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Tribune

L’agenda mondial de la croissance chinoise – Par Michael Spence –

MILAN – Pendant près de 35 ans, les dirigeants chinois ont porté leur attention sur l’économie domestique, élaborant des réformes destinées à permettre au marché de produire efficacité et précision des signaux de prix. Bien que conscients de l’impact croissant exercé par le pays sur l’économie mondiale, aucune stratégie n’était jusqu’à présent mise en œuvre pour veiller à ce que les pays voisins de la Chine bénéficient eux aussi de la transformation économique du pays.
Mais voici aujourd’hui que la Chine dispose d’une telle stratégie, ou du moins travaille rapidement à son élaboration. Cette stratégie s’étend d’ailleurs bien au-delà de l’Asie, englobant l’Europe orientale et la côte est-africaine.
L’un des éléments clés de cette stratégie réside dans la mise en place récente de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (Baii), reposant également dans une certaine mesure sur la Nouvelle banque de développement des Brics, créée l’an dernier par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ces deux banques constituent évidemment des alternatives – et donc des rivales – aux institutions à domination occidentale que représentent la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
Un autre aspect essentiel de cette nouvelle stratégie réside dans la future création de deux routes de la Soie en version moderne : une voie terrestre reliant l’Asie centrale à la Mer noire, ainsi qu’une «route maritime de la Soie» grâce à laquelle les marchandises pourront transiter de mer de Chine méridionale vers le détroit de Malacca, de l’Océan indien vers l’Afrique de l’Est, ainsi que de Mer rouge vers la Méditerranée orientale.
Les économistes décrivent parfois l’économie mondiale comme un immense bazar. Or, il n’en est rien. Il s’agit d’un réseau dont les liaisons se constituent à mesure de l’expansion des flux de marchandises, de services, de personnes, de capitaux et – plus important encore – d’informations. La Chine a pour objectif de créer ces liaisons, et dispose de nombreux atouts qui lui permettront d’agir en tant que catalyseur de la croissance et du développement à l’échelle mondiale.
L’atout le plus évident de la Chine réside dans l’immensité de son marché domestique croissant, auquel les autres économies ont la possibilité d’accéder via le commerce et l’investissement. La Chine est ainsi vouée à rejoindre les rangs des pays développés dans le cadre de l’apport d’un marché d’exportation (et d’emplois) aux États se situant à un stade précoce de développement économique. Par ailleurs, la Chine ayant bâti une capacité d’investissement bien supérieure à ce que peut aujourd’hui absorber son économie domestique, elle partira inévitablement en quête d’opportunités à l’étranger, à la fois publiques et privées. Les entreprises chinoises chercheront notamment de plus en plus à établir leurs marques à l’international.
Grâce à l’intervention de la Baii et de la Nouvelle banque de développement, la Chine a élaboré l’équivalent d’une stratégie de développement international. Bien que certains fassent preuve de scepticisme à cet égard, l’important soutien de la Baii semble indiquer que les avantages l’emporteraient sur les risques, et que les initiatives de la Chine pourraient contribuer à bâtir un réseau ouvert à tous. Après tout, les échanges commerciaux et investissements qui en découleront ne pourront s’opérer exclusivement en Chine.
Dans le même temps, en vertu de plus de 30 accords de swap conclus auprès d’autres banques centrales (dont la première a été celle de Corée du Sud en décembre 2008), la Chine entend utiliser ses réserves de change afin d’aider ses voisins et d’autres pays à se prémunir contre la volatilité des flux internationaux de capitaux. Ceci s’inscrit en parallèle des efforts fournis par les autorités afin de promouvoir l’internationalisation du renminbi, dont le rôle se renforce aujourd’hui rapidement en matière de règlement des transactions. D’importants gains d’efficience peuvent être tirés de la possibilité de régler des transactions dans les devises des partenaires commerciaux, sans l’intermédiation du dollar américain, par exemple.
Bien entendu, beaucoup d’autres éléments sont nécessaires pour véritablement internationaliser une monnaie, notamment l’intervention de marchés financiers domestiques vastes et suffisamment liquides, ainsi que l’établissement d’une confiance et d’une fiabilité. Tout ceci prend du temps. Néanmoins, la Chine a d’ores et déjà demandé au Fmi à ce que le renminbi soit inclus au panier des monnaies qui déterminent la valeur de l’unité de compte du Fonds, les fameux droits de tirage spéciaux, dans l’attente d’une décision qui devrait être prise à la fin de l’année 2015.
Le fait de rejoindre le dollar américain, la livre sterling, l’euro et le yen japonais au sein du club des Dts revêtirait une grande importance symbolique. Plus important encore, comme dans le cadre de l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce en 2001, qui a nécessité des réformes substantielles, le fait de remplir les conditions d’une adhésion aux Dts promet d’accélérer l’avancée en direction d’une pleine libéralisation du compte de capital – et par conséquent d’un renminbi pleinement convertible.o

Traduit de l’anglais par Martin Morel
Copyright: Project Syndicate, 2015.
www.project-syndicate.org


Un long processus

Les dirigeants de la Chine ne sont qu’au début d’un long chemin. Leur stratégie se heurtera très certainement à des obstacles au cours des prochaines années. La question est de savoir s’il vaut la peine d’entreprendre cette stratégie dès aujourd’hui.
La réponse est très certainement oui. La «route de la Soie» continentale réduira par exemple la dépendance de la Chine vis-à-vis des voies maritimes, qui ont tendance à subir des blocages et perturbations, notamment dans le détroit de Malacca. Plus largement, les investissements chinois allègeront les contraintes exercées sur les économies de la route de la Soie en raison notamment d’une faible croissance et d’une pénurie d’investissements dans les économies développées. Tôt ou tard, les vibrantes économies croissantes de la région sont vouées à bénéficier de l’économie et de la stature de la Chine.
Beaucoup considèrent l’investissement du secteur public comme un bon moyen (peut-être le meilleur) d’exploiter les ressources productives de l’économie mondiale, ainsi que d’accroître son efficacité et son potentiel de croissance. Cette démarche exige cependant un effort international. Les dirigeants chinois aspirent bien entendu à ce que la stature planétaire de leur pays soit reconnue dans le monde. Mais ils aspirent également à ce que la progression de la Chine vers le statut de pays à revenu élevé s’opère d’une manière qui se révèle – et qui soit perçue comme – bénéfique pour ses voisins et pour le monde entier. Le nouvel accent placé sur l’extérieur par la stratégie de croissance et de développement de la Chine semble destiné à faire de cette vision une réalité.

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RAF

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