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Tribune

Education et alphabétisation «A la recherche d’une éducation de meilleure qualité» – Par Annie Duflo

Dans le monde, plus d’un tiers des enfants en âge d’aller à l’école ne parviennent pas jusqu’à la classe de CE2, ou alors ils l’atteignent sans avoir acquis un niveau minimum de connaissances.1 Cela constitue un véritable problème car l’éducation est considérée comme l’un des moteurs-clés du développement et de l’égalité. L’introduction de la gratuité de l’enseignement primaire, sous l’impulsion des Objectifs du millénaire pour le développement des Nations- unies, s’est traduite par un fort accroissement des effectifs scolaires : en 10 ans, le taux de scolarisation mondial est passé de 83% à 90%.2
Mais cette augmentation sensible des taux d’inscription ne s’est pas toujours accompagnée d’une amélioration de la qualité de l’instruction. Des budgets limités, des classes surchargées, conjuguées à l’impossibilité d’embaucher plus d’enseignants, ainsi que l’afflux de nouveaux élèves peu, voire pas du tout préparés à l’école, sont autant de freins à l’apprentissage des élèves.
Depuis l’année 2000, les responsables politiques du Burkina Faso se sont préoccupés de l’amélioration de la qualité de l’enseignement avec l’élaboration de plusieurs documents stratégiques sur l’éducation. Plus précisément, le point central du Plan décennal de développement de l’éducation de base (Pddeb, 2000-2009) était de «poursuivre l’effort d’amélioration de la qualité et de l’efficacité du système éducatif de base». Cependant, cet engagement n’a pas été entièrement concrétisé. Dans les pays de la région, la situation n’est pas différente. Selon l’enquête de l’organisation Omaes3 dans les régions de Ségou et de Mopti au Mali, parmi les enfants de 9 à 11 ans, 82% de garçons et 84% des filles ne sont pas capables de lire correctement un mot simple.

Dans les écoles bénéficiaires du programme, pendant deux ans, les compétences de base des enfants se sont améliorées, surtout dans le groupe bénéficiaire du soutien scolaire par les tuteurs. (DR)
Dans les écoles bénéficiaires du programme, pendant deux ans, les compétences de base des enfants se sont améliorées, surtout dans le groupe bénéficiaire du soutien scolaire par les tuteurs. (DR)

Un remède peut paraître évident : augmenter les fournitures scolaires (manuels scolaires et cahiers, tableaux noirs, etc.). Toutefois aucune étude rigoureuse ne montre que cette solution est efficace pour améliorer l’apprentissage lorsque les enfants n’ont pas acquis les compétences élémentaires. Une autre solution consiste à introduire de nouvelles approches pédagogiques, permettant d’accompagner les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage. Ainsi, des études rigoureuses conduites en Inde et au Kenya ont notamment démontré qu’adapter le niveau de l’enseignement à celui des élèves conduit à une amélioration qualitative considérable des résultats scolaires, et ceci à un coût relativement faible. Cela peut se faire, par exemple, en enseignant les compétences de bases aux enfants qui ne les ont pas acquises, dans un groupe séparé du reste de la classe, pour leur permettre de rattraper leur retard.
Sur la base de ces résultats, Innovations for poverty action (Ipa), le gouvernement du Ghana, l’Association nationale des enseignants du Ghana et le Programme national pour l’emploi des jeunes ont conjointement lancé un projet pilote de soutien scolaire «l’Initiative des Enseignants Assistants Communautaires» (en anglais : Tcai). Dans les écoles bénéficiaires du programme, les professeurs et des tuteurs recrutés au sein de la communauté locale ont été formés pour dispenser du soutien scolaire aux élèves en difficulté de CP1 au CE2, en adoptant une pédagogie adaptée à leur niveau.
Une évaluation rigoureuse a été menée afin d’identifier l’impact de différentes versions de ce programme. 500 écoles ont été reparties de façon aléatoire en 5 groupes : dans le premier groupe, des tuteurs fournissaient une ou deux heures de soutien scolaire aux élèves en difficulté pendant l’école; dans le deuxième, ce soutien avait lieu après l’école. Dans le troisième groupe, les classes étaient divisées en deux de façon aléatoire pendant les heures d’école, pour une ou deux heures. Une moitié de la classe était assistée par un tuteur pour réviser les cours. Dans le quatrième groupe, les élèves étaient répartis par niveau de compétences au lieu d’être repartis par niveau scolaire, pendant une heure par jour, et les professeurs titulaires étaient formés à l’utilisation d’une pédagogie adaptée au niveau des élèves. Le dernier groupe a constitué le groupe témoin.
Dans les écoles bénéficiaires du programme, pendant deux ans, les compétences de base des enfants se sont améliorées, surtout dans le groupe bénéficiaire du soutien scolaire par les tuteurs. Par rapport aux enfants du groupe témoin, ces élèves ont obtenu, en moyenne, des notes plus élevées avec une amélioration particulièrement forte en lecture. Les résultats ont été les plus élevés pour les élèves de CE2. Dans les écoles bénéficiaires du soutien scolaire, les élèves de CE2 ont obtenu des notes 18% plus élevées lorsque la lecture était en langue locale, et des notes 10% plus élevées lorsque la lecture était en anglais, par rapport à celles du groupe témoin. Ces résultats persistent : en effet, les enfants de CM1 ne bénéficiant plus du programme depuis un an, continuent à obtenir des résultats plus élevés que les élèves du groupe témoin. Le programme de répartition des élèves par niveau de compétences a eu un effet positif moindre, sans doute parce que les professeurs n’ont pas mis en place le programme de manière systématique.
Ce programme n’est pas seulement très efficace, il est également bon marché et susceptible d’être mis en œuvre sur l’ensemble du territoire ghanéen. Le coût moyen estimé pour un programme décennal touchant environ 750.000 enfants par an est de 58 dollars (29.000 F CFA) par enfant.
Les stratégies testées dans le cadre de cette étude ainsi que les résultats qui en ont découlé doivent constituer une piste de réflexion dans l’effort des responsables de l’éducation d’assurer un accès universel à l’éducation tout en garantissant la qualité des acquisitions des élèves.

www.poverty-action.org/burkinafaso
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www.povertyactionlab.org

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Innovations for poverty action (Ipa) et J-pal Laboratoire d’action contre la pauvreté ont pour mission de découvrir et de divulguer des solutions efficaces pour lutter contre la pauvreté dans le monde. En partenariat avec les décideurs politiques, Ipa et J-pal conçoivent, évaluent rigoureusement et aident à améliorer les programmes de développement ainsi que la manière dont ils sont mis en œuvre.


1.) UNESCO, Education for All Global Monitoring Report 2012: Youth and skills – Putting education to work.
2.) http://www.un.org/fr/millenniumgoals/pdf/mdg_report2013_goal2.pdf
3.) Rapport annuel d’évaluation des apprentissages scolaires au Mali – régions de Ségou et Mopti (2012).

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RAF

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