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Dossier

Remous sociaux: le Patronat tire la sonnette d’alarme

MEMO--1Depuis 2008, les entreprises du Burkina sont confrontées à des conflits sociaux. Le renchérissement des prix des denrées de grande consommation consécutif à la crise financière a conduit les entreprises à procéder à des augmentations de salaires en dépit des difficultés financières qu’elles connaissaient pour répondre aux revendications des travailleurs dans le cadre de la lutte contre la vie chère.

En 2011, les mouvements de révolte des militaires contre leur hiérarchie ont entraîné des débordements qui ont abouti à des pillages et des destructions des biens des entreprises. Pour aider les entreprises concernées à se relever, le Gouvernement a débloqué près de 7 milliards pour les dédommager.
Plus récemment encore, avec l’insurrection populaire les 30 et 31 octobre 2014 ayant mis fin au régime du Président Blaise Compaoré, c’est le secteur privé qui a payé le plus lourd tribut. En effet plus d’une centaine d’entreprises (voir liste en annexe) ont fait l’objet de pillage et de destruction de leur outil de production. Ce sont des milliers d’emplois qui sont perdus avec une perte économique considérable estimée dans l’immédiat à plus de 34 milliards de FCFA et à près de 65 milliards si à moyen terme rien n’est fait pour relancer les activités desdites unités.
Dans ce contexte difficile, les entreprises tentent tant bien que mal de maintenir les emplois et de faire face aux difficultés financières. Cependant, elles ne sont pas au bout de leur peine car, nombre d’entre elles dans divers secteurs d’activités (mines, industrie, services, commerce) connaissent des débrayages sauvages avec des revendications maximalistes des travailleurs en violation de tout cadre règlementaire et donnant peu de place au dialogue.
Face à cette insécurité, le Conseil national du patronat burkinabé (Cnpb) qui est l’organisation faîtière des employeurs a été saisie en décembre par la Société des Mines de Belahourou (Smb) et plus récemment en janvier 2015 par le Groupement Professionnel des Industriels (Gpi) dont une dizaine de membres connaissent des perturbations de leurs activités dues aux grèves déclenchées à Bobo et Ouagadougou par leurs travailleurs.
Fidèle à sa tradition de dialogue, le Cnpb tout en privilégiant la voie de la concertation voudrait solliciter l’accompagnement des autorités en charge du travail pour amener les parties prenantes à se retrouver autour d’une table afin de trouver une sortie de crise et la reprise du travail dans les entreprises.

Contexte
Dans le sillage de la crise sociopolitique qu’a récemment connu le Burkina Faso et qui a atteint son paroxysme avec l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, il est important de rappeler que le secteur privé burkinabè était déjà confronté à un contexte national et international difficile, marqué par la baisse des prix de l’or et du coton, la baisse de la production céréalière, le fléchissement des importations, la contraction des investissements, le repli général de l’activité économique et les effets psychologiques persistants de la maladie à virus Ebola. Cette situation a contraint la plupart des entreprises à revoir leurs prévisions à la baisse. Ainsi, selon le rapport d’analyse de la Cci-BF de l’impact de la crise sur les entreprises, les dégâts subis sont estimés dans l’immédiat à 34.240.282.802 FCFA et à plus de 65 milliards à moyen et long terme si aucune alternative n’est trouvée pour relancer le secteur privé.
A Ouagadougou comme à Bobo-Dioulasso et Banfora, les zones industrielles ont été particulièrement touchées par les actions de pillage et de destruction de leurs outils de production.
Prenant toute la mesure de la situation, le Patronat n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme pour traduire la nécessité de veiller à l’indemnisation des entreprises sinistrées, d’assurer la sécurité des investissements et de prendre des mesures susceptibles de rassurer les investisseurs.
Ce fut le cas lors de ses rencontres avec le Président du Faso par intérim, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida le 4 novembre 2014, le ministre de la Fonction publique du travail et de la sécurité sociale (Mfptss), le Professeur Augustin Loada, lors de sa visite de courtoisie au Cnpb, le 5 décembre 2014, la délégation du Bureau international du travail (Bit) reçue au patronat le 15 décembre 2014, la visite d’une délégation de la Banque africaine de développement (Bad) le 19 janvier 2015 au patronat, et plus récemment à l’occasion de l’assemblée générale du Groupement professionnel des industriels (Gpi) le 22 janvier 2015.
Cependant, depuis là, la réponse du gouvernement de transition se fait toujours attendre, suscitant davantage l’inquiétude du secteur privé et le patronat estime venu le moment de changer de paradigme pour garantir la survie des entreprises restantes et sauvegarder la paix sociale.
Dans le cas contraire, le patronat sera tenté de croire, et à juste titre, que le processus de transition est pris en otage si l’Etat ne peut plus garantir la sécurité des biens et des personnes et laisse l’impunité se développer.

Etat des lieux de la crise sociale dans entreprises touchées
A la suite des durs événements des journées des 30 et 31 Octobre 2014, il convient de relever que le climat social dans les entreprises industrielles n’a cessé de se dégrader fortement.
En effet, comme on peut le constater à l’aune de l’actualité nationale, la situation a évolué vers d’autres formes d’actions se traduisant par des débrayages sauvages soutenus par des revendications et des contestations de tous ordres et généralement injustifiées dans leurs fondements, des actes de menace et des blocages d’unités industrielles par des travailleurs.
Nul n’est besoin de préciser que ces revendications qui se développent en dehors de tout cadre légal, entravent considérablement le fonctionnement normal des entreprises concernées avec en toile fond :
– le non-respect du préavis de grève,
– le refus de dialoguer,
– l’occupation illégale des lieux de travail,
– l’impossibilité pour les dirigeants d’accéder à leur bureau et les travailleurs non-grévistes d’occuper leur poste,
– la violence verbale, les menaces contre les dirigeants et les travailleurs non-grévistes
– L’immixtion dans le management de l’entreprise (exiger le départ ou la démission du Dg) et l’organisation du travail (exiger des heures supplémentaires) ;
– la prise en otage de l’outil de production tout azimut.
C’est le cas aujourd’hui dans les sociétés comme Fasoplast, Sitaci, Brakina, Filsah, Sap, Semafo et plus récemment à la Société des mines de Belahourou (qui avait été contrainte de suspendre ses activités et de licencier près de 300 travailleurs), la destruction totale de la mine de True Gold dans le Yatenga etc., avec les risques d’extension que peut connaître le mouvement à l’avenir.
D’autant plus que c’est avec assurance pourtant que les employeurs avaient accueilli les propos des autorités de la transition lors des concertations avec les forces vives de la nation quand le ministre en charge de la l’Administration territoriale et de la sécurité a dit en substance que : «Nous avons pris les mesures adéquates pour assurer la sécurité des personnes et des biens».
Le constat est qu’aujourd’hui, ce qui se passe dans les unités industrielles et sur les sites miniers est très inquiétant, ce n’est plus l’exercice du droit à la liberté syndicale mais une volonté manifeste d’asphyxier purement et simplement le tissu économique national.
Si rien n’est fait, nous serons réduits à voir les entreprises restantes disparaître les unes après les autres. Ce qui serait vraiment dommage quand on sait le poids que représente le secteur secondaire (y compris l’industrie extractive) notamment en matière de création de richesses (+ de 60% du Pib), et d’emplois (+de 15.000 emplois directs).
La situation est d’autant plus grave qu’elle est en passe de se gangréner et la véritable question à poser n’est plus «à quelle autre entreprise le tour», mais «que se passera-t-il quand on aura mis à terre toutes les entreprises qui depuis les années 90 ont contribué à atténuer les effets de la difficile question du chômage des jeunes?».
Le Cnpb est convaincu que revendiquer est légitime mais le faire au détriment du contexte difficile que connaissent les entreprises et au mépris du cadre règlementaire n’est pas une solution pour l’amélioration des conditions de vie et de travail.
Il est vrai que la situation que connaît le Burkina Faso depuis les journées insurrectionnelles est le résultat d’une crise sociale profonde qui appelle des mesures sociales structurées mais faire du social au détriment de l’économie est aussi vain que de «piler de l’eau».
En outre, comment comprendre qu’au moment où, malgré ses blessures, le secteur privé s’évertue à accompagner le Gouvernement vers une transition apaisée et où les centrales syndicales plaident pour la mise en place de mesures alternatives pour les travailleurs qui ont perdu leurs emplois (plus d’un millier) suite au pillage des entreprises, on assiste encore à des mouvements incontrôlés d’autres travailleurs de leurs bases, entravant ainsi le fonctionnement normal de leurs entreprises ?
C’est pourquoi, il est plus qu’urgent pour le Gouvernement de sortir de l’expectative, d’agir et de réaffirmer les principes fondamentaux qui régissent l’Etat de droit. Le secteur privé voudrait pouvoir soutenir avec le chef de l’Etat, Michel Kafando que «plus rien ne doit être comme avant», mais compte tenu des réalités que connaît le secteur privé, il sera tenté de se demander si vraiment il existe encore au Burkina une place pour le droit au travail et la protection de l’initiative privée?
Aujourd’hui plus que jamais, force doit revenir à la loi, car les investisseurs de notre pays, en plus d’être laissés pour compte, ne peuvent plus supporter d’être les boucs émissaires de la situation post insurrectionnelle. «Une nouvelle entreprise touchée sera un martyr de trop pour le secteur privé». Par conséquent, le Cnpb appelle la pleine implication du Gouvernement pour le retour de la paix sociale dans les entreprises concernées et la préservation de celles non encore touchées.
En cette période particulière où la communauté internationale suit de près le processus de la transition, l’image d’un secteur privé burkinabé livré à la vindicte sociale n’est sans doute pas le meilleur signal à donner du Burkina Faso, connu jusque-là à travers le monde pour sa stabilité et sa place au classement doing business.
Conclusion
A la lumière de ce qui précède, le Cnpb sollicite l’appui du Gouvernement pour la conduite d’un processus à 3 étapes en vue de trouver des alternatives efficaces à la présente situation de crise sociale généralisée.
Dans l’immédiat et sans délai, demander aux travailleurs des unités industrielles concernées et plus particulièrement à ceux de la Brakina de reprendre le travail.
Mettre en place un cadre de négociation qui réunira les parties en conflit assistés des partenaires sociaux (patronat, centrales syndicales), sous l’égide de l’administration en charge du travail et du Bureau international du travail (Bit), pour trouver un consensus de sortie de crise;
Organiser un rencontre patronat/centrales syndicales sous l’égide de l’administration du travail et du Bit pour l’adoption d’une trêve sociale compte tenu des difficultés que connaissent les entreprises (cas de la Côte d’Ivoire pendant la crise). A la faveur de cette trêve, les partenaires sociaux pourront élaborer une charte sociale afin d’améliorer l’éthique des acteurs du monde du travail.
Le Cnpb tout en réaffirmant son adhésion aux vertus du dialogue pour la résolution des crises sociales, espère avec force que la même sagesse qui a présidé à la mise en place des institutions de la transition va se pérenniser afin de redonner confiance aux investisseurs et aux acteurs du secteur privé. La paix sociale sera sans doute à ce prix.

 


 

Difficiles négociations

Le Cnpb relève cependant avec regret, les difficultés de l’administration du travail à ramener les parties en conflit autour de la table de négociation compte tenu:
– de l’intransigeance des travailleurs ;
– du traitement impartial qui est fait de ces conflits notamment avec une certaine pression exercée sur les chefs d’entreprises pour les amener à donner satisfaction à des revendications dénuées de toute base légale (cas des sociétés Brakina, Filsah, Sap etc….), concernant :
– la réintégration de travailleurs licenciés pour faute grave ou lourde,
– le paiement de salaires au titre des jours non travaillés,
– l’exécution de décisions de justice revêtues de l’autorité de la chose jugée qui ont déboutées les travailleurs de leurs prétentions,
– la réclamation de règlement de sommes d’argent pour des procès en cours qui n’ont pas encore été tranchés par la justice etc…).
Le patronat burkinabè estime que de telles actions sont de nature à fausser l’esprit qui gouverne les textes régissant le monde du travail et à créer de dangereux précédents, difficilement applicables au sein du secteur privé.

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RAF

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