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Pourparlers inter-maliens à Alger: Douloureuse harmonie entre groupes armés à Ouaga

Le Pr Ahmed Ould Sidi Mohamed, l’autre signataire de la déclaration pour le CPA, MAA-dissident et CMFPPR. (DR)
Le Pr Ahmed Ould Sidi Mohamed, l’autre signataire de la déclaration pour le CPA, MAA-dissident et CMFPPR. (DR)

La première tentative de reprise des pourparlers inter-maliens à Alger n’a véritablement pas fait bouger les lignes dans chaque camp. S’inspirant de cette expérience difficile, les groupes armés occupant le Nord-Mali se sont donné rendez-vous à Ouagadougou en vue d’harmoniser leurs positions avant de se rendre à Alger pour le second round des négociations inclusives. Avant le début des travaux le 26 août 2014, le porte-parole du mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Moussa Ag Attaher, faisait comprendre l’importance d’une telle rencontre pour les groupes armés. Pour lui donc, «on va parler à cœur ouvert, de manière franche et sincère pour que nous voyons vraiment toutes les possibilités afin d’harmoniser les points de vue des uns et des autres pour faciliter les discussions à Alger». Poursuivant, il confiera «d’ailleurs, qu’il n’y aura pas de tabou, il n’y aura pas de diplomatie. Nous allons discuter entre frères».

Du côté de la coalition des peuples de l’Azawad (CPA), le ton est identique, mais l’on est allé plus loin pour affirmer ceci : «C’est très important parce que la situation qui prévaut dans l’Azawad, aujourd’hui en particulier, dans le Sahara ou le Sahel est très inquiétante, et elle échappe à tout contrôle». Il y a bien donc un intérêt commun qui a pris le dessus au niveau des mouvements. L’ambiance était donc à l’unisson pour les représentants des 6 groupes armés au démarrage des travaux. L’ordre du jour était donc clair. Les participants devaient travailler d’abord à l’unité des mouvements du Nord, et ensuite discuter des questions relatives au statut politique et juridique à négocier avec le gouvernement malien. Si la déclaration finale fait ressortir que les travaux se sont déroulés dans «une atmosphère de franchise et de large ouverture», les méfiances entre les mouvements semblent persister.

La nature des groupes expliquait de toute évidence les divergences de points de vue.
D’un côté, il y avait la coordination des mouvements politico-militaires de l’Azawad qui regroupe le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR 2). En face de ce premier groupe, il y avait la coordination des mouvements politico-militaires de l’Azawad, signataire de la plateforme d’Alger du 14 juin 2014. Cette coordination regroupe des mouvements comme la coalition des peuples de l’Azawad (CPA), une branche du MAA et une autre du CMFPR.


 

L’introuvable unité

Les diversités au sein des coordinations ont été la principale difficulté de ces échanges. Si les uns prétendaient à l’indépendance des peuples du Nord-Mali, les autres mettaient l’accent sur une autonomie. Cette dernière tendance a pris le dessus sur tout autre, ce qui a constitué le premier point acquis. La question du statut juridique et politique à négocier ayant été résolue, l’unité des groupes n’a donc pas pu être acquise. On a donc, par moment, frôlé l’échec des travaux.
Les groupes n’ont donc pas pu se trouver un porte-parole attitré qui parlera au nom de tous à Alger. Et le président du CMPFPR 2, Ibrahim Abba Kantao, de préciser que «dès que nous serons à Alger, on dévoilera qui sera porte-parole».
En attendant, la déclaration finale a donc été signée, d’une part, par Algabass Ag Intalla du HCUA pour le premier groupe et le Pr Ahmed Ould Sidi Mohamed du MAA, d’autre part, pour le second groupe. Les mouvements ayant tablé sur l’autonomie du Nord-Mali, la question de l’indépendance n’est donc plus à l’ordre du jour.
Ibrahim Abba Kantao précisera qu’en plus de l’autonomie, les grands sujets en débat à Alger à partir du 1er Septembre concerneront les questions de gouvernance générale et de sécurité. Le Pr Younoussa Touré du CMFPR 2, lui, se veut plus clair. «A Alger, il y aura une seule voix, avec différents timbres», dit-il. La paix, le développement, ont été mis à mal, volontairement ou involontairement, et l’occasion est là pour redonner espoir aux peuples du Nord du Mali. Avant de se séparer, les participants ont à nouveau clamé en chœur, «vive l’Azawad!».
Jean De Baptiste OUEDRAOGO

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