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Dossier

Les transformatrices de manioc de Bittou : D’une initiative locale à un réseau national

La commune de Bittou, située dans la région du Centre-Nord au Burkina Faso, est un pôle de production de manioc. Ces dernières années, le manioc est passé du statut de culture marginale (plan stratégique 1 de la recherche agricole adopté en 1995 par les autorités nationales) au statut de culture de rente, permettant aux producteurs de diversifier leur production et de mieux faire face aux contraintes climatiques. Si le dispositif national de collecte des données de production n’a pas encore intégré le manioc (peu de statistiques disponibles), les données de la Direction de Développement de l’Irrigation (DDI) sont sans équivoque, avec une multiplication par 20 des superficies emblavées entre 2003-2004 (93 ha) et 2006-2007 (1.810 ha). Au Centre-Est en particulier, la proximité du Ghana et du Togo a facilité l’introduction rapide de cette spéculation, avec les variétés locales Bonoi, Banke et Kienyare aux rendements atteignant les 8 t/ha maximum. Dans le cadre de l’encouragement de la culture du manioc au niveau national, la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire (DRASA) du Centre-Est a appuyé la fourniture de boutures de manioc de variété améliorée (V5, avec des rendements maxima d’environ 50 t/ha).
Au Centre-Est, 800.000 boutures ont été distribuées de 2012 à 2015 à l’Union des producteurs de manioc. Le Programme d’Appui et de Promotion du Secteur Privé en milieu Rural (PASPRU) du Fonds International de Développement Agricole (FIDA) est intervenu en 2012 en collaboration avec cette initiative, à travers la mise en valeur de 30 hectares de manioc dans la région (fourniture de 300.000 boutures). En 2013/2014, la superficie emblavée de manioc pour la région a été évaluée par la DRASA à 2.960 hectares dont environ 2.500 ha pour la seule localité de Bittou.
Avec les hausses de volumes de production liées à l’amélioration des rendements et l’augmentation des surfaces emblavées, les producteurs ont rencontré des difficultés de commercialisation, impactant directement le niveau de revenus tirés de l’activité. La demande des acheteurs venant de l’extérieur et la consommation locale ne suffisaient pas à couvrir l’offre locale, menant à d’énormes pertes post-récoltes et un bradage de la production. Pour répondre à ces difficultés, l’Union des producteurs de manioc de la localité (créée en 2009) a encouragé, avec l’appui de la DRASA du Centre-Est, la création de groupements de transformatrices. L’un de ces groupements a bénéficié de l’appui du PASPRU.
Dès 2010, à Bittou, un groupe de femmes s’est engagé dans la transformation du manioc en attiéké avec des équipements simples. Elles ont sollicité l’appui d’une commerçante locale pour se former sur le processus de transformation, avec peu de succès. Le groupement formalisé en 2010 a bénéficié deux cycles de formation technique fournis par la DRASA en 2011 et 2012. Le dynamisme des femmes de Bittou, qui avaient déjà cotisé pour l’achat d’une presse, les a poussées à participer en 2013 à une session de formation sur la conservation de la pâte de manioc et sa transformation en tapioca, gari, et attiéké. Elles ont ainsi consolidé leurs connaissances en matière de transformation, avec pour résultat l’amélioration de la qualité des produits et la diversification de la production.
En 2013, le groupement a bénéficié de matériels supplémentaires grâce au ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, puis d’une formation sur ces équipements. A la même période, le PASPRU a identifié le groupement comme bénéficiaire potentiel, notamment pour son dynamisme et l’esprit d’initiative des femmes qui le composent. En 2014, le PASPRU a appuyé la mise en place d’une nouvelle unité artisanale de transformation et le renforcement des capacités des bénéficiaires.
Depuis la mise en état de marche des nouveaux équipements, la capacité de transformation moyenne a nettement augmenté, passant à 28 sacs (environ 3.360 kg) par semaine, et le chiffre d’affaires pour les seuls mois de juin et juillet 2014 est supérieur au chiffre d’affaires de l’année 2012. Le processus de transformation s’est amélioré, avec un meilleur respect des normes sanitaires; et les femmes ont pu développer leur réseau en renforçant leur partenariat avec les producteurs de l’Union et en multipliant le nombre de leurs clients au niveau national.
L’activité est un succès : au cours du temps, le groupement s’est fait connaître pour la qualité de son produit et bénéficie d’une demande très forte. L’appui du PASPRU s’est traduit par la création de cinq emplois permanents et 43 emplois saisonniers. La rémunération moyenne mensuelle des saisonniers leur permet de contribuer aux charges du foyer, à la scolarisation et la santé des enfants. Bon nombre a pu acquérir un moyen de locomotion qui facilite le déplacement vers l’unité distante du centre-ville. Les femmes témoignent des retombées positives de leur activité sur la communauté: elles ont pu à travers le groupement se rapprocher les unes des autres et elles se sont épanouies en prenant une place-clé dans la filière manioc: elles qui jadis n’étaient occupées qu’en saison pluvieuse sont engagées toute l’année dans les activités de transformation. Elles soutiennent les dépenses du ménage et ont fourni un débouché au manioc produit par leurs maris, qui expriment leur fierté face à l’initiative des femmes.
La participation des femmes de Bittou à la foire agro-sylvo-pastorale de l’Est organisée en marge de la 17e édition des Journées Nationales du Paysan (10 au 12 avril 2014 à Fada) a permis à cette Micro- entreprise rurale de s’imposer au plan national à travers la qualité des produits exposés, et de nouer des contacts avec les acteurs du maillon commercialisation de plusieurs horizons.
Plus que de la promotion des micro-entreprises rurales, l’appui aux activités de transformation du manioc à Bittou a enfin permis de faire le lien entre producteurs et consommateurs, avec des produits de qualité et la réduction des pertes post-récoltes. Les produits sont rentrés dans les habitudes alimentaires de la population locale et de l’ensemble des consommateurs en général, de par leur qualité. La capacité de transformation actuelle représente moins de 1% de la production de la commune, alors que la demande est de plus en plus forte au niveau du Ghana et du Togo, mais aussi de la ville de Ouagadougou. Le potentiel existe donc pour la multiplication d’initiatives de ce type, avec la mobilisation d’acteurs faisant preuve du même dynamisme que les femmes de Bittou, pour la création de nouvelles unités de transformation dans la commune de Bittou.


Programme d’Appui et de Promotion du Secteur Privé en milieu Rural (PASPRU)

Date d’entrée en vigueur : 08/12/2010
Durée du programme: 6 ans, mai 2010 à décembre 2016
Coût du programme: 9,006 milliards de F CFA, soit 20,017 millions $
Financement du programme: Financement de l’Etat
burkinabè: 19,32%
Prêt FIDA: 40,32%
Don FIDA : 40,32%
Contribution des bénéficiaires : 0,04%

Composantes du programme
A. Accès des MER aux services financiers
B. Amélioration de l’environnement des MER
C. Pilotage et gestion du programme

Zone d’intervention
Antenne du Mouhoun-Dédougou
• Région de la Boucle du Mouhoun
Antenne du Centre-Nord-Kaya
• Région du Centre-Nord
Antenne de l’Est-Fada
• Régions de l’Est et du Centre-Est
Antenne de l’Ouest-Bobo-Dioulasso
• Régions des Cascades et des Hauts-Bassinso

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RAF

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