Economie

Commercialisation des céréales: le RVCC actif sur le front de la chaîne des valeurs

Au Faso, l’agriculture occupe presque 90% des Burkinabè. Sa place et son rôle ne sont plus à démontrer dans le circuit économique du pays. Malgré tout, des goulots d’étranglement persistent dans ce secteur; des entraves qui ne permettent pas au monde agricole d’obtenir de meilleurs rendements. C’est dans ce contexte qu’est né le Réseau de veille sur la commercialisation des céréales (RVCC).

Le RVCC qui s’est donné pour mission la levée des obstacles, la communication autour de ce qui se fait dans le secteur multiplie les actions en vue d’un développement harmonieux du secteur. Ainsi, la veille sur la commercialisation des céréales qui est un ensemble d’actions et de plaidoyer entre-t-il dans ce cadre.
A sa création, le réseau entendait suivre les performances de la politique céréalière du Burkina à travers des indicateurs, renforcer les capacités de propositions des acteurs céréaliers et jouer un rôle de plaidoyer grâce à la synergie des acteurs de la filière. Ainsi, la production, la transformation, la commercialisation et la consommation sont quatre domaines inséparables, selon la vision du réseau.
Il a en son sein des compétences variées, ce qui lui permet d’être une force de propositions et de pression sur l’action publique en matière agricole. Ils sont donc des producteurs, des transformateurs, des commerçants, des universitaires, des communicateurs qui composent ce réseau. Moïse Kaboré, membre du réseau, enseignant d’université et formateur au RVCC, explique: «Le travail fait par le réseau ne peut qu’être de qualité parce que les collecteurs des données sont eux-mêmes des demandeurs des informations à collecter».

Pour Jules Zongo, il est difficile de dissocier production, transformation, commercialisation des céréales et consommation. (DR)
Pour Jules Zongo, il est difficile de dissocier production, transformation, commercialisation des céréales et consommation. (DR)

Aucun secteur de la chaîne n’est à négliger au RVCC. Jules Zongo, producteur agricole dans la région de l’Est et membre du comité de pilotage du réseau explique que le RVCC intervient «en matière de suivi des politiques agricoles et précisément dans le domaine des céréales».
Production, transformation, commercialisation et consommation sont essentiellement les quatre domaines d’actions prioritaires, en plus de secteurs transversaux comme le transport. Sur ces quatre maillons essentiels, le réseau n’en privilégie aucun. «Tous les maillons sont égaux», précise Jules Zongo.
Né pour assurer le contrôle citoyen de l’action publique, le programme RVCC aura bientôt 10 ans. Le programme jusqu’à présent a connu trois grandes phases dans sa mise en œuvre. La troisième phase du programme vient de prendre fin pour laisser ainsi la place à une quatrième phase en cours de démarrage.
La Direction de développement et de la coopération (DDC) a accordé au Réseau de veille sur la commercialisation des céréales (RVCC) pour cette quatrième phase une contribution d’un montant maximum de 103.470.840 F CFA à titre de participation pour le «Renforcement des capacités de la société civile : programmes thématiques production, transformation, commercialisation des céréales».

Alléger l’accès aux intrants

Dans le domaine de la production, l’accès aux intrants constitue une préoccupation centrale pour améliorer la compétitivité des produits céréaliers. Les résultats d’une étude menée sur la période 2009 à 2012 par le RVCC montrent que seulement 10% des producteurs ont accès aux intrants au Burkina Faso. Ce niveau est jugé bien faible au regard de la population agricole du pays. A cela s’ajoute le changement de destination des engrais et des semences par les producteurs eux-mêmes. La non-maîtrise du paquet technologique handicape les capacités de production des cultivateurs de céréales.
Afin d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, le réseau procède par des études qu’il mène à l’image de celle en cours sur la chaine des valeurs. Moïse Kaboré précise à ce titre qu’avec la Stratégie de développement rural (SDR), l’Etat a mis un point d’honneur à la liaison production-commercialisation.
Certes, disposer des céréales pourrait sembler un acquis, mais encore faut-il que ces produits soient de qualité. D’où l’idée du RVCC de suivre la politique de l’Etat en matière de distribution d’intrants.

Pour Jules Zongo, l’Etat doit impliquer au premier chef les producteurs eux-mêmes au lieu d’instituer des paramètres qui entravent la bonne circulation de ces intrants. «Il faut que les producteurs aient des intrants en quantité, en qualité et surtout à temps. Partant de là, nous essayons de voir si c’est vraiment le cas et si les producteurs acquièrent les intrants dans ces conditions», ajoute-t-il.
Si l’Etat a opté pour la liaison entre les quatre maillons, chacun devra répondre aux attentes des acteurs. Mais pour Moïse Kaboré, « l’objectif de lier la production à la commercialisation, par exemple jusqu’à présent, n’a pas encore produit les effets escomptés. » Les transformateurs exigent des produits de qualité, ce qui nécessite une collaboration entre les deux entités. Le RVCC dans sa démarche s’interroge également sur la qualité des produits à commercialiser. C’est en cela que toute la chaine peut être rentable, explique Moïse Kaboré.

Résoudre les problèmes transversaux
Outre, la production, la transformation et la commercialisation, le réseau se préoccupe également des questions transversales comme le transport. Ici entre en jeu la qualité des routes. Le bon état des routes est une condition pour la fluidité des échanges. Le réseau en fait également une préoccupation, car les producteurs, transformateurs et commerçants peuvent avoir des produits de qualité mais qui perdent plus tard leur valeur du fait du mauvais état des routes qui induit de longs délais.

Mais, ce travail de veille ne saurait être perçu comme une activité syndicale, précise Moussa Joseph Dagano de Boura dans la Sissili. L’Etat est le principal bénéficiaire des actions du réseau, et Moussa Joseph Dagano poursuit en opinant qu’il n’y a pas de doute sur l’efficacité des actions menées par le RVCC sur le terrain. Les acquis sont certains selon lui et l’autorité accepte le réseau comme un contributeur potentiel.
Il reste que la question majeure est d’œuvrer à ce qu’il y ait une complicité entre les acteurs pour que tous puissent trouver chacun son compte. «S’il faut vendre cher et qu’on n’arrive pas à écouler, vous conviendrez que le producteur ne peut pas continuer son activité», renchérit Jules Zongo.
FW/JBO


L’agriculture burkinabè selon le RVCC

Moussa Joseph Dagano soutient que l’impact du RVCC sur les politiques agricoles est une évidence. (DR)
Moussa Joseph Dagano soutient que l’impact du RVCC sur les politiques agricoles est une évidence. (DR)

L’agriculture burkinabè est avant tout une agriculture de subsistance basée sur les céréales comme le sorgho, le mil, le maïs, le riz, le fonio; qui occupe plus de 88% des surfaces emblavées annuellement. C’est une agriculture extensive, pratiquée par près de 1, 3 million de petites exploitations familiales de 3 à 6 ha en moyenne. Les superficies cultivées représentent entre 3,5 à 4 millions d’ha sur un potentiel de 9 millions d’ha de terres à vocation agricole.
L’emblavement de ces superficies a permis l’augmentation de la production agricole. Selon le ministère de l’agriculture, la production céréalière de la campagne 2013-2014 est de l’ordre de 5.125.000 tonnes, soit une hausse de 4,64% en comparaison avec la campagne écoulée. Sur les cinq dernières années, cette hausse est de l’ordre 21,4%. Ce bond quantitatif de la production céréalière, s’il permet de contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire, pose un certain nombre de questions.
En effet, l’accroissement constant du niveau de la production menace la durabilité de l’agriculture. Chaque année, les superficies cultivées croissent de 2,8% en moyenne. Si cette tendance se poursuit, les Burkinabè épuiseront leurs terres cultivables d’ici à 2030.

Source : Documents RVCC


 

Cinq axes importants

– le financement de l’agriculture au service de l’amélioration des rendements des céréales ;
– le meilleur contrôle de l’extension des surfaces de culture pour une agriculture durable ;
– le renforcement de la liaison production, transformation et commercialisation des céréales ;
– l’accès au crédit d’investissement pour améliorer la productivité agricole ;
– la pratique de la veille informationnelle sur internet.
Source : Document de communication


Faible soutien aux PME-PMI : le paradoxe burkinabè

Selon Moïse Kaboré, membre du comité de réflexion et de validation des productions au RVCC CREV/RVCC: «Les structures industrielles bénéficient d’une subvention de l’Etat au niveau de l’énergie, puisque la tarification est faite en fonction des tranches de consommation. Pourtant, quand vous prenez les petites structures, qui ont réellement besoin d’être accompagnées, elles ne bénéficient pas de ces types de subvention au niveau de l’énergie, au prétexte que leurs consommations n’atteignent pas un certain niveau.
On appuie les structures qui sont plus grandes, pourtant elles sont déjà grandes et ont beaucoup moins de facilités; et les petites structures qui ont besoin de grandir sont abandonnées.
Même pour les tests sur la qualité des produits, les petites entreprises sont obligées d’aller les faire elles-mêmes. Pourtant ces tests au laboratoire national coûtent extrêmement cher. Résultats, la qualité des certains produits n’est pas testée parce que les acteurs n’ont pas la capacité de le faire. Cela réduit la possibilité d’accroitre le niveau de l’investissement. C’est ça le vrai goulot d’étranglement de la production agricole. Les petites structures payent normalement les taxes alors qu’elles auraient pu bénéficier d’appuis. Il faut que la transformation se dynamise pour que la commercialisation des produits agricoles atteigne son meilleur niveau. C’est la transformation qui peut adapter les produits aux besoins des citadins».

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