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Aide extérieure : Cacophonie de chiffres

En 2015, les dépenses de personnel se chiffrent à 469,214 milliards de FCFA. Elles sont largement couvertes par les recettes fiscales. (Source: Mef)
En 2015, les dépenses de personnel se chiffrent à 469,214 milliards de FCFA. Elles sont largement couvertes par les recettes fiscales. (Source: Mef)

Le Burkina Faso souffre d’un manque d’informations économiques. Ainsi s’exprimait le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, coordonnateur de l’Institut Free Afik, le 5 novembre 2014 au cours d’une conférence de presse sur les dégâts et les urgences économiques suite à la crise actuelle au Burkina Faso.

Dr Ouédraogo fait référence aux différents chiffres que plusieurs acteurs de la vie nationale avancent pour étayer la dépendance du Burkina Faso vis-à-vis de l’aide extérieure. En effet, après la démission de Blaise Compaoré et l’accession du Lieutenant-Colonel Yacouba Zida au pouvoir, de nombreuses institutions et pays partenaires menacent de rompre leurs relations avec le Burkina Faso si le pouvoir ne revenait pas aux civils. Ces menaces sont prises au sérieux par plusieurs personnes, par ignorance ou par simple peur. Elles pensent que la rupture de l’aide extérieure, si elle était effective, serait dangereuse pour le pays qui dépendrait à peu près à 80% de l’aide étrangère, sans citer de sources. Ces chiffres sont à nuancer.
En 2013, dans la loi de finances initiale, sur des recettes globales de 1.493,9 milliards de FCFA, le Burkina Faso n’avait eu besoin que de 161 milliards de FCFA de l’extérieur. C’est dire que le Burkina n’a eu besoin que de 10,7% de son budget total.
Les Impôts, la Douane et le Trésor public à eux seuls ont mobilisé environ 66% des recettes totales, alors que leur mobilisation n’était que de 60% en 2012. Cette contribution très remarquable des recettes propres traduit la capacité du Burkina à s’autofinancer. Cette situation s’explique par l’augmentation du taux de pression fiscale en 2014 à 17,6%, contre une norme communautaire Uemoa de 17%. En rappel, en 2012, ce taux était de 15,7%. Le budget 2014 en cours d’exécution a été voté le 21 novembre 2014. L’ensemble des recettes de l’Etat était évalué à 1.644 milliards de F CFA, contre plus de 1.833 milliards de FCFA de dépenses. Cette année également, le gap est de 169 milliards de F CFA, soit 10,17% des recettes totales, et a été compensé par les appuis budgétaires extérieurs. Les services des Impôts avaient l’obligation de mobiliser 605 milliards de F CFA et la Douane 532 milliards de F CFA. Si l’on compare ces chiffres aux dépenses de personnel de l’année 2014 (401 milliards de F CFA), on peut dire que les ressources internes suffisent à payer les salaires de l’année 2014 si les impôts sont bien collectés. Observe-t-on la même tendance dans l’avant-projet du budget 2015 ? Dans l’avant-projet de loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, gestion 2015, les prévisions de recettes s’établissent à 1.709,5 milliards de F CFA et les dépenses à 1.926 milliards de F CFA. Le besoin prévisionnel de financement n’est que de 12,63% (216,7 milliards de F CFA). Les dépenses de personnel, elles, se chiffrent à 469,214 milliards de F CFA en 2015. Dans sa conférence de presse, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo appelle à combler le manque d’informations économiques en lien avec le budget national en nourrissant des réflexions dans ce sens.


Des performances malgré tout

L’économie du Burkina Faso a atteint des performances en dépit d’une conjoncture extérieure difficile due, entre autres, à la chute du cours de l’or sur le marché international depuis le début de l’année 2013 qui a impacté les activités des industries extractives, le premier produit d’exportation du pays étant l’or. La mauvaise pluviométrie et les nombreuses manifestations (sociales et syndicales) ces deux dernières années ont mis à rude épreuve l’économie nationale. Malgré tout, le pays a pu s’en sortir. Une tendance haussière est observée au niveau de la croissance (7,5% en moyenne) sur la période 2010-2012, contre 4,3% en moyenne entre 2007-2009.La contribution du secteur privé en plein essor et le net recul de dette publique sont autant de facteurs favorables à la croissance économique du Burkina Faso.

 

J B

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