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Insécurité au Burkina : Les troupes françaises, un danger ? 

 

Afin de faire un tour de l’actualité brûlante de notre pays, nous avons interrogé le président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré. Il donne sa lecture sur la présence des forces françaises au Burkina, les groupes d’autodéfense appelés Koglweogo, les magistrats et l’érection de certaines institutions.

– L’Economiste du Faso: Que dit le MBDHP par rapport aux groupes d’autodéfense appelés Koglweogo dont les actions sont diversement appréciées?
Chrysogone Zougmoré (Président du MBDHP): C’est un sujet qu’il faut aborder avec beaucoup de responsabilité. La création des Koglweogo et leur présence aujourd’hui sur le terrain procèdent de trois choses. Il y a d’abord la montée fulgurante de l’insécurité; ensuite il y a la démission de l’Etat par rapport à une de ses missions régaliennes qui est d’assurer la sécurité des personnes et des biens; enfin, il y a un déficit de confiance entre la population et les forces de défense et de sécurité. Voilà les trois éléments qui fondent la création et la prolifération des Koglweogo. On ne peut pas en vouloir à ces groupes d’autodéfense de s’être créés et de lutter au plan local pour assurer leur sécurité et celle des populations. Ce qu’il faut déplorer, ce sont les dérives constatées çà et là, notamment à Koupéla, sur la personne de Paul Zoungrana, ainsi que dans d’autres localités. Il faut avouer qu’aujourd’hui, il y a d’énormes difficultés sur le plan sécuritaire. L’Etat n’arrive pas à assumer ses missions.

– Que faut-il donc faire avec ces groupes d’autodéfense?
Parler de leur dissolution ou de leur démantèlement serait une aberration. Ces groupes-là sont nés d’initiatives locales et populaires. Si on veut qu’ils se rangent, il faut que l’Etat revienne assumer pleinement et efficacement ses missions régaliennes de protection des citoyens, non seulement dans les villes, mais également dans les campagnes.

– Faut-il craindre le pire avec ces groupes au regard de ce qu’on a observé ces derniers temps avec les Koglweogo?
Je ne pense pas qu’il faille craindre le pire, parce qu’à leur niveau il y a déjà une prise de conscience, rien qu’à se référer à leur rencontre autour de leur président national il y a quelques jours. Des résolutions et de nouvelles orientations y ont été prises pour agir sur le terrain. Il nous est revenu que certains de ces Koglweogo pensent que le MBDHP est foncièrement contre eux. Il faut nuancer et clarifier les choses.
Nous n’assurons pas la police des associations. Ce n’est pas le MBDHP qui délivre les récépissés de déclaration ou de renouvellement d’associations. Cela relève de la compétence du ministère en charge des associations.
Maintenant, sur les dérives parfois constatées, nous sommes dans notre rôle lorsque nous les dénonçons. Ce n’est pas avec les Koglweogo que nous avons commencé à dénoncer des dérives sécuritaires au Burkina. Tout le monde est pour la sécurité des personnes et des biens, à commencer par nous, défenseurs des droits humains, parce que le droit à la sécurité est un droit de l’Homme ; il est donc tout à fait légitime pour ces Koglweogo de s’organiser s’ils estiment que les populations de leurs diverses localités ne bénéficient pas de la protection de ceux-là qui sont censés assurer leur sécurité. Ce que nous dénonçons, ce sont les dérives.
– On annonce l’installation d’éléments du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale française au Burkina Faso. Quel commentaire le MBDHP fait-il de cette information ?
Il y a une évidence aujourd’hui: la présence des forces françaises en Afrique de l’Ouest en général et au Burkina en particulier constitue un élément d’insécurité pour la sous-région.

– Pourquoi ?
Ce sont eux qui attirent les djihadistes chez nous. On ne peut pas le nier. Cela, même des journalistes et analystes français le reconnaissent. La présence de ces troupes françaises crée beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résout. Voilà pourquoi nous demandons le retrait de ces forces étrangères du Burkina. Je le dis également parce qu’en l’espace de 4 mois, nous avons eu trois attaques dans la sous-région ouest-africaine: au Mali, au Burkina et en Côte d’Ivoire. Tout cela s’est passé malgré la présence de ces forces étrangères et malgré les moyens supposés d’informations qu’elles peuvent avoir, on n’a pas pu éviter ces attaques. Leur présence sur notre sol ne sert donc pas à grand-chose. Nous avons des hommes qui peuvent efficacement lutter contre le terrorisme au Burkina Faso. Nous avons des hommes compétents et aguerris. Il suffit de mieux les organiser et les doter de moyens adéquats.

– Que deviennent les dossiers ayant trait aux crimes de sang et économiques que le MBDHP a déposés il y a déjà quelque temps ?
C’est vrai que nous avons introduit un certain nombre de dossiers par le biais de nos différents conseils. Nous allons bientôt faire le point de l’état d’avancement de ces procédures avant de revenir à l’opinion. Il y a des éléments nouveaux qui sont venus s’ajouter et il faut qu’on en tienne compte.

– Lesquels ?
Il s’agit de la gestion de la transition, la gestion des parcelles. Il faut qu’on aborde ces questions afin que l’on situe les responsabilités pour que ceux qui se sont rendus coupables de détournements répondent de leur forfait au même titre que les dignitaires du CDP accusés de malversations.

– C’est là que les magistrats entrent en ligne de compte. Ces derniers viennent de voir leurs doléances prises en compte par le Conseil des ministres du 23 mars dernier. A partir de là, on peut dire qu’il n’y aura plus de lenteurs administratives à leur niveau, encore moins d’être soupçonnés de corruption?
Il faut le souhaiter. J’ai la conviction qu’au sein du corps de la magistrature, les magistrats ne sont pas forcément attachés au matériel. Il faut surtout lever les fortes pressions politiques qui ont jusqu’ici pesé sur nombre de magistrats et définitivement mettre un terme à l’ère des juges acquis. Mais il faudrait également que les magistrats eux-mêmes œuvrent davantage à s’assumer avec courage. Parce que l’indépendance de la magistrature, c’est aussi et surtout dans la tête du juge et des acteurs de la justice, ainsi qu’à travers leur comportement.

– La Haute Cour de justice est installée, tout comme le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale. Espérez-vous une meilleure justice et une vraie réconciliation dans ce pays?
Le problème n’est pas d’installer des institutions. Le problème est que ces institutions qu’on installe fassent bien leur travail, qu’il en sorte des conclusions qui permettent aux populations de se retrouver en attendant que la justice puisse faire son travail. Nous attendons de ces institutions plus des résultats que de se savoir créées et installées.

Propos recueillis par
Alexandre Le Grand ROUAMBA


Insécurité, un défaut de moyens ?

Au MBDHP, on n’est pas d’accord qu’on parle de manque de moyens pour justifier le fait que l’Etat n’assume pas ses missions régaliennes en matière de lutte contre l’insécurité. Son président pense c’est peut-être une question d’organisation et de priorité dans les choix. «Si on arrive à assurer un bon déploiement et à doter les forces de défense et de sécurité de moyens, je crois qu’elles ne vont pas certes éradiquer le phénomène, mais elles peuvent contribuer à faire baisser sensiblement l’insécurité», lâche Chrysogone Zougmoré qui ajoute : «Tant que la situation restera telle, on ne peut pas en vouloir à ces groupes d’autodéfense qui se créent».

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RAF

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