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Réforme éducative: Le continuum au cœur de la rentrée

La rentrée scolaire 2014-2015 s’annonce sous fond  d’une réforme éducative : la mise en œuvre du continuum, un processus si cher à Koumba  Boly Barry, ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation (Mena).Cette deuxième année de la mise en œuvre de ce mécanisme connaît un défi particulier, celui de trouver une place en classe de sixième pour chacun des 261. 316 élèves  (82%) admis à la session 2014 du certificat d’études primaires, soit 20% de plus que la session dernière. Une équation difficile à résoudre avec  les limites de la capacité d’accueil  des établissements publics. L’issue de secours pour la  ministre Koumba Boly Barry restait,  sans ambages, le recours au secteur privé pour abriter « ses enfants ».
Le Mena a certes été prévenu du manque de salles de classe pour accueillir l’arrivée de ces élèves, pourtant les réalités du moment montrent bien que les services techniques sont fortement perturbés  dans leurs prévisions. «La réforme a produit des résultats plus vite que nos projections», avoue Koumba Boly Barry
En effet, les établissements publics ne disposent que d’une capacité d’accueil  de 75,26% des élèves en classe de sixième. Plus de 20.000 élèves devront donc être affectés dans les établissements privés conventionnés et non conventionnés. L’enveloppe financière pour  cette option s’élève à  près 1 milliard de FCFA  pour le  Mena, soit un moyen de 50.000 FCFA comme frais de prise en charge par enfant. Le reliquat devant être payé par les parents d’élèves. Mais, la grande inconnue reste les critères d’affectation des élèves dans le public ou dans le privé. Les syndicats ont quelques réticences à ce niveau.
Le  Syndicat national des travailleurs de l’éducation de base (Synateb) dénonce une privatisation de l’école et une fuite de responsabilité de l’Etat. «L’éducation est un secteur hautement social et il faut limiter les mesures structurelles en direction du privé. Le privé doit se développer, mais ce n’est pas le rôle de l’Etat de confier l’éducation de ses enfants au privé», s’indigne son secrétaire général adjoint, François de Salle Yaméogo.
Pour caser le grand flux destiné aux établissements publics, 1.038 collèges d’enseignement général sont en cours de réalisation et devront être opérationnels dans le premier trimestre de l’année 2014-2015, contre seulement 35 établissements réalisés l’année dernière. Ce processus entrevoit  996 Ceg dans les milieux ruraux. La volonté du Gouvernement  est visiblement de maintenir les élèves auprès de leurs familles. Pour ce faire, le défi majeur du Mena sera   donc celui de la disponibilité des infrastructures à temps. Si l’enveloppe financière est disponible, la grande question est: où trouver des entreprises compétentes capables d’offrir des infrastructures de qualité et dans les meilleurs délais?  L’expérience a montré  que dans ce secteur, les retards sont devenus la seconde nature des entreprises.
La recherche des solutions a abouti à une proposition de la révision, à titre exceptionnel, des procédures de passation des marchés en vue de prendre en compte les tâcherons  locaux dans l’attribution des contrats.  Comme on peut le constater, pour cette année, l’urgence n’est pas dans les grandes villes. Ainsi, on note la  réalisation de seulement 30 Ceg à Ouagadougou.C’est dire que les élèves des  centres urbains comme Bobo-Dioulasso et Ouagadougou seront les plus concernés par les affectations dans le privé,  a indiqué Yombo Paul Diabouga, directeur général des études et des statistiques sectorielles du Mena. L’imminence de cette opération nécessite du Mena un rallonge budgétaire pour prendre en compte les exigences de l’heure.
Une situation exceptionnelle qui commande des mesures appropriées. Et la ministre a certainement dû sortir le grand jeu pour rallier le Gouvernement à sa cause. Ainsi  et à titre exceptionnel, 1.000 instituteurs ayant au minimum le Deug 2  seront reconvertis en professeurs de collèges et lycées.
A cela, il faut ajouter le recrutement, dans les prochains jours, de 1.500 autres et 7.600 instituteurs sur Mesures nouvelles. Malgré le vaste chantier du continuum, Koumba ne perd pas de vue  la situation de la fille. Dans la foulée, une stratégie nationale d’accélération de l’éducation des filles a été élaborée pour la période 2012-2021.
Au Mena, tous sont convaincus du bien-fondé de l’opération, mais il faudra d’abord convaincre les acteurs locaux. C’est-à-dire l’implication des collectivités locales afin de trouver les solutions pour multiplier les Ceg en milieu rural.  L’autre enjeu du continuum pour cette rentrée 2014-2015 est l’amélioration des transitions entre le primaire et le post- primaire. Selon Yombo Paul Diabouga, on note déjà un taux de 71% d’amélioration contre seulement 40% il y a un an.


Rencontre avec des élus locaux: Koumba cherche des solutions de proximité

Pour cette rentrée, les responsables du Mena font la course contre la montre. Le fort taux d’admission des élèves en classe de 6e, engendré par le continuum éducatif, oblige la ministre Koumba à rechercher les solutions pour optimiser son système. Convaincue que la réussite de ce processus dépend en partie des élus locaux, la première responsable du Mena  a rencontré,  mardi 30 septembre 2014, à Ouagadougou, les  maires des communes du Kadiogo et du Houet. A ces  derniers, la ministre a soumis son plan,  dans la perspective de trouver les solutions à « ses problèmes », notamment l’absorption de ces 82% d’élèves admis au Cep. Cette mesure implique la construction de nouvelles salles de classe (850 classes en 6e). Et pour le Mena, la solution passe par l’implication des communautés à la base, à travers la création de cadres de concertation entre acteurs au niveau local pour gérer les   problèmes posés. Le département chargé de la mise en œuvre du continuum éducatif  veut ainsi promouvoir l’analyse des questions éducatives entre acteurs déconcentrés et décentralisés. Et c’est en cela que le rôle des communes s’avère indispensable. Les maires devront servir de relais pour la mise en œuvre du processus.
Koumba Bolly s’est rassurée de la disponibilité  des élus locaux qui ont,  pour leur part, promis d’accompagner le processus pour une éducation de qualité. D’ores et déjà, les maires disent avoir identifié des sites pour la construction des salles de classe. Ainsi, la ministre chargée de l’Education pourra compter sur ces partenaires pour résorber rapidement les déficits

Les moyens mis à la disposition du Mena pour la rentrée scolaire

– 19 milliards de FCFA pour la cantine scolaire ;
– 8 milliards de FCFA pour les fournitures et manuels scolaires ;
– 65. 000 tables-bancs, bureaux et armoires ;
– 1 milliard de FCFA alloué à la réhabilitation/réfection des écoles,
-3 milliards de FCFA pour les frais de vacation.

CD

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