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Entrepreneuriat féminin : Des têtes qui émergent

 

Au Burkina, le nombre de femmes chefs d’entreprises demeurent largement inférieur à celui des hommes, mais ce qu’on devrait peut-être mettre en avant aujourd’hui, c’est la qualité et le courage de celles qui ont réussi à se hisser à ce niveau. En quelque sorte des ambassadrices de l’image de la femme, elles démontrent à souhait que les difficultés matérielles et les pesanteurs socioculturelles ne sont pas une fatalité.


Les chiffres, tels que ceux issus du Recensement général de l’agriculture 2006-2007, montrent déjà que les femmes burkinabè sont majoritaires (plus de 60%) dans les activités de production. Les femmes constituent l’essentiel des acteurs de l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, la sylviculture, le petit commerce, la transformation des produits agrosylvopastoraux, des produits forestiers non ligneux et la production maraichère. Mais cette présence massive reste concentrée sur les petites activités dans les différents secteurs. Dans le commerce, par exemple, la présence des femmes relève le plus souvent de la catégorie de l’informel. C’est-à-dire des petits commerces peu rentables et mal structurés.
C’est pourquoi au-delà du nombre déjà important, le gros défi qui se présente à l’actrice économique est à la fois d’intégrer des domaines d’activités autrefois abandonnés aux hommes et de viser des niveaux de leadership dans toutes les activités où elle se retrouve.
On peut penser que cette vision est désormais en marche au Burkina.
Le pays compte déjà un petit lot de femmes chefs d’entreprises. Des entreprises de toutes les tailles et dans presque tous les secteurs d’activités économiques, dans le public comme dans le privé. Ces femmes devraient continuer à inspirer leurs sœurs et les jeunes filles pour faire grandir le cercle. Aujourd’hui, on retrouve des femmes ambitieuses qui non seulement initient leurs propres affaires et ensuite tentent tous les jours de les faire prospérer au même titre que leurs homologues masculins. Des femmes burkinabè sont à la tête des entreprises de BTP. Elles dirigent des industries de transformation dans l’agro-alimentaire. On retrouve des femmes à la tête des agences de communication et dans l’entrepreneuriat culturel, au niveau des agences de cinéma et de l’audio-visuel. Il y a également des femmes dans le commerce d’import-export et aussi dans l’immobilier.
Bien avant ces cas, certaines femmes avaient réussi à se faire un nom et à se professionnaliser dans la restauration. A ce jour, la banque fait partie des rares secteurs où le leadership féminin est encore timide et presque inexistant.
L’une des opératrices économiques burkinabè les plus connues ces dernières années reste incontestablement Alizèta Ouédraogo dite Gando. PDG de Tan Aliz, promotrice de plusieurs autres sociétés, dont l’agence immobilière Azimmo et l’entreprise de BTP SACBA-TP, Gando est la première femme à occuper la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF), depuis décembre 2011 jusqu’à l’insurrection populaire d’octobre 2014.
Un autre exemple de femme chef d’entreprise qui s’est hissée à la tête d’une structure publique est Henriette Kaboré. Actuelle présidente du Conseil d’administration de la Maison de l’Entreprise du Burkina Faso (MEBF), elle est avant tout PDG de BTM, une entreprise spécialisée dans les BTP et la maintenance. Dans le même registre, on pourrait également ajouter Bintou Barro/Diallo, l’actuelle DG de l’Agence de promotion des investissements du Burkina Faso (API-BF). Avant d’occuper ces fonctions à l’API-BF, elle était depuis plus d’une dizaine d’années la DG de la SN-Citec.
Quant à Mamounata Velegda, très connue dans la commercialisation des produits agricoles comme le beurre de karité, elle avait été l’une des rares femmes dans les instances dirigeante de la CCI-BF d’avant insurrection. Cette femme reste une figure importante du secteur privé burkinabè. Comment oublier Simone Zoundi, qui a créé depuis 1992 Société d’exploitation des produits alimentaires (SODEPAL). Au niveau corporatif, elle a été la présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprises (AFCE). Aujourd’hui, elle est la présidente de la Fédération des industries de l’agro-alimentaire et de transformation (FIAB). Dans le tout nouveau bureau consulaire de 21 membres de la CCI-BF, Valérie Kaboré, propriétaire de Média 2000, une agence de production audiovisuelle, est la seule femme.

Joël BOUDA


Face à des difficultés particulières

Au Burkina, ce n’est pas facile d’entreprendre. Les études et les expériences indiquent qu’il est encore plus compliqué quand on est femme. Il est établi que les difficultés pour l’entrepreneuriat féminin existent avant même le lancement. Parmi ces difficultés, il y a l’autocensure et le manque de confiance de la part des partenaires.
Les stéréotypes et l’absence de modèles font que les femmes manquent très souvent de confiance en elles-mêmes. Ensuite, l’accès au financement est un autre problème. D’autres difficultés comme l’accès aux facteurs de production comme la terre, la formation professionnelle et à l’appui technique complètent les obstacles.
Mais l’espoir est permis, car les représentations mentales concernant la place des femmes dans la société évoluent et il y a de plus en plus de guichets dédiés au financement de l’entrepreneuriat féminin.

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