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Classement de la liberté de la presse : Dégradation dans toutes les régions

Le 20 avril dernier, Reporters sans frontières (RSF) dévoilait l’édition 2016 du classement mondial de la liberté de la presse. Il ressort du rapport une évolution générale d’un climat de peur généralisé. Aussi, RSF remarque que durant la période 2015, date de recueil des données, une augmentation des tensions qui s’ajoute à une emprise des Etats et des intérêts privés de plus en plus grande sur les rédactions.
Et au vu des indices par région, il ressort que l’Europe demeure la zone où les médias sont les plus libres. Le continent est suivi par l’Afrique qui passe devant les Amériques. Suivent l’Asie, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. «L’Afrique du Nord/Moyen Orient demeure la région du monde où les journalistes sont les plus soumis à des contraintes de toutes sortes», note RSF dans son rapport. Trois pays d’Europe du Nord occupent le haut du classement des pays, la Finlande (1re, comme depuis 2010), les Pays-Bas (2e, +2), la Norvège (3e, – 1). Au chapitre des évolutions notables, l’amélioration de la situation en Tunisie (96e, + 30), grâce à une baisse des agressions et des procédures, et en Ukraine (107, + 22), due à une accalmie du conflit et à des réformes encourageantes. En sens inverse, on observe la dégringolade de la Pologne (47e, – 29), sous l’effet de la remise au pas des médias lancée par le parti ultra-conservateur. Beaucoup plus bas, le Tadjikistan, qui subit la dérive autoritaire du régime, dévisse (150e, – 34). Même dégradation spectaculaire du Sultanat de Brunei (155e, -34), imputable à l’instauration progressive de la charia et de l’épée de Damoclès d’éventuelles accusations pour blasphème.
Enfin, le Burundi s’enfonce (156e, -11), car ce pays a été le théâtre de violences envers les journalistes après la candidature contestée, puis la réélection du président Pierre Nkurunziza. Au bas du classement, un trio infernal, le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e), l’Erythrée (180e). Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le classement mondial de la liberté de la presse est un outil de plaidoyer essentiel, fondé sur le principe de l’émulation entre Etats.
Le classement repose sur une mesure de la situation de la liberté de la presse fondée sur une appréciation du pluralisme, de l’indépendance des médias, de la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes dans 180 pays.

NK


Le Burkina progresse de 4 points

Dans son rapport 2016 sur le classement de la liberté de la presse dans le monde, Reporters sans frontières qualifie le Burkina Faso de «rare exemple de pluralisme en Afrique». Selon RSF, le pays se classe parmi les réussites du continent africain. Et d’affirmer : «Il n’a cessé de progresser dans le classement de RSF au cours des dernières années. Le récent coup d’Etat militaire n’a pas donné lieu à des atteintes majeures à la liberté d’information. Une dépénalisation du délit d’offense au chef de l’Etat est même envisagée. Le pays est aussi l’un des plus dynamiques d’Afrique en matière de pluralisme, qu’il s’agisse de la presse écrite ou audiovisuelle».
Ainsi, de 46e en 2015, le pays est passé 42e au classement mondial de la liberté de la presse en 2016, avec un score global de +1,13, comparé à 23,79 points d’indices en 2015.


Journalistes africains : Entre terrorisme, conflits armés et crises électorales

Sur le continent africain, les journalistes semblent souffrir de plus en plus des violations de la liberté de la presse. Selon Reporters sans frontières, c’est au Soudan du Sud (140e) que l’on observe l’évolution la pire, avec une perte de 15 places au classement. Dans ce pays miné par une guerre civile depuis 2013, les journalistes sont victimes des violences du conflit et de la campagne d’intimidation mise en place par les autorités.
Les pays en proie à des crises politiques chutent dans le classement. Au Congo (115e), en Ouganda (102e) ou à Djibouti (172e), la volonté des chefs d’Etat de se maintenir au pouvoir conduit, en période préélectorale, à des agressions envers les journalistes et une censure féroce des médias, orchestrées par les autorités. Au Burundi (156e), l’obstination présidentielle a entraîné la destruction des principaux médias indépendants du pays et l’exil de plus d’une centaine de journalistes. Le pays chute de 11 places de 2015 à 2016.
L’absence d’Etat de droit et la recrudescence de l’insécurité dans certaines régions expliquent le recul de pays comme le Nigeria (116e), où les journalistes sont menacés par des membres de Boko Haram et des agents de l’Etat. La présence de groupes djihadistes nuit directement à la liberté de l’information: au Mali (122e) par exemple, le groupe terroriste «Gardiens de l’Enfer» a menacé en 2015 d’égorger tous les journalistes étrangers et maliens travaillant pour des médias étrangers.
L’Erythrée (180e) pointe une nouvelle fois à la dernière place du classement. Ce pays où la liberté d’expression n’est pas seulement bafouée, mais littéralement abolie, s’illustre par sa stagnation. Les autorités, qui entrouvrent leurs portes aux journalistes étrangers, sous un contrôle très étroit, laissent en revanche les portes des prisons fermées à double tour sur les journalistes locaux.
Diamétralement opposée, la Namibie est, avec sa 17e place, le pays d’Afrique le mieux classé. La Constitution y garantit la liberté de la presse. Les journalistes vivent plutôt en sécurité et dans un paysage médiatique pluraliste. Internet y est notamment un réel espace de liberté.

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