Politique

Elections des maires : Haro sur les violences

 

Bientôt, les conseils municipaux seront à nouveau fonctionnels et ce depuis leur suspension au lendemain de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Le développement à la base pourra donc reprendre. Seulement, dans certaines localités, c’est dans le sang que les maires ont été élus.
C’est le cas à Kantchari, dans l’Est du Burkina, où on a enregistré un mort. Deux camps d’un même parti, le MPP, se sont affrontés juste parce que chacun voulait le fauteuil de maire. Et dire que les deux prétendants au fauteuil sont de la même famille.
Ce seuil d’intolérance franchi démontre à souhait toute la complexité de ces élections auxquelles peu d’électeurs ont accordé un intérêt quand on se réfère au taux de participation (48,9%). Ces violences post-électorales viennent assombrir le visage d’un processus électoral pourtant salué par tous. A côtés de ces cas malheureux de morts, se dressent des mairies incendiées, des motos et véhicules brûlés, des blessés, comme ce fut le cas à Gomboré dans la province du Sourou. Sauf erreur, c’est la première fois que la violence électorale a atteint un tel niveau d’intolérance autour de l’élection des édiles. Déjà, lors de la confection des listes électorales, la graine de la révolte et de la haine avait commencé à germer et on a semblé fermer les yeux et foncer.
C’est bien depuis cette étape que les germes de la violence ont pris racine pour s’enfoncer pendant la campagne électorale avant de s’exposer au grand jour à l’occasion de la mise en place des conseils municipaux. Qu’a-t-on donc fait pour prévenir cette violence croissante? Malheureusement, elle est là, présente, avec son lot de malheurs, de frustration, d’intolérance, de haine, de révolte.
Ces violences nées en partie du marchandage des voix entre partis politiques au pouvoir et de l’opposition doivent être vite stoppées. On se rappelle qu’au lendemain des élections municipales, des consignes avaient été édictées: les partis membres de la majorité appellent à ne pas s’allier à ceux de l’opposition.
Au même moment, l’opposition soupçonnait déjà le parti majoritaire de vouloir corrompre certains de leurs conseillers afin de s’adjuger des mairies même là où il n’est pas majoritaire. La réalité au cours de ces élections des maires a révélé le vrai visage de chaque camp. Dans certaines communes où le MPP devait passer haut les mains, c’est avec grande surprise que ce dernier constate que c’est l’opposition qui remporte la victoire. C’est le cas de Komsilga, à quelques encablures de la capitale, et à Banfora dans les Cascades. A certains endroits également, l’UPC (opposition) était toute aise pour remporter le siège du maire, mais au finish, c’est un candidat du parti au pouvoir qui triomphe. C’est le cas dans l’arrondissement 1 de Ouagadougou. Moralité : chacun a pioché chez l’autre. Chacun doit donc se reprocher quelque chose. Ailleurs, certains partis politiques ont préféré ne coaliser ni avec le parti au pouvoir, ni avec un parti de l’opposition. C’est le cas de Koudougou, dans le Centre-Ouest où les 15 conseillers de l’ex-parti au pouvoir, le CDP, ont simplement voté «abstention».
A Kaya, l’élection du maire avait été retardée parce que la tension était montée d’un cran.
Qu’est-ce qui peut bien donc expliquer cette furie de certains citoyens qui ont peut-être refusé d’aller voter le 22 mai dernier ? Le président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo, avait annoncé qu’une loi allait être votée pour retirer la gestion des parcelles aux futurs maires. Cette loi n’est pas encore effective et pourrait rester en l’état. Est-ce cette situation qui a envoyé nombre d’anciens maires en prison qui fait courir certains actuellement ? On ne saurait le dire. Autre réalité à ne pas écarter : les populations savent qui des leurs peut véritablement conduire le plan de développement de leur commune. Ils ne veulent pas d’imposition venant d’en haut. Maintenant que certains sont désignés maires, la plus importante étape se dresse devant eux : développer les communes pour le bonheur des populations, sans exclusion. C’est ici que le ministère en charge de la Décentralisation doit être vigilant pour éviter le blocage des conseils municipaux et les délégations spéciales. Le train du développement de nos communes doit repartir.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


Quelques maires de communes

Ouagadougou: Armand Béouindé (MPP)
Bobo-Dioulasso: Bourahima Sanou (MPP)
Koudougou: Maurice Moctar Zongo (MPP)
Ouahigouya: Boureima Basile Ouédraogo (MPP)
Gaoua: Fiacre Kambou (MPP)
Dori: Ahmed Aziz Diallo (PDS/METBA)
Gorom-Gorom: Ibrahim Ag Attachir (MPP)
Dano: Kokou Somé
Boussé: Nicolas Sawadogo (L’Autre Burkina/PSR)
Banfora: Aboubacar Hema (NTD)
Pô: Zangouyo Victor Akowé (CDP)
Ramongo: Néhemie Kaboré (CDP)
Dédougou: Karim Lomboza Kondé (MPP)
Nouna: Issoufou Traoré (MPP)
Réo: Louis Baziémo
Djibasso: Robert Dembélé (MPP).

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