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Le bras de fer Ping-Bongo

 

Après la proclamation de la victoire à l’élection présidentielle, mercredi, du président sortant Ali Bongo, devant son rival Jean Ping, le Gabon est rentré dans une crise violente.
La capitale Libreville était bouclée jeudi après les émeutes post-électorales qui ont éclaté mercredi soir. C’est une marée humaine en colère, déterminée, qui a affronté des dizaines de camions et de forces de l’ordre lourdement armées. Il y aurait au moins deux morts selon l’opposition, tandis que le pouvoir affirme avoir arrêté 200 pillards.
Les heurts ont eu lieu après l’annonce de la victoire controversée à la présidentielle d’Ali Bongo, mercredi 31 août. Les opposants accusent le président sortant de fraude et de poursuivre la dynastie installée par son père, président du Gabon pendant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009. L’opposant Jean Ping qui s’est auto-proclamé vainqueur avant la publication des résultats officiels par la Cenap accuse le camp du président Bongo de vouloir lui voler sa victoire. Il a d’ailleurs prévenu que les Gabonais défendront sa victoire par « tous les moyens ».
Etant donné que le président Ali Bongo et ses partisans se disent aussi sereins, il y a lieu de craindre pour le Gabon. Selon les résultats officiels, le président sortant a été réélu pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant Jean Ping (48,23%), soit une avance sur son rival de seulement 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits. Cependant, une province fait exception dans cette élection, celle du Haut-Ogooué, berceau de la famille Bongo, où la participation atteint, selon les résultats officiels, 99,93%, alors qu’elle n’est que de 59,46% sur l’ensemble du pays. Et Ali Bongo recueille dans cette province 95,46% des voix. Des chiffres que conteste logiquement l’opposition, qui demande en vain un recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote. Mais la commission électorale a validé la réélection d’Ali Bongo, déclenchant immédiatement l’embrasement des quartiers populaires de la capitale.
Les observateurs de l’Ue ont indiqué que le processus électoral « manque de transparence ». « La mission déplore le manque de transparence des organes de gestion des élections », critiquent les observateurs qui signalent l’indisponibilité de la liste électorale et celles des centres de vote faisant partie d’informations essentielles à communiquer aux différents acteurs du processus.
Déjà, jeudi, Ali Bongo Ondimba a présidé un Conseil des ministres de crise avant de s’exprimer devant les journalistes. La démocratie et la sécurité au Gabon ont été au cœur des propos du président gabonais. « La démocratie est difficile et exigeante », a-t-il déclaré. À la suite de la conférence de presse d’Ali Bongo Ondimba, le ministre de l’Intérieur a dressé un bilan humain, financier et sécuritaire des émeutes.
Il a indiqué que trois personnes ont perdu la vie et plusieurs agents des forces de sécurité ont été touchés et soignés dans les hôpitaux de Libreville. 1.200 interpellations ont eu lieu, dont près de 900 à Libreville, le reste en province, et les dégâts se chiffrent à 100 milliards de F CFA.

Germaine Birba


La Côte d’Ivoire s’en mêle

L’élection présidentielle au Gabon a eu des répercussions en Côte d’Ivoire, suite aux accusations du camp Bongo qui suspectait Mamadi Diané, conseiller du président ivoirien, d’avoir prêté main forte à Jean Ping en fournissant des hackers et des conseils à ce dernier quant à la position à adopter suite aux élections. Après la diffusion des informations par le pouvoir d’Ali Bongo, M. Ouattara a décidé de mettre fin aux fonctions de Mamadi Diané. L’information a été confirmée par un communiqué de la présidence ivoirienne.

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