le kilo (80 centimes d’euros), sachant qu’il en faut près de 125 pour un hectare. «Le potentiel est immense, et le fait d’ouvrir de nouvelles perspectives aux cultivateurs peut aider grandement, à la fois à lutter contre l’insécurité alimentaire, et à créer de la richesse pour le pays», ajoute Joseph Atsali.
La plupart des cultivateurs, explique-t-il, sont à mesure de rembourser les emprunts souscrits en une saison grâce à l’optimisation des rendements résultant des nouvelles méthodes d’exploitation, dont l’utilisation de semences et d’engrais adaptés. A côté de la vente d’urine, Humphrey Wangila s’est également associé à une coopérative pour acheter des taureaux de labour. Dans l’Ouest du Kenya, comme dans un grand nombre de zones rurales, le coût de la mécanisation est souvent prohibitif pour les familles. Mais en attelant deux taureaux à une charrue, elles peuvent labourer leurs parcelles plus rapidement qu’avec des outils à main. Et comme tous les cultivateurs ne peuvent pas se permettre d’avoir leurs propres taureaux, Humphrey Wangila et d’autres cultivateurs de la région de Bumula se sont associés pour acheter des taureaux qu’ils louent ensuite moyennant une modique somme, réduisant ainsi le coût des labours pour chaque cultivateur.

 


Fiche d’information

Le fumier de lapin est l’un des meilleurs qui soient pour le jardinage bio ! Il améliore la structure du sol et favorise le cycle de vie des microorganismes bénéfiques qui y vivent. Il est également riche en substances nutritives et simple d’utilisation. Une lapine et sa progéniture produisent plus d’une tonne de fumier par an. Le fumier de lapin est gorgé d’azote, de phosphore, de potassium et autres minéraux, d’un grand nombre de micronutriments, auxquels il faut ajouter de nombreux autres oligo-éléments bénéfiques comme le calcium, le magnésium, le bore, le zinc, le manganèse, le soufre, le cuivre et le cobalt. Le fumier de lapin est plus riche en azote que celui du mouton, de la chèvre, du cochon, du poulet, de la vache ou du cheval. Or, les plantes ont besoin d’azote pour produire un feuillage luxuriant. L’azote leur permet d’être plus vertes et plus vigoureuses en les aidant à atteindre leur potentiel.
Le fumier de lapin est également plus riche en phosphore que les autres. Le phosphore permet de convertir l’énergie du soleil en énergie chimique qui, à son tour, favorise la croissance de la plante, tout en renforçant également sa résistance aux agressions. La présence de phosphore dans le sol favorise la floraison et la fructification tout en améliorant la croissance des racines. Le potassium présent dans le fumier de lapin aide à obtenir des fruits de qualité et à lutter contre les maladies. Les plantes se servent du potassium comme d’un enzyme pour produire des protéines et des sucres et pour contrôler leur teneur en eau. Le fumier de lapin est l’un des rares engrais qui ne brûlent pas les plantes lorsqu’il est épandu directement dans le jardin et peut être utilisé sans danger sur les plantes destinées à l’alimentation. o
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Mazera Ndurya

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