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Dr Paté Sankara « Appolo, une bouffée épidémique de la conjonctivite »

 

Depuis un certain temps, il est observé au Burkina Faso un certain nombre de personnes atteintes de la conjonctivite. Sommes-nous face à une épidémie de la maladie ? Pour en savoir davantage, nous nous sommes entretenus avec Docteur Paté Sankara, médecin ophtalmologiste au Centre national de lutte contre la cécité.

Docteur Paté Sankara, médecin ophtalmologiste au Centre national de lutte contre la cécité. (DR)
Docteur Paté Sankara, médecin ophtalmologiste au Centre national de lutte contre la cécité. (DR)

L’Economiste du Faso: Depuis quelque temps, nous assistons à une vague de malades atteints de la conjonctivite. Sommes-nous face à une épidémie ?
Dr Paté Sankara : Cette année, nous avons observé un certain nombre de cas de la conjonctivite hémorragique épidémique tropicale, communément appelée Apollo. Depuis le 17 août, nous avons commencé à avoir des cas de conjonctivite dans notre centre. Nous sommes à plus d’une cinquantaine de cas à ce jour. Nous n’avons pas encore l’ampleur de cette maladie, car nous n’avons pas encore fait la sommation des cas enregistrés, ni fait des examens de microbiologie pour pouvoir identifier le germe, mais tout porte à croire qu’on est en face d’une certaine bouffée épidémique de cette conjonctivite hémorragique. Pour cette pathologie, on ne sait pas pour quelle raison elle revient. Mais il faut savoir que ce n’est pas le seul cas de maladies virales qui disparait, puis réapparait. Par moment, nous n’observons pas de cas, ou c’est quelques rares cas qui sont observés, ou on a affaire à une bouffée épidémique qui certainement serait moins vaste et moins grande que les premières épidémies, car c’est la logique de l’épidémiologie de cette conjonctivite. En cas de bouffée épidémique, elle évolue en 3 pics. Un premier pic au cours duquel un grand nombre de personnes est atteint. On observe une accalmie de quelques mois avant l’arrivée d’un deuxième pic où moins de personnes sont touchées, puis une accalmie avant le troisième pic qui est minime. Après cette bouffée, la maladie disparait pendant plusieurs années. On ne saurait dire ce qui cause cela, mais il faut savoir que l’agent causal de cette maladie, l’anterovirus 70, est classé parmi les virus nus. Il peut donc vivre en milieu sec entre 10 à 15 jours et en milieu humide plus de 20 jours. C’est pourquoi sa contamination va vite et son ampleur peut être d’emblée assez grande dans une communauté. Cet anterovirus, quand il est au niveau de l’homme, il se trouve au niveau de la conjonctive qui est la membrane muqueuse qui recouvre la partie blanche de l’œil et la face interne des paupières inférieures et supérieures de l’œil. C’est l’inflammation de cette membrane qui est la conjonctivite. Le virus est certes dans la conjonctive, mais également dans la gorge et dans les selles. Du coup, les doigts et les habits des malades sont souillés par la sécrétion lacrymale. Et même quand le malade parle, les gouttelettes de salive sont contaminées. C’est pourquoi la chaine de contamination va vite.

Le ministère de la Santé a-t-il mis en place des traitements préventifs contre la maladie ?
La bouffée de conjonctivite actuelle a coïncidé avec le traitement du trachome dans certaines communautés. Dans le cadre de la lutte contre le trachome, une autre pathologie endémique, l’Etat a procédé à la distribution de comprimés d’azithromycine dans le cadre du traitement de masse. En ce qui concerne la conjonctivite, elle est une maladie virale, or les médicaments distribués sont des antibiotiques. Bien évidemment que lorsqu’il y a une surinfection, les antibiotiques sont utilisés dans le traitement, mais la première intention n’est pas le traitement de la conjonctivite. Les complications sont rares. A plus de 90%, les choses se passent bien. Toutefois, l’idéal est de consulter un médecin, car il arrive parfois qu’il y ait des complications. Depuis quelques années, le ministère de la Santé fait une campagne de sensibilisation pour les lavages des mains. Une fois de plus, les mesures d’hygiène sont en première position dans ces cas d’épidémie. En ce qui concerne la conjonctivite, pour éviter de le transmettre ou de le contracter, il faut observer les mesures d’hygiène comme se laver les mains, se laver régulièrement le visage. Mais c’est surtout les personnes atteintes qui doivent observer scrupuleusement les mesures d’hygiène afin d’éviter de contaminer les gens autour d’eux. Ce virus est difficile à contrecarrer à 100%, mais les mesures d’hygiène individuelles permettent de limiter la sphère de contamination.
Quels sont les risques que peuvent courir certains malades de la conjonctivite ?

Il arrive parfois qu’une personne malade, lorsqu’elle vient en consultation et qu’on lui prescrit un médicament, cette même prescription est utilisée pour toute la famille en cas de contamination. Cette procédure n’est pas conseillée, car chaque cas est différent. Il arrive parfois que certaines personnes aient des complications avec des opacités cornéennes. Il arrive parfois que le virus se loge dans le système nerveux et provoque des paralysies, des douleurs musculaires ou des rhino-pharyngites.
Il faut éviter l’automédication, car la conjonctivite est l’inflammation de la conjonctivite. Si on n’est pas dans les conditions d’hygiène, il y aura une surinfection bactérienne.
Si par mégarde un malade utilise des produits pas adaptés, il contribuera à enflammer davantage sa conjonctivite et à la compliquer. Il est préférable d’aller en consultation. Quand nous avons un cas à notre niveau, nous faisons en sorte de l’ausculter rapidement afin d’éviter les risques de contagion.

Germaine Birba


L’historique de la maladie

«La conjonctivite hémorragique épidémique tropicale ou conjonctivite Apollo a été découverte en 1969. Ce nom de conjonctivite Apollo a été donné par les populations lors de la première grande épidémie qui a eu lieu dans les années 69. Le premier foyer a été observé dans la région d’Accra au Ghana. Cette période a coïncidé avec l’alunissage d’Apollo 11. C’était la période d’exploration de la lune et l’imaginaire populaire a conclu que cette maladie était une punition divine parce que l’homme était allé sur la lune avec Apollo. Par la suite, les recherches ont prouvé que c’est une conjonctivite due à un virus appelé antérovirus 70 qui est probablement d’origine animale, parce que nous somme retournés dans le foyer primaire à Accra pour des recherches et nous avons constaté un taux assez élevé de séropositivité au niveau du bétail et la recherche a conduit à identifier l’anterovirus. C’est donc probablement un virus du règne animal qui a dû passer à l’homme. C’est pourquoi lors de cette première épidémie partie du foyer d’Accra, toute la côte atlantique de l’Afrique a été contaminée. Puis, il y a eu un deuxième foyer observé en Indonésie qui a gagné l’Asie du Sud-Est et un troisième foyer au Moyen-Orient. C’était une grande épidémie. Depuis ces années, par moment, il y a des bouffées épidémiques. Dans les années 90, il y a eu une bouffée de cette épidémie au Burkina».

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