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Régions

Cliniques et polycliniques: ces PME méconnues

Dr Diedon Alain Hien est le promoteur de la clinique Notre dame de la compassion, secrétaire général de l’Association des promoteurs de cliniques et polycliniques du Burkina (APROCIP) et de la Fédération des associations de santé privée du Burkina. Il fait avec nous le point des difficultés que rencontrent les promoteurs de cliniques et de polycliniques. Un secteur qui a besoin de nouveaux textes pour mieux l’encadrer, et les financements font également défaut.

-L’Economiste du Faso : Il y a de plus en plus de cliniques qui s’ouvrent, c’est un secteur porteur? Et quel est votre regard sur la contribution de ce secteur à l’offre de santé aux populations?
Diedon Alain Hien, promoteur clinique Notre dame de la compassion, SG de l’ APROCIP et de la Fédération des associations de santé privée du Burkina: Merci pour cette opportunité. Selon l’OMS, la santé c’est un état de bien-être complet (physique, mental, social).Elle ne se limite pas à l’absence seulement d’infirmité. La santé des populations est une priorité parce qu’elle participe au développement économique du pays.
Quand on observe, de la période coloniale jusqu’après les indépendances, la santé était assurée de façon providentielle, c’est-à-dire que tous les frais liés à la prise charge des patients étaient «gratuits», ce qui ne veut pourtant pas dire que la santé n’avait pas un coût. C’est l’Etat qui s’en chargeait. Il en assurait ainsi l’accessibilité à tous.
Mais très vite, l’Etat a compris que, tout seul, il ne peut pas combler la demande en matière de santé. C’est ainsi qu’il décide de faire appel au privé dans les années 70 et 80. Mais l’offre privée de soins a cependant toujours existé sous la forme confessionnelle ou associative dans ce pays. La libéralisation est intervenue dans les années 90 afin de partager les responsabilités, d’assurer la complémentarité et surtout de garantir la libre entreprise dans ce secteur. C’est ainsi qu’à partir de 1991, on observe la naissance d’initiatives privées en matière d’offre de santé. Des textes ont été pris pour encadrer le secteur (Code de la santé) et pour renforcer le partenariat public/privé au bénéfice des populations. C’est tout cela qui explique cet essor dont vous parlez.

– Quelle est la situation des cliniques et polycliniques aujourd’hui ?
En fin 2012, selon les chiffres des ministères, on avait 361 d’établissements sanitaires privés. Dans le détail: 9 polycliniques, 40 cliniques, 48 centres médicaux, 17 cabinets médicaux, 15 cabinets dentaires, 179 cabinets de soins infirmiers, 14 clinques d’accouchement, 36 CSPS…
Il y a un dernier recensement qui vient d’être fait et les chiffres ont évolué, mais comme ils ne sont pas encore validés, je ne peux pas vous les transmettre. On tournerait autour de 400. Ces chiffres, quoique sous-estimés, ont permis d’assurer environ 23% de l’offre sanitaire en 2013 selon une étude de la Banque mondiale. Ce qui n’est pas négligeable. Le secteur pharmaceutique a assuré plus de 60% des besoins.

– Dans la pratique, quelle différence y a-t-il entre l’établissement conventionné et non conventionné ?
Les établissements non conventionnés, ce sont les structures de santé autorisées et créées par des professionnels qui proposent des prestations en santé. Le deuxième lot, les établissements conventionnés, signe d’abord une convention avec l’Etat avant d’ouvrir. Ce sont les confessionnels où l’établissement est lié à une association ou à une ONG. Cette convention encadre leurs activités. Tous ces acteurs sont organisés en associations professionnelles et en 2013 nous avons mis en place l’alliance en santé privée (Fédération des associations en santé privée du Burkina). L’APROCIP en fait partie.

– Justement, qu’est-ce qui a motivé les promoteurs à mettre en place cette association ?
Je voudrais rappeler que les cliniques et les polycliniques sont nées du fait que l’Etat seul ne peut pas satisfaire les besoins en santé des populations. L’Etat le permet, mais a mis en place des textes qu’il faut respecter pour exercer. Les promoteurs que nous sommes avons jugé opportun de nous mettre ensemble pour parler d’une seule voix à nos partenaires et de créer un environnement favorable à l’exercice de la profession de promoteur. C’est surtout de protéger ceux qui ont pris ce risque et de protéger leurs intérêts.

– Quels sont alors les problèmes que vous rencontrez ?
Il y en a quatre. Le premier est lié à l’application rigoureuse des textes. On a beau avoir de bons textes, si l’application fait défaut, le problème n’est pas résolu. Ici, c’est l’exemple de la concurrence déloyale entre structures conventionnées et non conventionnées. Les structures conventionnées ont des clauses au-delà desquelles elles ne peuvent pas agir. La tarification des prestations par exemple pose un problème. Des établissements qui bénéficient d’un certain nombre d’avantages (personnel, fiscalité) devraient avoir des tarifs raisonnables. Sinon, il faudra mettre tout le monde sur un même pied d’égalité. C’est cela un des objectifs, faire respecter ces dispositions.
Le second problème est d’ordre fiscal et juridique. La fiscalité n’est pas adaptée à notre secteur qui prend en compte le caractère social de la santé privée. La clinique est une entreprise sanitaire différente des entreprises commerciales pures et dures. Si vous arrivez dans une clinique avec une fièvre de 40°, l’urgence, c’est comment on vous casse cette fièvre avant de vous demander de payer quoique ce soit. Nous avons obligation de disposer des moyens médicaux pour le faire. Dans la pratique, on a souvent des ardoises sous la main et vous savez qu’on n’a pas encore de tiers payant au Burkina. Nous pensons que la fiscalité devrait en tenir compte pour le bien même des populations. Je précise que nous ne voulons pas nous dédouaner des impôts, on veut seulement une fiscalité adaptée à notre métier.
Notre ambition, c’est la qualité des soins à travers l’élévation du plateau technique. Il y a des avantages accordés à certains secteurs tels que les médias, le secteur de la santé aussi pourrait en bénéficier si on veut être en phase avec les ambitions des autorités.
Le gouvernement fait des efforts, mais je pense qu’avec les discussions on y arrivera un jour. Aussi, nous avons une loi dans les tuyaux sur les sociétés civiles professionnelles de médecins qui permettra d’avoir un environnement juridique et une fiscalité spécifique.
Côté organisation, nous devons travailler à avoir un outil contractuel qui encadre nos interventions. Ici, c’est la gestion du mouvement des ressources humaines qui est concernée. C’est un vase communiquant entre le privé et le public. Le dernier point, c’est la question d’accès aux financements. Nous sommes des PME et les banques n’ont pas de produits adaptés aux entreprises sanitaires. Nous avons beaucoup d’investissement au départ, tant en équipement qu’en maintenance. Le retour d’investissement dans ce secteur n’est pas immédiat, donc il nous faut un mécanisme approprié. Il n’y a pas de fonds pour la santé privée comme en Tunisie. Tout cela devrait nous permettre d’avoir des cliniques et polycliniques performantes et qui fonctionnent bien.

– Revenons sur l’épineuse question des ressources humaines.
Nous recrutons deux types de personnel, les permanents et les vacataires. Nous avons besoin de travailleurs, notamment de médecins, d’agents de santé, des techniciens de laboratoires, etc., pour accomplir notre mission d’entreprise sanitaire. Il y a à côté du personnel permanent des vacataires que nous sollicitons, des spécialites ou des paramédicaux qui viennent du public.
Il y a aussi les jeunes médecins en attente d’affectation que nous sollicitions. Il y a un mouvement de va-et-vient qui est tout à fait normal entre le privé et le public. Il s’agit de mutualiser nos moyens pour rendre le service public de santé.

– N’y a-t-il pas de concurrence déloyale des privés qui piquent le personnel du public ?
Normalement, cela ne devrait pas poser de problème. Ce mouvement de ressources humaines est normal. Il y des spécialistes du privé qui officient dans le public. Tout est une question d’organisation et d’entente. Si un confrère du public veut travailler dans le privé à ses temps libres, il n’y a aucun inconvénient. Et c’est ce que la majorité fait. C’est cela la vacation. Cependant, il y a une insuffisance que tout le monde reconnait, on n’a pas de texte pour encadrer ce mouvement de va-et-vient.

– C’est un environnement difficile que vous dépeignez là, mais on a l’impression que le secteur connait un boum.
Effectivement, les gens croient que le secteur connait un boum, que chacun peut y courir pour se faire de l’argent. C’est une impression. Mais en regardant bien les statistiques, on ne peut pas dire que c’est un boum. Ça serait le cas si l’on partait d’une progression de un à deux cliniques à 40 par an. En principe, on aurait dû avoir plus de clinques n’eût été les difficultés que j’ai énoncées. Notre association cherche justement à lever ces goulots d’étranglement pour le développement du secteur, en collaboration avec le ministère de la Santé et celui de l’Economie et des finances et les différents partenaires techniques et financiers pour que les acteurs de la santé privée puissent jouer pleinement leur rôle.
Dans la plupart des pays voisins, la règle c’est qu’il y a plus de médecins dans le privé que dans le public. Parce que c’est d’abord un métier libéral dont il faut encadrer l’exercice et le développement à cause de son caractère social. Nos chantiers, c’est de faire un plaidoyer pour la résolution des difficultés qui minent le développement de notre secteur d’activités.
FW


 

L’APROCIP en bref

En fonction de la nomenclature: il y a des établissements hospitaliers et non hospitaliers, qu’ils soient du privé ou pas. Pour ce qui est du privé, la clinique et la polyclinique sont des établissements hospitaliers: elles assurent le diagnostic et le traitement, la surveillance et l’hébergement des malades, des femmes enceintes. Il y a la mission de formation et de recherche. La clinique peut être spécialisée ou pas. Les nouveaux textes prévoient des normes en termes de lits entre 10 et 30.
La clinique doit avoir en son sein un laboratoire d’analyses et un service d’imagerie, une pharmacie interne, une salle de pré-transfert des corps, etc.
Quant à la polyclinique, elle doit avoir au moins deux spécialités différentes, disposer d’au moins 30 lits et disposer d’une morgue. La polyclinique correspond au CHR. «Pour nos membres, il faut déjà respecter ces normes. Notre rôle c’est d’abord d’accompagner les membres à connaitre les textes en vigueur et à mieux les appliquer. Quand nous observons des contraintes chez un membre, nous l’interpellons et l’accompagnons à la résolution du problème. Des membres peuvent l’attester», a conclu Dr Diedon Alain Hien.

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RAF

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