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Tambao: Pan African brise le silence

 

Beaucoup de commentaires et de supputations en ce moment concernant la mine de Tambao. Son actualité est largement interprétée. Il y a ceux qui en parlent justement, mais certains commentaires semblent ignorer la réalité sur ce projet minier et les responsabilités sont mal situées.

En dépit de la vague d’opinions au sujet de Tambao, la société Pan African Tambao (PAT), détentrice du permis d’exploitation de la mine, maintient un état de sérénité. Ses dirigeants se disent confiants que les choses finiront par être claires pour tout le monde et surtout que le Burkina tout entier s’apercevra de l’importance de leur engagement à travers les activités de développement sur le terrain. Tambao est l’une des plus grandes mines de manganèse au monde.
Au Burkina, son exploitation vise à apporter une véritable bouffée d’oxygène sur le plan économique, mais aussi social, à travers les emplois et le désenclavement. Le projet de mise en valeur du manganèse de Tambao, initié depuis 1959, a d’abord été un véritable serpent de mer, une sorte de rêve inaccessible, avant que les premiers blocs de minerai issus de l’exploitation ne puissent être visibles seulement entre décembre 2014 et janvier 2015.
Le manganèse est un produit destiné à l’exportation et ce sont déjà 57 chargements de camions qui ont été transportés au port d’Abidjan depuis le démarrage de l’exploitation. Mais depuis le 15 janvier 2015, le gouvernement de la transition a «temporairement suspendu l’autorisation spéciale d’exportation» délivrée le 29 octobre 2014. Motif invoqué : «Faire de la transparence dans les affaires de l’Etat et mieux comprendre le projet de Tambao et ses implications». Dans la foulée, le ministre des Mines a décidé de la suspension de l’ensemble des opérations concernant le projet.

Souleymane Mihin, Dg de Pan African Minerals Burkina, assure sans réserve que la société, sur la base de l’expérience mondiale du groupe, va relever tous les défis conformément au Ppp. (DR)
Souleymane Mihin, Dg de Pan African Minerals Burkina, assure sans réserve que la société, sur la base de l’expérience mondiale du groupe, va relever tous les défis conformément au Ppp. (DR)

Que se passe-t-il véritablement avec Tambao ?
Depuis le début de l’année 2015, la mine de Tambo ne cesse d’alimenter l’actualité. Avec la chute de l’ancien régime, certaines opinions relatives à l’histoire du projet ont été relancées et amplifiées. Depuis lors, plusieurs actes, impactant la vie de cette entreprise minière, se sont succédé. L’enlèvement sur le site minier d’un expatrié blanc par des preneurs d’otages est un évènement totalement à part, qu’il faut dissocier des autres au sujet de Tambao.
Dans les autres, il faut voir «la plainte et le processus de dédommagement de General Nice Ressources (Gnr)», «la suspension en janvier 2015 de l’autorisation spéciale d’exportation», «le projet d’Accord additionnel à l’Accord cadre de Partenariat public/privé (Ppp) en cours», «l’exigence des infrastructures et les manifestations en février 2015 des populations des 27 villages de Markoye».
A ces situations, certains commentaires ajoutent également «la récente interpellation de l’ancien ministre des Mines, Salif Kaboré». S’il faut convenir que tous ces évènements ont pour dénominateur commun Tambao, il faudra néanmoins distinguer ceux qui sont liés à l’histoire de la mise en valeur du projet et ceux qui peuvent être rattachés à la gestion du Ppp actuel entre l’Etat et la société Pan African Burkina (PAB). Les deux situations sont différentes et n’ont pas d’implications entre elles.
C’est ainsi que PAB ne se sent pas concernée par la plainte déposée par Gnr, ni par le processus de dédommagement de cette société. Pareil, dans le cas de l’interpellation de Salif Kaboré. PAB estime qu’elle n’a rien à se reprocher sur la base de son accord de Ppp avec l’Etat. Dans les autres cas, ce qui est arrivé relève essentiellement de l’incompréhension, de la sous information et de la mauvaise interprétation du contrat avec l’Etat.

Quelle est la nature du contrat entre Pan African Burkina et l’Etat ?
Après l’échec des deux premières tentatives de partenariat (2007 et 2010), c’est finalement avec la société Pan African Burkina que l’Etat s’est engagé pour la réalisation du projet global de Tambao. C’était à la suite d’un appel d’offres restreint, qui a connu la participation de 13 concurrents en janvier 2012. Chacun ayant tenté de convaincre le gouvernement burkinabè avec son offre. Un «Accord cadre de Partenariat public/privé (Ppp)» a été signé entre l’Etat et PAB en août 2012. Cet accord concerne non seulement «la mise en valeur du gisement de manganèse», mais aussi «la réalisation de projets intégrés».
Ce dernier volet comprend des infrastructures socio-économiques dans la région du Sahel (routes, chemin de fer, barrage). L’exploitation du manganèse de Tambao est prévue pour durer 30 ans.
Le plan de mise en œuvre du projet minier commence avec le permis de recherche octroyé à PAB le 21 août 2012. Les précédentes recherches effectuées par l’Etat ont estimé le gisement de manganèse à environ 19 millions de tonnes. Mais fort de son expérience mondiale dans l’exploitation du manganèse, Frank Timis et sa société vont flairer qu’il y a bien plus que cette quantité sous la colline de Tambao.
Ce qui s’est avéré d’ailleurs. Les nouvelles recherches de PAB vont mettre en évidence des réserves de 107 millions de tonnes de manganèse. C’est d’ailleurs ce bon pressentiment qui avait, entre autres, permis à PAB d’inclure dans son offre «le paiement d’un bonus de 10 millions de dollars US dès l’octroi du permis de recherche». Ce bonus a effectivement été versé à l’Etat burkinabè en octobre 2012 dans un compte intitulé «Programmes spéciaux d’investissements».
Après des recherches concluantes, la demande du permis d’exploitation a été faite conformément à l’Accord de Ppp. Comme le veut la règlementation fiscale, une nouvelle société, Pan African Tambao (PAT), a été créée pour la phase d’exploitation. L’Etat a accordé le permis d’exploitation à PAT, par décret signé du président du Faso le 13 mai 2014. Puis, dès le lendemain 14 mai, il y a eu la cérémonie de remise officielle du permis à Frank Timis par le ministre Kaboré.
Il restait à avoir le permis d’exportation du minerai. Suite à une demande d’autorisation spéciale d’exportation formulée par PAT le 8 octobre 2014, le ministre des Mines a répondu favorablement le 29 octobre 2014. «On avait vraiment besoin de commencer l’exportation de notre manganèse. L’enjeu était stratégique. Il fallait marquer notre présence sur le marché international avant une certaine concurrence. Pour cela, nous avons sollicité auprès du Gouvernement une autorisation spéciale d’exportation. Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers à faire ce genre de demande. D’autres sociétés minières ont pu recourir à cette démarche avant nous», explique Souleymane Mihin, Dg de Pan African Minerals Burkina.
Depuis le 15 janvier, le gouvernement de la transition a suspendu cette autorisation spéciale d’exportation. Même si les responsables de la mine regrettent cette suspension, ils estiment que l’objectif de marquer la présence du manganèse de Tambao sur le marché international est au moins atteint.
Karim GADIAGA


 

Le hasard a fait coïncider beaucoup d’évènements

En réalité, tous les évènements récents relatifs à la mine de Tambao n’avaient aucun lien, mais finalement ils semblent coïncider par le hasard des choses. La relecture de l’Accord cadre de Ppp était déjà programmée de commun accord en début d’année, en raison d’un certain nombre de nouvelles réalités qu’il fallait désormais considérer. Il y a aussi le régime fiscal applicable à PAT qu’il faut adopter. La modification du Ppp est une disposition prévue par l’article 26 de l’Accord.
Rien d’extraordinaire donc. Au moment où cette relecture du Ppp était attendue, il y a eu la suspension, en mi-janvier, de l’autorisation spéciale d’exportation. Le gouvernement de la transition souhaitait mieux comprendre le cas de Tambao. En effet, il y avait la suite de la plainte de Gnr qui restait pendante. En rappel, Gnr, ancien partenaire de l’Etat sur Tambao, demande un dédommagement. Après la suspension de l’autorisation d’exportation le 15 janvier, les populations des 27 villages de Markoye ont commencé à se faire entendre en février.
Leur première alerte a eu lieu le 6 février et la marche sur le camp de PAT le 17 février. Récemment, il y a eu l’interpellation de Salif Kaboré que d’aucuns lient à Tambao. A priori, tous ces évènements n’avaient rien à voir mais finalement, il y a comme une suite logique dans l’interprétation des gens. Selon les dirigeants de Pan African Minerals, il n’en est rien. Frank Timis, Pdg du groupe, était présent à Ouagadougou uniquement dans le cadre des négociations pour la relecture du Ppp. Il n’existe aucun autre lien avec sa présence. Les négociations sont d’ailleurs en cours avec l’Etat.

 

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