Société-Culture

Ebola à nos frontières : Le Burkina doit revoir son plan de riposte

Depuis sa résurgence en début d’année, l’épidémie à fièvre hémorragique Ebola a entraîné un cortège de malheurs. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), sur 14.098 personnes contaminées, 5.160 ont trouvé la mort. Face à ce fléau, les pays de la sous-région dont le Burkina doivent prendre des mesures vigoureuses pour protéger les populations. C’est du moins le contenu du rapport «Le Burkina Faso post-révolution contre Ebola, urgence Ebola, urgence de la transition», publié le 13 novembre dernier par l’institut Free Afrik. Ebola menace le Burkina Faso. Avec les deux cas signalés au Mali, les menaces de l’épidémie sur le Burkina se font de plus en plus pressantes. Réapparue en Guinée au début de l’année, cette maladie a occasionné, selon l’Oms, la mort de 5.160 personnes sur 14.098 contaminées. Et ce n’est pas tout ! Selon les prévisions de l’institution, 1,4 million de personnes pourraient contracter la maladie d’ici janvier 2015 si rien n’est fait pour la stopper. Avec les 2 cas signalés à Bamako, dont un décès, le Mali est désormais avec la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia, les pays actuellement touchés par l’épidémie. «Tout près n’est pas loin», comme le disent les Ivoiriens. La maladie est aux portes du Burkina Faso et cela inquiète Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo et son équipe de chercheurs qui ont consacré le présent rapport au plan de riposte du Burkina.

Les forces d’un plan
Elaboré au lendemain de l’apparition de la maladie, le plan du Burkina présente des points forts. Il s’agit, selon les chercheurs, du bon état du système de santé, comparativement à ceux des pays ouest-africains touchés par la maladie, l’engagement politique, le cadre réglementaire et de coordination, le niveau de la surveillance, les capacités opérationnelles des équipes sanitaires et la communication mise en œuvre. «Bien qu’il ait été affecté par les programmes d’ajustement structurel et la libéralisation sauvage, comparativement aux pays ouest-africains touchés, le système de santé du Burkina est beaucoup plus robuste et montre des capacités à faire face plus ou moins efficacement à des épidémies», note le rapport.
Crise politique actuelle, un terreau propice à l’épidémie
Cependant, la crise politique que traverse actuellement le Burkina, conjuguée à d’autres facteurs, n’est pas de nature à rassurer. En effet, selon les spécialistes, la crise a ébranlé tout le système de riposte mis en place. D’où la nécessité, selon Dr Ouédraogo, de sortir rapidement de cette situation de «non-transition». «Aucun bailleur n’est prêt à injecter son argent au Burkina. Puisqu’il ne sait pas ce que deviendra son financement. En plus de cela, on ne peut pas confier la gestion d’une épidémie comme Ebola à un ministre ou un président intérimaire. Car celui-ci est appelé à partir très bientôt», a ajouté le conférencier. En élaborant ce rapport, les chercheurs veulent attirer l’attention de ceux qui «font piétiner» la situation de transition sur l’urgence d’«aller à une transition constitutionnelle» afin de rassurer les uns et les autres, car prévient Dr Ra-Sablga Ouédraogo : «Nous tiendrons pour responsables ceux qui font piétiner actuellement les choses de toute situation qui surviendrait». Au regard de la situation, les auteurs du rapport préconisent, entre autres, le renforcement de la surveillance et la sécurité, l’opérationnalisation des sites d’isolement et de traitement de Ouagadougou et de Bobo, la mise en place d’une capacité locale de diagnostic, etc. En rappel, l’institut Free Afrik est un organisme indépendant à but non lucratif dédié à la recherche sur les économies ouest-africaines.
Armel OUEDRAOGO


Le scénario alarmant de l’Oms

Le virus Ebola a été découvert en 1976. Cependant, la maladie n’a jamais connu une si grande virulence et fait autant de victimes. Le taux de létalité est à ce jour de 70% dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés (Sierra Leone, Liberia, Guinée). Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), à la date du 9 novembre, 14.098 cas ont été enregistrés en Afrique de l’Ouest dont plus de 5.000 décédés. Les projections prévoient un triplement des cas mondiaux toutes les six semaines environ, avec 1.500 cas de plus par jour en début décembre si l’épidémie n’est pas maîtrisée d’ici là. Les épidémiologistes de l’Oms et du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (Cdc) prévoient dans un scénario alarmiste près de 1,4 million de personnes qui pourraient être infectées par le virus d’ici 2015 en Afrique de l’Ouest si rien n’est fait pour contrer l’épidémie.
GB

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